Le site de Didier Delinotte se charge

LE MARCHÉ AUX ESCLAVES (3) – SUITE ET FIN

Neymar et le roi. The king and I. Number 10…

Après les rumeurs de transferts et les transferts définitifs dans le championnat de France, un dernier regard vers l’étranger où le marché aux esclaves (de luxe, c’est le cas de le dire en l’occurrence) a été riche en événements. Après le Qatar et la Chine, c’est l’Arabie Saoudite du sinistre Ben Salmane (pas Rushdie) qui a été au centre du monde dans la période estivale. On fait aussi le tour des grandes écuries européennes avant de conclure sur les entraîneurs, solidement arrimés ou prêts à valser, pour la plupart. Ultime revue d’effectifs avant de passer à autre chose.

L’Arabie Saoudite ? Par là Mecque ! (vieille plaisanterie qui ne fait plus rire personne). Le royaume des Saouds aura raflé la mise dans ce marché aux esclaves, dans cette économie – casino où on achète et où on vend, selon les sacro-saintes lois de l’offre et de la demande et donc en fonction de la valeur marchande des joueurs, de leurs performances, de leurs buts, de leurs passes décisives et de tout un arsenal statistique mis à la disposition des boursicoteurs. Les data.

Un pays qui n’a jamais eu de tradition footballistique mais qui a de gros moyens, ce qui lui a suffi pour éclipser les transferts en Europe, ou au moins pour les banaliser. On avait déjà eu Christiano Ronaldo venu là en semi- retraite, mais on a maintenant des joueurs encore cotés sur le marché qui délaissent les grosses cylindrées européennes pour les clubs saoudiens. Ce sont donc des suites de carrière, pas des fins, comme on a vu naguère des joueurs capés faire une fin aux États-Unis, même si cela se fait encore puisque Lionel Messi a signé à l’Inter de Miami.

Voyons un peu tout cela clubs par clubs. À commencer par Al Ahli qui s’offre le gardien Mendy (ex Chelsea), Firmino (ex Liverpool) et Mahrez (ex Manchester City). Petit bras à côté de Al Ittihad avec Benzema, N’Golo Kanté et Fabinho. Ou encore Al Nassr avec les arrivées de Mané (ex Bayern et Liverpool), du Lensois Fofana et de l’ex Intériste Brozovic.

On en oublierait presque l’autre club de Riyad, Al Hilal (le croissant) qui a fait venir Neymar à la dernière minute et qui comptait déjà un autre Brésilien célèbre, Malcolm, plus le Portugais Neves.

La presse nous explique à longueur de colonnes que les Saoudiens n’investissent pas des milliards de dollars dans le football pour des dattes. Il y va de l’image du pays après la boucherie perpétrée contre le journaliste américain Kashoggi. C’est aussi évidemment un moyen d’influence et de communication (on s’intéresse de plus en plus à leur championnat et à leurs vedettes multi-milliardaires). C’est surtout un coup géo-politique pour apparaître comme une force incontournable du monde arabe, en voie d’affranchissement de l’oncle Sam et qui fait envie à toutes les moyennes puissances européennes, aux émergents comme l’Inde ou la Chine et aux puissances en déclin telles la Russie. En plus, bien sûr, de régler des querelles de voisinage et de leadership avec les voisins qataris et les autres pays émiratis qui veulent rivaliser.

L’Arabie Saoudite et son soft-power qui ne se met pas seulement au centre du football international mais, le foot ayant pris une telle importance, au centre du monde. Un coup de génie diplomatique que toutes ces arrivées de footballeurs en bout de course, pour la plupart.

Quoi de neuf ailleurs, même si les grands championnats européens se sont fait voler, on l’a dit, la vedette. C’est habituellement l’Angleterre qui voit se réaliser les plus gros transferts. Cette année fait un peu exception. C’est surtout le départ de Harry Kane (ex Tottenham) au Bayern qui aura fait les gros titres des gazettes londoniennes, sans compter tous les départs vers des clubs d’Arabie Saoudite (voir ci-dessus). Il faut dire que les clubs anglais avaient pris une sacrée avance, avec les meilleurs joueurs brésiliens (Richarlison à Tottenham, Casimero à Manchester United, Martinelli à Arsenal) ou argentins (Alvarez à Manchester Ciy, Martinez à United ou Fernandez à Chelsea).

Ce sont d’ailleurs les Gunners d’Arsenal qui font les meilleures affaires avec l’ex Hammer de West Ham Declin Rice et l’Allemand Harvetz (ex Chelsea). Chelsea qui ne fait pas de folies, à part l’ex Monégasque Di Sasi qui rejoint son ex partenaire Badiashile, et Sterling, l’ex Citizen.

En Italie, c’est encore l’Inter qui s’en tire le mieux, avec les arrivées conjuguées de Marcus Thuram (ex Moenchengladbach) et de Benjamin Pavard (ex Bayern), plus le Chilien de Marseille Sanchez, qui ne joue pas (pas encore?). À côté, les rivaux du Milan A.C font pâle figure. Quant à la Juve, rien de bien fameux si on veut bien excepter l’ex Lillois Weah, et il va falloir se contenter des grands anciens Pogba, Rabiot et les quelques internationaux du club de la señora. La Roma surprend avec quatre recrues de choix : Renato Sanches (ex PSG), Dybala (ex Juventus), et le grand voyageur Lukaku, qui aura fait déjà fait une dizaine de clubs dans sa carrière.

À Naples, le champion, Rudi Garcia devient l’entraîneur du club de Osimehn qui, du coup, ne veut plus jouer. À Naples (champion) étaient passés les entraîneurs Ancelotti et Gattuso.

En Espagne, on joue plutôt la stabilité. Barcelone se sépare de Lenglet (prêté à Aston Villa) et de Dembélé (PSG). Pas forcément les meilleurs. Le Real a Bellingham et son armada de stars, même si les Merengue perdent Benzema. Quant à l’Atletico, rien de nouveau sous le soleil, à part un changement d’entraîneur et la retraite de Diego Simeone. Ce serait l’occasion pour d’autres clubs de bouleverser des hiérarchies établies. On pense aux Catalans de Gerone, ou aux Basques de l’Athletico Bilbao ou de la Real Sociedad.

Aux Pays-Bas, l’ex Messin Midautadze file à l’Ajax Amsterdam qui perd Daramy pour Reims. Cela n’a pas empêché les supporters de l’Ajax d’envahir le terrain alors qu’une victoire de Feyenoord chez eux se dessinait. Les supporters sont de plus en plus importants dans les clubs, pour le meilleur mais, souvent, pour le pire. Nous y reviendrons la fois prochaine.

Heureusement qu’il y a l’Allemagne et le grand Bayern de Munich. Un effectif déjà exceptionnel, mais des renforts de luxe avec Harry Kane, De Ligt et le petit prodige du Stade Rennais Matthys Tell. Mais c’est du côté des clubs ex Allemands de l’est de l’Union Berlin et du R.B Leipzig que ça bouge. À l’Union Berlin, c’est l’Italien Bonucci (ex pilier de la Juve) et Voland (ex Monaco) et, à Leipzig, c’est l’ex Lensois Openda et l’ex Hammer de Newcastle Haïdira qui arrivent.

Mais les plus gros transferts, financièrement parlant, concernent d’autres clubs que ceux cités. Sirigu pour la Fiorentina, le Brésilien Coutinho à Aston Villa, Nicolas Pépé à Trabzonspor (Turquie) ou Eden Hazard (Borussia Moenchengladbach à Anderlecht). Des transferts qui n’ont pas fait beaucoup de bruit, mais qui ont cassé les tire-lires.

Après la France, on aura fait le tour des championnats les plus importants d’Europe et on va maintenant s’intéresser aux entraîneurs. Dans la continuité, Guardiola reste à Manchester City étant attendu qu’on ne change pas une équipe qui gagne, et a fortiori son entraîneur. Ancelotti présidera encore aux destinées du Real Madrid et Xavi continue avec le Barça.

Rudy Garcia prend les rênes du SS Naples et José Mourinho reste à l’AS Roma, plus ambitieux avec des recrutements malins.

En Angleterre, à Chelsea, c’est le retour de Pocchettino après s’être perdu du côté de Paris. À Tottenham, c’est l’Écossais du Celtic Glasgow Postecoglou qui s’y colle. Pour Manchester United, Erik Ten Hag, le Néerlandais, était déjà arrivé en 2022.

.On a vu que Gattuso, le rugueux défenseur du Milan A.C de la grande époque, se portait au chevet d’un Marseille malade. Quant à Sampaoli, l’ex entraîneur argentin de l’O.M, il s’est déjà fait virer du club brésilien du Flamengo. En parlant d’ex entraîneurs du PSG, Tuchel reprend le Bayern.

Autrement, c’est plutôt la stabilité avec Klopp qui reste à Liverpool, Allegri à la Juventus ou Simone Inzaghi à l’Inter.

Mais la grosse surprise est quand même venue du Borussia Dortmund, où c’est l’Espagnolo-Suisse Gerardo Seoane qui a entraîné quasiment toutes les équipes du championnat suisse.

On va s’arrêter là, les autres changements n’étant qu’anecdotiques.

En conclusion, tout change pour que rien ne change, comme on dit chez Lampedusa, et il y a gros à parier que les hiérarchies ne seront pas trop bousculées après tous ces bouleversements. Il y a parfois des clubs qui émergent et se mêlent aux luttes des grands, comme Naples, le RB Leipzig ou l’Union Berlin. Il y a aussi des clubs qui plongent, comme c’est le cas cette saison de l’Olympique Lyonnais en France, voire le F.C Séville cette année en Espagne ou le F.C Cologne en Allemagne, qui poursuit son déclin.

Mais les grands clubs ne meurent jamais, on ne peut que le répéter, et ils savent renaître grâce à la mémoire des supporters et à l’attachement indéfectible qu’ils gardent pour leur équipe favorite. La fidélité et la ferveur, des forces finalement plus fortes que l’argent. On l’espère en tout cas.

1° octobre 2023

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.

Catégories

Tags

Share it on your social network:

Or you can just copy and share this url
Posts en lien