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LES SHÉRIFFS DE NOTTINGHAM SONT DE RETOUR

Trevor Francis, l’élégant attaquant du Forest de la grande époque, en civil avec des airs de pop star. Photo Wikipedia

Les rouges de Nottingham Forest sont la seule équipe à avoir remporté plus de Coupes d’Europe (2 en 1979 et 1980) que de Championnats d’Angleterre (1 seul en 1978). C’est aussi la seule équipe à être descendue jusqu’à la troisième division après avoir été sacrée championne d’Europe. Un club attachant, entraîné au temps de sa gloire par Brian Clough et son éternel adjoint Peter Taylor. Après on ne sait combien de saisons en enfer, le club est en première ligue avec de nouvelles ambitions. Un bref historique s’imposait.

Nottingham, la ville des Midlands de l’ouest, à la limite du Pays de Galles, est rivale de Leicester et de Derby City. Là où se déroulaient les aventures de Robin Hood, de Lady Marianne, de frère Toc et de Little John pour les cinéphiles ; ou la bande dessinée Oliver avec le vilain Shériff de Nottingham pour les amateurs de B.D. Et Nottingham Forest, bien sûr, pour les fans de football, Notts Forest qui a même un rival dans la place, dans la même ville, avec l’équipe de Nottingham County qui n’a jamais brillé dans le football anglais.

Pour l’historique, le club a été fondé en 1865 par des joueurs de Shinty (une sorte de hockey sur gazon écossais) désireux de jouer au football. Le rouge du maillot est choisi en honneur aux chemises rouges des révolutionnaires italiens de Garibaldi. En 1898, Nottingham Forest s’installe dans son stade du City Ground. Pour la petite histoire, le club est généreux avec des actions de charité dans la ville et il est celui qui imposera les protège-tibias pour les joueurs.

Au début du XX° siècle, Forest, après une F.A Cup, décline et descend en deuxième division. Après avoir plus d’une fois frôlé la descente en troisième division, Notts Forest remonte en Ligue 2 en 1922 mais pas pour longtemps, car le club va connaître à nouveau des descentes vertigineuses de deuxième en troisième division, après-guerre. C’est toute l’histoire du club.

Billy Walker, un entraîneur emblématique de Forest, fait remonter l’équipe en première ligue en 1957 et empoche une deuxième F.A Cup l’année suivante. Après des saisons moyennes, Notts Forest accroche une place d’honneur qui le qualifie pour la Coupe d’Europe des Villes de foire en 1962. Ils sont éliminés au premier tour par le Valence C.F mais on remarque un attaquant de talent en la personne de Bobby Mc Kinlay, buteur du club qui ne raccrochera les crampons qu’en 1969.

Ils font encore mieux en 1967, se classant deuxième et accédant à nouveau à cette coupe, ancêtre de la Ligue Europa, où ils éliminent l’Eintracht de Francfort avant de se faire sortir par les Suisses du F.C Zurich.

Mais la suite est plus difficile et, après quelques saisons médiocres, la descente a lieu en 1972, l’année où leurs rivaux de Derby County remportent le championnat. La honte ! Pire, en 1975, le club flirte avec la relégation en troisième division, sauvé in extremis. L’entraîneur écossais Alan Brown est démis de ses fonctions et les dirigeants font appel à Brian Clough.

On a déjà parlé, en chroniquant le livre de David Peace (Damned United ou 44 jours chez Rivages rouges) du personnage de Clough. Ancien international avec Sunderland, il a donné un titre à la modeste équipe de Derby County avant de remplacer Don Revie à Leeds United. Les Peacocks, les Paons, sont au sommet du foot anglais et Revie part entraîner la sélection nationale. Autant dire que le challenge est à relever, d’autant que Leeds est engagé en Coupe d’Europe des clubs champions et qu’ils iront en finale, perdue contre le Bayern en mai 1975.

Mais ça ne se passe pas bien pour Clough, qui restera, comme l’indique le titre français du livre, 44 jours, pris en grippe par un groupe de joueurs dont l’Écossais Bremmer et l’Irlandais Giles qui souhaitent le voir échouer. Clough quitte Leeds sous les injures des supporters et il renoue avec son vieux complice Peter Taylor, recruteur et directeur sportif de Derby County alors qu’il en était l’entraîneur.

Le duo va s’exiler à la mer, à Brighton, en deuxième division, mais l’action leur manque vite et la station balnéaire a vite fait de limiter leurs ambitions. Taylor ne suit pas Clough lorsqu’il reçoit la proposition de Nottingham, mais c’est l’Écossais Jimmy Gordon qui prend le poste de directeur sportif. En fin renard, Clough se dit qu’il peut faire à Nottingham ce qu’il a fait à quelques kilomètres, à Derby, et il fait venir des joueurs de Derby dont Mc Govern et O’Hare, passés aussi par Leeds. Mais les recrutements ne s’arrêtent pas là, et le club investit avec les arrivées de Viv Anderson et Franck Clark, deux arrières latéraux. Des arrivées qui complètent une équipe déjà solide avec l’attaquant Robertson et les milieux de terrain O’ Neill et Bowyer. Pour la saison 1975-1976, Notts Forest termine 8° de deuxième division, son meilleur classement depuis longtemps.

En juillet 1976, Peter Taylor est de retour après une énième brouille et réconciliation avec Clough. Il critique les joueurs, notamment Robertson pour son hygiène de vie déplorable, et fait part à Clough de son scepticisme sur les chances de l’équipe de retrouver la première ligue.

La saison 1976 – 1977 débute mal, mais se termine bien, puisque Notts Forest bat Millwall lors de la dernière journée et décroche la troisième place et la montée. Shilton, le gardien de l’équipe nationale, est engagé dans les buts et Notts Forest, après une saison renversante, gagne la Coupe de la ligue contre les Reds de Liverpool et, surtout, le championnat d’Angleterre.

Pour leur première coupe d’Europe des clubs champions, Forest élimine d’abord les Reds, les tenants, avant de réaliser un parcours remarquable et de battre en finale les Suédois du Malmoe FF à Munich, sur une tête de Trevor Francis reprenant un centre au cordeau de Robertson.

L’année d’après, Notts Forest remporte à nouveau la coupe de la ligue aux dépens de Southampton, mais ne parvient pas à garder son titre. Ce sera leur seul titre de champion en première ligue . L’équipe remporte la supercoupe contre Barcelone, grâce à un but de Burns, cette fois.

Qualifiés d’office en tant que vainqueurs en 1979, ils récidivent avec encore un sans faute : une demi-finale contre l’Ajax et une finale contre le SV Hambourg de Keegan grâce à un nouveau but de Robertson et à un match exceptionnel de Shilton. 1 – 0 score final, leur score fétiche.

Les années qui vont suivre marquent un nouveau déclin. Forest commence par perdre en finale de la F.A Cup contre Wolverhampton et recule en championnat. Qualifiés d’office en 1980, ils sont battus au premier tour par le CSKA Sofia et terminent 12° du championnat. Francis, Shilton, O’ Neill et Mc Govern vont voir ailleurs si l’herbe est plus verte. Pire, Peter Taylor quitte aussi le navire pour retourner à Derby County, le grand rival.

Mais Clough, lui, reste, et il va redonner son lustre à Forest qui accumule les places d’honneur entre 1982 et 1992. Plus des succès en coupe de l’UEFA (demi-finale perdue contre Anderlecht en 1984). D’autres joueurs sont arrivés, Des Walker, Steve Hodge, Stuart Pearce ou Neil Webb. En 1988, ils remportent la coupe de la ligue contre Luton et se classent 3° du championnat. Un an avant la catastrophe de Hillsborough où des spectateurs trouvent la mort dans le vieux stade de Sheffield à l’occasion d’une demi-finale de F.A Cup contre les Reds du Liverpool F.C, encore.

Avec Teddy Sheringham, Forest échoue deux fois en finale de la F.A Cup (contre Tottenham) et de la coupe de la ligue (contre Manchester Utd). La saison 1992 – 1993 est catastrophique et le club est une nouvelle fois relégué, après avoir été sur le toit de l’Europe. Frank Clark remplace Clough pour une remontée express et une nouvelle place en UEFA. Forest sera éliminé par le Bayern. Une embellie avant l’enfer de la deuxième puis de la troisième division, avec Pearce comme entraîneur. Puis c’est la remontée inespérée en deuxième division en 2008.

Forest échoue deux fois à remonter en première ligue en 2010 après les play-off et les travaux d’agrandissement du City Ground commencent. Le club est endetté et la situation sportive est à désespérer quand la famille Al Hasawy, du Koweit, le rachète en 2012 avant de le revendre aux Grecs en 2017. L’entraîneur français Philippe Montanier vient faire un tour dans cette galère, mais s’en va vite, comme la dizaine d’entraîneurs venus au chevet d’un club malade. Un autre français, Sabri Lamouchi, sera l’un d’eux.

Épilogue heureux, l’entraîneur gallois Steve Cooper leur permet de remonter en première ligue, 23 ans après l’avoir quittée. Le shériff est de retour !

Le tout sera de se maintenir dans un championnat des plus relevés. Cela devrait le faire avec, dans un effectif assez jeune, des joueurs comme l’ex de Manchester United Lingard, l’international belge Mangala ou les Sénégalais et Nigérians Kouyaté et Dennis. Plus l’arrivée en dernière minute du français Aurier (ex Toulouse, PSG et Tottenham). Pas de quoi faire retrouver au club ses heures de gloire, mais assez pour reprendre pied en Première ligue et refaire parler de lui. La forêt s’avance !

25 août 2022

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