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NÎMES OLYMPIQUE : LES CROCOS SE MORDENT LA QUEUE

Le haut du blason est censé représenter un crocodile. Wikipedia.

Avant d’aller au Qatar pour les prochaines chroniques, un petit article nostalgique sur les crocodiles du Nîmes Olympique, une équipe devenue lanterne rouge de Ligue 2 avec un pied en National. Pourtant, les Crocos ont eu leur heure de gloire dans les années 1950 et 1960, à l’époque où Nîmes et son entraîneur emblématique Kader Firoud tenaient la dragée haute au Stade de Reims et aux grands clubs de ces années-là. Avec une équipe cosmopolite composée d’Algériens et de Catalans. Un Nîmes vraiment olympique. Toute une histoire !

Aujourd’hui, le Nîmes Olympique pointe à la dernière place de la Ligue 2, juste derrière les Chamois Niortais et les Verts de Saint-Étienne qui, eux, comptaient trois points de pénalité au départ. De défaites en nuls, les Nîmois n’ont pas engrangé beaucoup de points et il ne reste plus de l’équipe qui jouait encore il y a deux ans en Ligue 1 que Koné et l’ex Rémois Lucas Déaux.

Fondé en 1937 en remplacement du S.C Nîmes, le Nîmes Olympique prend comme emblème le crocodile, souvenir de la colonisation romaine. Plus qu’espagnole malgré le flux de catalans qui l’ont peuplée et leur goût de la corrida, la ville est italienne avec ses arènes romaines, sa maison carrée, son amphithéâtre et ses poètes, Alphonse Daudet ou Armand Mistral.

L’équipe stagne longtemps en deuxième division avant d’accéder à l’échelon supérieur en 1950 grâce à l’entraîneur Pierre Pibarot appelé à des fonctions nationales. Pibarot ira plus tard entraîner le Racing Club de Paris et laissera sa place à Kader Firoud en 1955. Déjà un excellent joueur, Firoud est l’un de ceux, avec Rouvière, qui ont amené le Nîmes Olympique au plus haut niveau, et il sera – avec Louis Dugauguez à Sedan – le meilleur entraîneur du Championnat de France.

Avec Firoud à la barre, les Nîmois deviennent l’un des meilleurs clubs français, juste derrière le Stade de Reims, Strasbourg, le Racing, Sochaux, Bordeaux et Nice. Venu de Strasbourg, le Néerlandais Haan fait le bonheur du club et son départ est comblé par l’arrivée du Hongrois Ujlacki et d’un autre Néerlandais, Brandes. Des places d’honneur et une demi-finale de Coupe de France perdue contre le Racing. Et ce n’est qu’un début.

Les rouges et blancs se renforcent encore et accèdent à deux finales perdues en Coupe. En 1958, c’est Reims qui les bat en finale et les Nîmois ont dû terminer le match à 10 après la sortie sur blessure de Schwager. On trouve dans l’équipe les défenseurs Bettache et Lafond, le demi catalan Barlaguet et une attaque de rêve avec un autre catalan, Sallaber (futur Sedanais), le Marocain Hassan Akesbi, l’international Skiba et les Algériens Abdelkader Mazouz et Bernard Rahis. Les Nîmois sont deuxièmes en 1959, derrière l’OGC Nice, et en 1960, derrière le Stade de Reims.

Sallaber passera à l’ennemi, à Sedan et Akesbi à Reims avec qui il remportera le championnat en 1962, à égalité avec le Racing mais au bénéfice du goal-average. Nîmes est troisième cette année-là et aurait pu remporter le championnat n’était une ultime défaite contre le Stade Français avec un but d’Henri Skiba, l’ex croco. En 1961 c’est en Coupe qu’ils ont raté le coche avec une finale perdue contre l’U.A Sedan de Duguauguez, justement. L’équipe a pourtant fière allure, avec les Maghrébins Bettache, Kabyle, Rahis et Cassar ; le Martiniquais Charles-Alfred, les Catalans Barlaguet et Bandera et les Sud-américains Parodi (Paraguay) et Constantine (Brésil). Une internationale composée à majorité de fils d’expatriés maghrébins et de réfugiés catalans.

Au milieu des années 1960, Nîmes peine après le départ de Firoud et de ses joueurs vedettes. Deux fois barragiste, le club descend en deuxième division en 1967 avant de remonter l’année d’après avec une nouvelle génération de joueurs parmi lesquels le gardien Landi, les défenseurs Novi et Adams ; les milieux Mezy et Gomez ou les attaquants Valls et Vergnes. Marcel Tomazover a contribué à la remontée et cède la place à Firoud qui joue le grand retour en 1969.

Nîmes est Européen après une quatrième place en 1970 et une deuxième en 1972, disputant âprement le titre à l’Olympique de Marseille tout au long de la saison. Les crocos seront éliminés au premier tour. Une demi-finale de Coupe en 1973 et le remplacement de Firoud par Henri Noël en 1978. L’heure de gloire des Nîmois est passée et leurs meilleurs joueurs sont partis à Montpellier, à Marseille ou au PSG.

En 1980, c’est René Girard, le dernier international du club qui part à Bordeaux. Malgré la présence de Cubaynes ou Boissier, le club décline et descend à nouveau en deuxième division en 1981 quand, malgré une remontée inespérée en 1983, le déclin semble inexorable. Descente à nouveau deux ans plus tard, malgré les prodigalités du maire de droite Jean Bousquet qui renfloue le club et fait sortir de terre le Stade des Costières, en lieu et place du vieux Stade Jean Boin. Plusieurs places honorifiques en Ligue 2, mais de montée toujours point.

Au début des années 1990, les grands anciens reviennent aux commandes : Mezy, Girard, Novi et Barlaguet. Le club recrute et voit passer Cantona, Blanc, Vercruysse et Ayache, entre autres. Nîmes remonte mais termine régulièrement dans les derniers et est relégué en 1993. La saison qui suit est contrastée avec des crocodiles qui s’enfoncent dans les profondeurs du classement avant de se ressaisir et de terminer quatrième, manquant de peu l’accession.

Bousquet est battu aux municipales de 1995 et laisse une ardoise somptuaire. C’est la valse des entraîneurs, et le Nîmes Olympique descend en National, une première depuis l’existence du club. C ‘est paradoxalement en National qu’ils renouent avec la Coupe et disputent une finale en 1996 contre l’A.J Auxerre (perdue). Et les Nîmois joueront en Coupe d’Europe ! Il faut toujours se méfier d’un crocodile blessé.

Tout en étant relégable (en quatrième division ou National 2), ils passent un tour contre les Hongrois d’Honved, mais sont éliminés par l’AIK Stockholm. Ils seront repêchés à la suite du dépôt de bilan de l’U.S Valenciennes (qui deviendra le V.A.F.C). Remontée en deuxième division en 1997 grâce au buteur Mikaël Pagis qui partira l’année d’après. Sous la direction de Dominique Bathenay puis de Michel Boissier, le club végète en deuxième division avant redescente en 1999, l’année où ils disputent encore une demi-finale de Coupe, perdue contre le F.C Nantes qui remportera le trophée. Les crocos et la coupe, une vieille histoire d’amour.

Les années 2000 débutent mal avec un club interdit de recrutement et encalminé en National. Il perd son statut professionnel en 2004 tout en disputant encore une demi-finale de coupe l’année d’après avec une nouvelle défaite contre la bête noire auxerroise. En 2008, Nîmes retrouve à la fois le statut professionnel et la Ligue 2. Les entraîneurs se succèdent sur un banc éjectable et nouvelle relégation en 2011, malgré des joueurs comme Moukandjo (parti à Reims) et Bénézet (à Montpellier). Le Montpellier de Louis Nicollin aura toujours le portefeuille grand ouvert pour accueillir les ex Nîmois. Remontée inespérée en Ligue 2 avec le recrutement de Toifiliou Maoulida. De Charybde en Scylla, Nîmes reste cependant en National après un budget retoqué par la DNCG. Le club est, de plus, soupçonné de tricherie la saison d’avant et des dirigeants sont mis en examen. Rétrogradé en National, le il fait appel et a gain de cause. Ce n’est que partie remise, car les Nîmois sont pénalisés de 8 points de retard et retombent en National en 2016. Comme le phénix, le club va renaître de ses cendres sous la houlette de Bernard Blaquart.

C ‘est la période moderne du Nîmes Olympique . Blaquart puise dans le centre de formation des joueurs de talent comme Ripart, Briançon ou Savanier. L’entrepreneur Rani Assaf devient président du club et Laurent Boissier revient comme directeur sportif. L’international turc Umut Bozok termine meilleur buteur avec l’Algérien Alaoui et Nîmes retrouve la première division, 25 ans après. Une honorable 9° place la première année et un maintien inespéré grâce à l’arrêt du championnat pour cause de Covid. Mais Savanier est parti à Montpellier et Bernadoni, le gardien, à Angers. Nîmes est à la peine la saison suivante et Blaquart, le sauveur, est limogé en juin 2020, remplacé par Jérôme Arpinon avant l’ex Lillois Pascal Plancque. Malgré les renforts de Cubas, Eliasson ou Meling, Nîmes descend à l’étage inférieur et perd ses meilleurs éléments, Meling à Rennes, Ripart à Dijon puis à Troyes, Briançon à Saint-Étienne, Alaoui à Angers et Bozok à Lorient. Plancque saute à son tour, remplacé par Nicolas Usaï et Nîmes termine sa première saison à la 9° place, avant la déroute de cette saison (voir plus haut).

On va sûrement retrouver Nîmes en National, et gageons qu’ils ne renouvelleront pas leurs exploits en Coupe cette fois. En National, hors des radars, avec le Red Star et Sedan. Après la disparition du Racing Club de Paris, du Stade Français ou du F.C Rouen.

À la place, on a Auxerre, Clermont, Troyes, Brest, Lorient ou Ajaccio. Ça donne envie !

23 octobre 2022

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