L’Inter et le Milan A.C se battent pour jouer la finale de la Champions League, avec net avantage à l’Inter (0 – 2 à l’aller). En Coupe Europa, la Juve a pris une bonne option sur la finale, alors que l’A.S Rome est toujours en lice. En conférence, c’est la Fiorentina qui a ses chances. On était habitués aux Anglais et aux Espagnols (et un peu aux Allemands), c’est maintenant l’Italie qui s’invite au plus haut niveau après des années de disette. Un petit tour des cinq clubs pré cités. En espérant qu’un club sur les 3 ira jusqu’au bout. Forza Italia ! On commence par les deux Milan, les autres la fois prochaine.
Contrairement à ce que veut une légende tenace, le nom Internazionale ne vient pas d’une quelconque filiation communiste. Né en 1908, l’idée, si elle avait déjà été théorisée par Marx, n’avait pas encore fait les ravages que l’on sait dans le monde. Plus prosaïquement, l’Inter vient d’une scission de l’unique club de Milan, le Milan A.C ; la pomme de discorde étant venue de la possibilité de recruter des joueurs étrangers, d’où le qualificatif d’international (Internazionale). Voilà pour la petite histoire et les origines. Le joueur légendaire de ces temps héroïques fut sans conteste Giuseppe Meazza, qui a donné son nom au stade. Meazza a aussi joué au Milan A.C (mais aussi à la Juve, à Varese et à l’Atalanta de Bergame). Et deux coupes du monde à la clé, celles de 1934 et de 1938.
C’est finalement l’Inter, comme il était attendu, qui jouera la finale de la Champion’s League. Pas une équipe exceptionnelle sur le papier pourtant, et des joueurs importants comme le Néerlandais De Vrij, le Belge Lukaku ou le Serbe Brozovic qui font souvent banquette. L’entraîneur Simone Inzaghi, longtemps coach de la Lazio, n’a pas une carrière de joueur aussi prestigieuse que son frère Filippo « Pippo » Inzaghi, buteur du Milan A.C de la grande époque, mais il sait tirer le maximum de son effectif avec des schémas tactiques rigoureux propres à faire déjouer les meilleurs.
Il faut dire que l’Inter et la C1, comme on le disait autrefois, c’est une vieille histoire. Les Intéristes l’ont gagné pour la dernière fois en 2010, contre le Bayern Munich, grâce à deux buts de l’Argentin Milito. L’équipe d’alors a quand même des arguments avec le Camerounais Eto’o, le Néerlandais Sneijder et les internationaux italiens Cambiasso ou Zanetti. Sans parler de Balotelli loin d’être toujours titulaire et c’est assez dire la qualité d’un effectif dirigé par José Mourinho, celui-là même qui gagnera d’autres trophées avec Chelsea ou le Real, après le F.C Porto. Cette année-là, le club remporte le championnat et la coupe d’Italie, en plus d’une coupe du monde des clubs. Carton plein.
Les Negrazzuri (noirs et bleus) avaient déjà décroché la timbale en 1964 et 1965, avant une finale perdue en 1967 contre le Celtic de Glasgow. L’équipe alignait à sa grande époque Sarti dans les buts, Burgnich – Guarneri – Picchi – Bedin et Fachetti en défense avec une attaque canon autour du stratège technique Sandro Mazzola : le Brésilien Jaïr, Corso, Suarez et le buteur Milano, le bien nommé. L’entraîneur Helenio Herrera est pour beaucoup dans ces succès avec son 4 – 2 – 4 et son fameux Catenaccio (cadenas). Le jeu de l’Inter n’est pas très spectaculaire, mais efficace.
L’Inter va décliner dans les années 1970, malgré une finale perdue contre l’Ajax et malgré des joueurs comme Domenghini ou Boninsegna en attaque, tous deux internationaux. Les bleus et noirs renaîtront dans les années 1980 en se mettant à l’heure allemande avec des meneurs de jeu comme Matthaüs, Rumenigge ou Klinsmann. On aura aussi quelques brillants italiens tels Colovatti, Oriali ou Bergami, plus des bombers autrichiens qui auront pour noms Krankl ou Prohaska.
Dans les années 1990 et 2000, 3 coupes de l’UEFA pour des joueurs comme Zenga, le gardien, Serena ou Berti plus le Brésilien prodige Ronaldo ; puis ce seront Christian Vieri ou l’ineffable Materazzi avant le titre de 2010. Peu de Français dans les différents effectifs, à part l’ex Marseillais Cauet et Youri Djorkaeff. L’Inter a toujours porté son regard vers l’Allemagne ou les pays de l’est.
Même s’ils ont peu de chances de l’emporter contre le vainqueur de la demi-finale Real – Manchester City, on peut quand même leur reconnaître une capacité certaine à déjouer les pronostics. Alors, pourquoi pas ? Allez l’Inter (cesta la lotta finale…). Excusez mon italien qui est très mauvais.
Les rivaux du Milan A.C (ils jouent sur le même stade Giuseppe Meazza ou San Siro) sont bien plus capés au plan européen. Eux ne se sont pas arrêtés aux années 1960 et ils ont dominé le football européen à la fin des années 1980 et au début des années 1990, après une relégation administrative.
Dès 1958, le Milan A.C est en finale, battu par le Real, et les joueurs de l’époque ne diraient rien à personne. Schiaffino, Rizzoli? Ils sont à nouveau en finale en 1963 et remportent l’épreuve. L’attaque est emmenée par le Brésilien Altafini, avec le play-boy surdoué Gianni Rivera. Un autre Brésilien au milieu, Amarildo avec Anquiletti et Trappatoni et une défense de fer avec les Maldera, Rosato, Maldini (père) et l’Allemand Schnellinger.
Rebelote 5 ans plus tard, en 1969, aux dépens cette fois de l’Ajax Amsterdam du jeune Johan Cruyff, une équipe qui dominera l’Europe mais ne pourra rien contre l’expérience des italiens avec les grands anciens Rivera, Rosato, Anquiletti ou Trappatoni mais aussi des petits nouveaux comme l’avant-centre Prati (auteur d’un triplé en finale), le Suédois Hamrin ou le Brésilien Sormani. Plus tard, il y aura un autre attaquant de grande classe, Gigi Riva, ex joueur de Cagliari.
Le Milan A.C remportera la Coupe intercontinentale contre les Argentins de l’Estudiantes La Plata à la suite d’un pugilat mémorable où plusieurs argentins, dont le gardien Poletti, seront radiés à vie à la suite d’une véritable agression contre Nestor Combin, embarqué dans cette galère.
Les années 1970 sont peu favorables au football latin et ce sont les équipes allemandes, néerlandaises et anglaises qui dominent. Le Milan A.C doit se contenter d’une coupe des vainqueurs de coupe en 1973, d’une finale de la même coupe perdue l’année d’après et d’un scudetto en 1979 (le dixième), après 4 coupes d’Italie. C’est Gianni Rivera qui est leur coach.
Puis c’est le Milan A.C de l’ère Berlusconi, le sinistre. La meilleure période du club qui va dominer le football européen à la fin des années 1980 et au début des années 1990. Certes, les clubs anglais sont bannis à la suite du drame du Heysel, mais il n’empêche. Si les Allemands ont débarqué à l’Inter, ce sont des Néerlandais qui fondent sur le Milan avec la triplette Rijkaard, Gullitt et Van Basten. On a aussi le Belge, ancien du Standard, Marc Gerets, mais les joueurs italiens ne sont pas en reste : Baresi, la tour de défense, Maldini (le fils), Costacurda, Colombo, Ancelotti, Donadoni ou Simone. La dream team de l’époque.
Après une relégation en Série B due à une histoire de paris clandestins (totonero) et un dépôt de bilan en 1985, Berlusconi reprend le club formé de jeunes talentueux comme Baresi, Inzaghi ou Tossetti, plus les renforts oranges déjà cités. L’entraîneur Arrigo Sacchi arrive et c’est un nouveau scudetto en 1988. Ils écrasent le Steaua Bucarest en 1989 puis Benfica en 1990 avec une deuxième coupe intercontinentale. En 1991, Sacchi est remplacé par Fabio Cappello, et le cycle des victoires reprend. Battus par l’O.M en 1993, le Milan A.C écrase le Barça l’année d’après, avec les ex Marseillais Papin, Boban, Savicevic et Desailly.
Puis c’est l’explosion médiatique et politique de Berlusconi, élu président de la République en mai 1994, et les meilleurs joueurs italiens qui se bousculent : Christian Panucchi ou Roberto Baggio, plus George Weah ou Kluivert. Mais la mécanique est cassée. Les Milanais perdent en finale contre l’Ajax en 1995 avant de tomber en coupe de l’UEFA contre Bordeaux, mais ils s’en souviendront en recrutant Dugarry et Ba, avant Dhooraso ou Gourcuff. Les Français ont toujours été les bienvenus. Berlusconi, de plus en plus mégalomane, éructe et se fâche avec les joueurs. Cappello part au Real et les grands noms raccrochent les crampons.
Sous l’ère de l’entraîneur uruguayen Tabarez, le Milan se remplume avec des joueurs comme Davids, Vierchowood ou Reiziger. Les résultats ne sont pas à la hauteur des investissements et Sacchi délaisse la Squadra Azzurra pour revenir au chevet du club. C’est la fin des années 1990 et l’arrivée de mercenaires de luxe, l’Allemand Bierhoff, les Brésiliens Serginho et Dida, l’Ukrainien Chevtchenko et le milieu « trois poumons » Gattuso. Puis c’est Zaccherini et encore des vedettes : Nesta, Seedorf, Pirlo et une coupe d’Italie en 2003 avant une quatrième victoire en C1 contre les frères ennemis de la Juve, cette fois avec Ancelotti, arrivé en 2001. La valse des entraîneurs, mais Ancelotti restera et renouvellera l’exploit. Le renouveau.
Ils remportent à nouveau le championnat et décrochent la coupe aux grandes oreilles en 2007, revanche de la défaite de 2005 en finale contre les Reds de Liverpool. Kaka et Ronaldo sont les vedettes du club à l’heure brésilienne. Viendront ensuite Ronaldinho et Thiago Silva avant Ibrahimovic, Van Bommel, Cassano et Zambretta. Des titres en Italie, mais plus grand-chose en Europe. Puis c’est Allegri et de nouveaux joueurs, moins prestigieux puisque le club a des problèmes avec la règle du fair-play financier et doit réduire la voilure. Des années 2000 plutôt discrètes avant l’arrivée, en 2014, de Inzaghi (ex buteur maison), la fin de l’ère Berlusconi et le passage sous pavillon chinois.
Le bras droit de Berlusconi reprend l’affaire en s’entourant de Leonardo comme directeur sportif. Le club peine en championnat et ne brille plus en Europe malgré des joueurs capés comme Higuain ou Piatek. Puis c’est Pioli qui devient entraîneur et qui va façonner progressivement le Milan A.C actuel avec les ex Lillois Maignan, Balo Touré. Origi, Kjaer ; plus les Français Theo Hernandez, Olivier Giroud ou l’Algérien Bennacer.
Suffisant pour redevenir un grand d’Europe ? Pas sûr. Les Rossoneri ont toujours eu les moyens, mais pas toujours des super stars au maximum de leurs motivations. Problèmes de riches.
Bilan en C1 : Milan A.C 10 finales, 7 gagnées perdues. Inter 5 finales, 3 gagnées, 2 perdues.
La Juventus, la Roma et la Fiorentina la fois prochaine.
16 mai 2023