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FINS DE MOIS / FIN DU MONDE (L’ALLIANCE ÉCOLOGIQUE ET SOCIALE)

avec tous les logos, moins Oxfam et la Confédération Paysanne (trouvé sur le site AES).

On a déjà parlé ici de l’AES (Alliance Écologique et Sociale) qui regroupe syndicats, associations et ONG pour un changement radical de nos modes de production et de consommation tournés vers la transition écologique et la nécessité de réduire les inégalités sociales. Les journées de l’AES ont eu lieu les 15 et 16 novembre derniers à Paris. Ce texte ne se veut pas un compte-rendu (qui existe par ailleurs) mais n’a pour modeste ambition que de faire connaître cette singulière alliance qui sera mobilisée pour les grèves SNCF pour le fret ferroviaire et les petites lignes.

Un historique de l’AES a été présenté à partir du contre G7 à Biarritz – Hendaye et du dialogue qui s’est instauré entre Philippe Martinez (CGT) et Jean-François Julliard (Greenpeace).

En prélude à des rapprochements entre syndicats de salariés et associations écologistes dans un contexte d’après Gilets jaunes dont le mot d’ordre aurait pu être « fin de mois et fin du monde ».

La pandémie de Covid, début 2020, a donné lieu à la naissance de Plus jamais ça présenté dans une tribune à la presse et dont les objectifs étaient annoncés : bifurquer d’un capitalisme toxique et mortifère vers une transition écologique consciente des inégalités sociales comme des défis démocratiques.

C’était le thème développé dans une plate-forme avec un comité de pilotage comprenant déjà les premières organisations volontaires (CGT, FSU, Solidaires et Confédération Paysanne côté syndicats ; Greenpeace, Amis de la terre, Attac, Oxfam, Alternatiba… pour les associations).

Un document « pas d’emplois sur une planète morte » était édité avec un plan de relance alternatif , « Plan de rupture » comportant des propositions dans les domaines écologiques, économiques, sociaux ou démocratiques.

Plus jamais ça s’est battu dans des luttes locales comme à La Chapelle d’Arblay (Seine Maritime), la raffinerie de Grandpuits (Seine et Marne), La coopérative des masques (Saint- Brieuc) et a été active dans la sauvegarde du train des primeurs Perpignan – Rungis. D’autres luttes ont rassemblé ici ou là les organisations partenaires, même si pas toujours victorieuses.

Après la pandémie, en 2022, Plus jamais ça est devenu l’Alliance Écologique et Sociale.

Le congrès de la CGT de mars 2023 qui a élu Sophie Binet a décidé de quitter l’AES, même si beaucoup de militants continuent à soutenir le mouvement et à s’y impliquer.

L’AES a un peu marqué le pas après cette rupture, mais elle a pris la décision de ne pas insister sur les sujets qui ne font pas consensus et de se concentrer sur ce qui nous rassemble. Il importe de continuer à travailler ensemble malgré tout ce qui peut nous opposer. C’est là le sens de l’histoire et il est bon pour l’avenir de voir des associations environnementales dans les manifestations pour les retraites comme de constater la présence de syndicats de salariés dans les mobilisations écologiques.

Plusieurs ateliers se tenaient simultanément sur différents thèmes : campagne de rénovation du bâti scolaire, Pifas (polluants chimiques), méga-bassines, « pas d’emplois sur une planète morte » (actualisation du manifeste), A69, Canal Nord-Seine Europe et autres grands projets inutiles imposés.

Des synthèses ont été restituées et un débat animé s’en est suivi autour de questions posées par les groupes de province : quelle structuration ? Comment peser plus efficacement ? Cartographie des organisations de l’AES et de leur répartition géographique ?

Il est précisé en conclusion que l’AES n’est qu’une coalition de syndicats et d’associations et qu’elle n’a pas vocation à être une super-structure. Elle a pour mission et pour objet de favoriser les rapprochements tout en respectant l’autonomie des collectifs de province et des organisations partenaires et tout en privilégiant les mobilisations locales en les coordonnant.

La seconde journée était ouverte au public et on a débattu des transports et de la mobilité, sujet majeur de l’AES puisque 30 % des pollutions sont causées par le secteur.

Comment réduire l’addiction à la voiture sans pénaliser les habitants des campagnes qui n’ont souvent que ce moyen de transport à disposition.

Un syndicaliste de la CGT vient d’ailleurs nous parler de la casse sociale dans l’industrie automobile avec des licenciements par milliers (Michelin, Stellandis et surtout les équipementiers). L’emploi est bien sûr au cœur du problème mais c’est aussi une réflexion sur la réindustrialisation et la politique industrielle que nous devons avoir, mais les positions sur ces questions sont très clivées entre syndicats et associations écologiques.

Une troisième table ronde se tient sur les mobilisations à venir à la SNCF. Le fret ferroviaire aura été la grande campagne de l’année pour l’AES. La grève SNCF du 11 décembre attire l’attention sur la liquidation du fret comme sur la privatisation des petites lignes. L’un des objectifs de l’AES est de la soutenir, sur tout le territoire. Le fret est un élément stratégique de la transition écologique, c’est moins de camions sur les routes et moins de pollution. Outre le fret, la grève, que rejoindront toutes les composantes de l’AES, porte aussi sur la privatisation des petites lignes avec le transfert prévu de 1500 salariés de la SNCF vers des opérateurs privés. Pour l’intervenant de SUD Rail, l’AES se doit de soutenir le moratoire sur le fret ferroviaire, soit la volonté des pouvoirs publics, des personnels et de l’opérateur de le raviver et de lui donner les moyens de se développer.

Dernière table ronde avec des représentants de toutes les organisations partenaires, une sorte de « tous en scène » final. Pour Oxfam, Cécile Duflot parle des inégalités et du récent vote du budget. Elle exhorte à une mobilisation de la société civile sur des bases écologiques et sociales pour éviter le fascisme.

Vincent Drezet, pour Attac, pointe les incohérences des discours conservateurs. Il rappelle que les taxes sur les transactions financières ont fini par être appliquées, même mal. Il nous faut des services publics et refaire société. Une alternative écologique et sociale existe et cela s’appelle l’écologie populaire.

Pour les Amis de la terre, les luttes antinucléaires avaient déjà tissé des liens avec les syndicats. Même si certains intérêts sont divergents, il nous faut travailler ensemble et recréer des espaces de discussion.

Pour Greenpeace, le rôle des médias est prépondérant et il faut partir du quotidien et des réalités concrètes vécues par chacun. Il faut échanger, confronter les approches et surtout créer du lien.

La Confédération paysanne rappelle ses origines sociales avec les Paysans travailleurs et la lutte contre le camp militaire du Larzac. Même si la lutte pour le bio et contre les OGM sont les principaux marqueurs de la Conf, elle a aussi lutté contre les traités de libre échange. C’est un syndicat de transformation sociale qui se bat contre les ravages de l’agriculture productiviste et les lobbys.Les agriculteurs sont en colère et la Conf constitue une alternative dans le paysage syndical agricole.

Benoît Teste, pour la FSU, en appelle à faire du collectif : « on est majoritaires ». Les services publics doivent être au centre de ce combat écologique et social. Il nous faut penser les actions différemment, combattre les discours anti-fonctionnaires et se battre pour l’unité.

Enfin, Solidaires conclut les prises de parole en partant des réalités sociales et des licenciements quand des aides publiques sont déversées pour les actionnaires. Des reconversions écologiques doivent être envisagées dans tous les domaines, y compris les docks ou les raffineries. La transition écologique ne doit pas se faire sur le dos des salariés. Il faudra une rupture totale avec les modes de production actuels et un nouveau statut du salariat. Ces combats se mèneront aussi dans la rue.

De nombreuses interventions apportent des précisions, des commentaires, des réflexions et des éclairages sur des situations locales. Chacun souligne la réussite de ces journées. L’espoir renaît, mais il y aura du boulot pour mettre en œuvre toutes ces campagnes dans nos lointaines provinces.

Mais il n’est toujours pas nécessaire d’espérer pour entreprendre (proverbe delinottien).

30 novembre 2024

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