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L’OGC NICE : LES AIGLONS EN ROUGE ET NOIR

Le vol de l’aiglon sur les cimes du Stade du Ray. Trouvé sur le site des supporters.

Un autre club mythique du football français, l’OGC Nice et ses bouillants supporters, passés du Stade du Ray à l’Allianz Riviera. Après un début de championnat poussif, les Aiglons n’ont pas perdu depuis lurette, accumulant les victoires à l’extérieur. Une équipe entraînée par l’ancien joueur Didier Digard, après le limogeage de Lucien Favre, lui-même successeur de Christophe Galtier, appelé à de plus hautes fonctions. Et puis, Nice est la seule équipe française encore qualifiée en Coupes d’Europe, la modeste Coupe des Conférences, une sorte de consolante pour recalés de toutes les autres compétitions. Quand même… Nice is nice !

Les maillots sont les mêmes que ceux du Milan A.C, rouge et noir rayés verticalement avec short noir ou blanc, c’est selon. On ne va pas remonter au déluge, mais il faut savoir que l’OGC Nice, dans les années 1950, était considéré comme le dauphin du Stade de Reims, abonné aux places d’honneur et, quand ce n’étaient pas les Rémois qui décrochaient la timbale, c’était souvent Nice.

Qu’on veuille bien juger sur titres : doublé coupe et championnat en 1952, champions en 1951, 1956 et 1959 et vainqueur de la coupe de France en 1954 . Ils récidiveront, plus près de nous, contre Guingamp en 1997 et perdront plusieurs finales dans des temps plus rapprochés, contre le Nancy de Platini en 1978 ou le F.C Nantes il y a juste un an.

Contrairement au Stade de Reims, et sans parti pris aucun (rires), les titres de l’OGC Nice n’ont jamais donné lieu à de grandes épopées européennes, le plus souvent éliminés sans gloire dès le commencement des hostilités. Pourtant, les joueurs de l’époque sont entrés dans la légende, avec les Argentins Pancho Gonzales, Ruben Bravo ou Luis Carniglia ; l’Allemand Nuremberg ; le Brésilien Amalfi ou les Français Fontaine (avant Reims), Foix ou Luciano. À signaler que Nice est l’un des premiers clubs français à s’être abondamment servi en Amérique latine, recrutant régulièrement des joueurs argentins ou brésiliens. Une habitude qui se confirmera d’année en année, jusqu’à faire figure de caractéristique atavique.

Dans les années 1960, Nice termine régulièrement devant les nouveaux ténors du championnat de France : Saint-Étienne, Nantes, Monaco et, bizarrement, l’équipe est souvent sacrée championne d’automne avant de dévaler les marches en hiver. Petite fragilité climatique due aux douces températures de la French Riviera ? On serait tentés de le croire.

L’équipe a encore bien des talents, avec Lamia dans les buts, une défense composée de Cauvin – Serrus – Rey et Isnard ; un milieu où on trouve encore les Argentins Maison et De Bourgoing avec, en attaque, Serra, Gianella (lui aussi argentin), Rustichelli et l’international Charly Loubet, venu de l’A.S Cannes voisine. Mais Nice perd tous ses matches en hiver, avant de rejaillir au printemps beaucoup trop tardivement pour décrocher un titre de champion ou une coupe.

Nice remporte quand même, en 1970, le Trophée des champions. Saint-Étienne ayant remporté coupe et championnat, c’est Nice (ayant fini deuxième), qui obtient exceptionnellement le droit de s’opposer aux Verts pour une épreuve qui oppose en ouverture de saison le vainqueur du championnat à celui de la coupe. Des Verts, il y en aura beaucoup qui débuteront à Nice, à commencer par Hervé Revelli (formé au Cavigal de Nice, une pépinière), mais on peut aussi citer Camerini, entre autres.

Le Nice des années 1970 joue un football séduisant avec des artistes au milieu du terrain : Roger Jouve, Jean-Marc Guillou, Jean-Noël Huck et le Suédois Eriksson. Le carré magique. En défense, on a la moitié de la « garde noire » nationale avec Jean-Pierre Adams, et Claude Quittet, alors capitaine de l’équipe de France. En attaque, le Néerlandais Van Dijk et Marc Molitor. On oublie de préciser qu’un certain Dominique Baratelli est dans les buts. L’équipe est entraînée par Jean Snella et le président Loeuillet ne regarde pas à la dépense.

En 1974, le Stade du Ray bat des records d’influence alors que Nice reçoit les Turcs du Fenerbahce en coupe de l’UEFA. Puis Markovic succède à Snella, ce qui n’empêche pas les Aiglons de perdre en finale de la coupe contre Nancy, en 1978.

Ce sera une année noire pour l’OGC Nice, avec beaucoup d’aiglons qui s’envolent vers d’autres cieux. C’est le cas de Guillou, de Huck et de Jouve. Adams est dans le coma et ne s’en remettra jamais quand Quittet est parti à Sochaux, malgré les premiers pas du petit prince, Daniel Bravo.

Viennent les années 1980 avec un Markovic qui fait venir deux joueurs yougoslaves d’exception, le Serbe Bjekovic, plusieurs fois meilleur buteur du championnat, et le défenseur bosniaque Josip Katalinski, véritable tour de défense. Malgré cela, les Niçois tombent en division 2 en 1982, du jamais vu depuis quasiment la création du club, et ils auront toutes les peines à remonter.

Ce n’est qu’en 1985 que les Aiglons regagnent l’élite, avec de jeunes joueurs comme Buscher, Mège ou le gardien Amitrano. Mais c’est encore un Argentin qui leur a sauvé la mise, un dénommé Jorge Dominguez, qui inscrira la bagatelle de 40 buts en deux saisons. L’effectif est alors un peu faible, avec Bocchi, Morabito ou Bruzzichesi.

Sitôt remontés, les Aiglons recrutent : Larios, Henry, Guérit, avec toujours Bjekovic en serial buteur. C’est la valse des entraîneurs et Nice ne fait plus peur, un club moyen du championnat de France qui a eu jadis son heure de gloire. Le club est surendetté et Jacques Médecin, en fuite en Uruguay, ne peut plus remettre au pot. En 1991, Nice redescend à l’étage inférieur, même pas sur ses résultats sportifs, mais pour des raisons financières. Rétrogradation administrative, comme on dit pudiquement.

Il faudra attendre cette fois 1994 pour que l’OGC Nice – Côte d’Azur (sa nouvelle raison sociale après des aides de la région) remonte en Division 1 avec Albert Émon comme entraîneur, puis Sylvester Takac. Les rangs en championnat sont toujours éloignés, mais Nice remporte une coupe de France en 1997. C’est assez pour rendre l’espoir aux supporters, même si le club descend à nouveau la même année. La douche écossaise.

On en arrive à la période contemporaine et l’arrivée des Italiens de l’A.S Roma. Sensi prend la présidence et Salvioni devient entraîneur. La remontée est toujours aussi tardive, cette fois en 2002, et Nice, toujours confronté à d’importants problèmes financiers, a failli être rétrogradé en National. Une remontée contestée par les supporters de Beauvais qui n’ont pas digéré une victoire volée sur leurs terres. Les Romains sont partis et c’est Marcel Cohen qui prend la présidence. Une ère de stabilité où les déficits ont tendance à se résorber et où l’entraîneur Frédéric Antonetti peut passer là quelques saisons, avec des joueurs prometteurs comme Sablé, Balmont, Mounier, Digard, Loïc Rémy et Hugo Lloris dans les buts.

Le club est maintenant abonné au milieu de tableau, souvent dans le ventre mou du classement, n’ayant rien à perdre et rien à gagner. Au moins, ils ne descendront plus. Pourtant, en 2011, les Niçois flirtent avec la zone rouge, mais c’est le voisin monégasque qui descend. C’est l’année où ils sont éliminés en demi-finale de la coupe, contre le LOSC.

On va abréger avec à nouveau la valse des entraîneurs (Roy, Marsiglia) et le retour des dépenses somptuaires pour des joueurs pas toujours convaincants. On retiendra surtout les jeunes pousses qui auront tôt fait de s’illustrer en Angleterre, Maupay ou Eysseric. Plus l’ex Lillois Missilou.

Puis Claude Puel prend les rênes et amène Nice en coupe Europa (ex coupe de l’UEFA), mais les Aiglons se font souvent battre en préliminaires par des clubs chypriotes ou grecs. La honte. En 2013, Nice quitte le vieux stade du Ray pour l’Allianz Rivera avec une équipe moyenne entraînée par Lucien Favre . Par la suite, l’effectif est plus relevé avec Danté, Henriqué, Cyprien, Belhanda ou Balotelli. Nice redevient compétitif.

Puis c’est l’ère Ratcliffe et c’est Galtier sur le banc pour un Nice plus ambitieux que jamais régulièrement classé aux places d’honneur avec des joueurs brillants. Auparavant, Ursea et Patrick Vieira n’ont pas su répondre aux ambitions du président Rivière. Avec Galtier, le club tient tête aux rivaux de la Principauté et aligne les performances avec des joueurs comme Danté, Genevoix, Seri ou Digard, plus des jeunes comme Kephren Thuram, Boudaoui, Delort ou Laborde (tous deux venus de Montpellier). Ce qui ne les empêche pas de faillir en finale de la coupe après un penalty nantais.

Pour cette saison, Nice flambe en deuxième partie avec Moffi, Todibo, Lotombo ou Diop. Plus les Anglais Ramsey (il est Gallois) et Barkley et l’ex gardien du Manchester United, le Danois Schmeichel après l’excellent Benitez. N’empêche, Nice est en quarts de finale de la Coupe Conférence après sa victoire sur les Modaves du Sheriff Teraspol. Dernière équipe française qualifiée.

À l’Allianz Rivera comme autrefois au Stade du Ray, il y a toujours un lâcher d’aiglon (toujours le même on suppose) qui fait le tour du stade et revient tranquillement. Les supporters exultent devant cette coutume dont la tradition se perd dans la nuit des temps.

Mais la question est : est-ce que les Aiglons sont capables de se hisser au sommet du football français, à défaut de terroriser l’Europe ? La réponse est toujours non, trop d’inconstance, trop d’instabilité et trop de turn-over parmi les joueurs. Un jour peut-être… Nizza la bella, forza !

3 avril 2023

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