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NOTES DE LECTURE 72

Une boîte à livres à la campagne, plus belle que la mienne (photo Jacques Vincent).

CHRÉTIEN DE TROYES – YVAIN LE CHEVALIER AUX LIONS – L’école des loisirs.

Fan de Kaamelott, j’ai voulu en savoir plus sur les légendes celtiques du roi Arthur, des chevaliers errants, des épées magiques, des fontaines miraculeuses et des forêts hantées.

Chrétien de Troyes a vécu au XI° siècle et on ne sait presque rien de lui, on ne sait même pas s’il était de Troyes. De quelque part en Champagne, qu’on appelait Champaigne à l’époque.

C’est à lui qu’on doit les premiers romans de chevalerie et l’histoire est un classique du genre. Yvain donc chevalier aux lions qui tue en duel le seigneur d’une province voisine et qui, par l’intermédiaire d’une servante, est gracié par la dame du seigneur défunt, laquelle lui pardonne et l’épouse céans.

Mais Yvain a fait vœu de chevalerie et il doit guerroyer avec Gauvain son ami. Sa dame lui donne un an pour lui revenir, mais il est trop absorbé dans ses combats héroïques et laisse passer le délai. C’est alors qu’’il s’égare dans les bois, à demi-fou et que la servante le reconnaît. Sera-t-il pardonné par sa belle ? Le suspense est intenable.

Il prouve sa bravoure au combat contre le comte d’Allier qui menace le château et il triomphe ; tous les combattants, galvanisés par lui, vantant son courage. Mais la dame du château le boude et il repart errer dans les terres, solitaire comme jamais. Yvain sauve un lion des crochets d’un serpent et le lion ne le quitte plus. Comme par hasard (on est dans la féerie), il retrouve la servante répudiée par sa dame qui lui fait payer ce qu’elle estime être la trahison d’Yvain. Elle est prisonnière dans une chapelle et il doit la libérer. Le lion ne le quitte plus et il est pris à parti par les gens d’un château voisin qui lui demandent son aide pour chasser un géant tenant captif les fils du suzerain et menaçant de capturer sa fille. La lutte s’engage entre Yvain et Harpin de la montagne, le susdit géant. Évidemment, le géant est taillé en pièces. À peine massacré le géant qu’il va secourir la servante prisonnière et on a déjà préparé le bûcher pour elle. La bataille s’engage avec ses accusateurs et il sort blessé comme son lion, mais vainqueur, comme d’habitude. Aussi brillant dans l’action que dans le verbe, il réussit à convaincre le peuple que la servante n’est coupable de rien et surtout pas d’avoir trahi sa dame. Elle a reconnu Yvain et l’amène au château, mais sa dame, l’amour d’Yvain, ne le reconnaît toujours pas.

On the road again. Yvain doit rendre justice à une jeune fille spoliée de sa part d’héritage mais, entre. temps, il est mené au château de la mauvaise aventure. Un fief où des ouvrières tissent toute la journée et sans relâche après avoir été capturées par des démons. Car le château est hanté et Yvain, aidé par son lion, doit se battre contre deux démons, ou plutôt deux « Nétun », ou fils de Neptune. Là encore, il triomphe et le suzerain veut le remercier en lui offrant sa fille. Il décline et vexe son hôte.

Retour à la cour du roi Arthur pour restituer l’héritage de la jeune fille que convoite sa sœur aînée. Un point de droit qui va à nouveau se régler par les armes mais c’est cette fois son ami Gauvain qui lui est opposé. Avec leur heaume, les deux chevaliers ne se reconnaissent pas et en décousent sauvagement. Tous deux blessés, ils se disent aussi tous deux vaincus. Puisque personne n’a gagné, l’héritière est rétablie dans ses droits.

Yvain retourne à la fontaine qui provoque l’orage pour retrouver son amour. Toute la région est dévastée par la pluie et Lunette, la servante toujours fidèle, conseille à sa dame de faire appel à Yvain pour les aider. Ça tombe bien, il est à la porte et ne provoque plus les éléments. La servante, avant sa venue, fait jurer sa dame que si le chevalier revient les sauver, elle lui pardonnera. Ne tenant surtout pas à être parjure, elle retombe dans les bras de son chevalier et ainsi pourront-ils vivre enfin leur amour. The end.

Un roman précurseur de toute la littérature, avec Le Roland Furieux de l’Arioste ou La Jérusalem délivrée du Tasse, bien avant Cervantès et son Quichotte.

Dans le Kaamelott d’Alexandre Astier diffusée, hélas, sur M6, Gauvain et Yvain sont décrits comme deux crétins incapables de mener à bien la moindre mission. Alors, héros ou bras cassés ? L’histoire jugera, comme dirait l’autre.

CASANOVA – HISTOIRE DE MA VIE – Folio / Gallimard

Comme Balzac est un peu l’archétype de l’écrivain, Casanova est synonyme de libertinage. Celui que Fellini appelait « il stronzo » (le con) aura été le séducteur que l’on sait, mais aussi un cabaliste, un franc-maçon, un courtisan, un diplomate plus ou moins espion et aussi un écrivain.

C’est ici une version courte des Mémoires de Casanova qui vont de son enfance à Venise jusqu’à la rédaction de ses mémoires, juste avant sa mort, à Dux en Bohème, actuelle République Tchèque. Plus que tout autre, Casanova aura fait l’Europe buissonnière, d’Italie en Turquie en passant par l’Autriche, la Prusse, la Suisse et bien sûr la France.

Les premières pages ne nous font voyager que dans l’actuelle Italie. Venise où il naît avant une enfance à la Dickens dans un pensionnat de Padoue où ses parents l’ont laissé. Sa grand-mère vient l’en retirer et on le place chez un professeur de l’établissement à Ancône. Ledit professeur a une sœur, Bettine, trois ans plus vieille que notre héros qu’elle dépucelle. Casanova vit sa première histoire d’amour contrariée par sa jeune maîtresse et déjà un rival. On la croît possédée alors qu’elle est prise de convulsions et elle attrape une maladie qui la défigure. Elle revient à elle et retrouve son apparence physique mais Casanova est déjà parti pour d’autres aventures. Ce n’est guère qu’un prologue à sa vie galante bien remplie.

On le retrouve à Rimini où il s’amourache d’un castrat dont il est persuadé qu’il est une vraie femme. Il veut vérifier mais Bellino regimbe et Casanova se console en faisant l’amour avec ses deux sœurs. Son pressentiment ne le trahit pas et Bellino se prénomme en fait Thérèse, usant d’une sorte de godemiché pour donner le change. Il ou elle a dû se substituer à un jeune castrat mort accidentellement pour ne pas désespérer ses frères et sœurs. Après une nuit d’amour, ils se quittent et ce parangon de virilité admet qu’il aurait pu basculer dans l’homosexualité si Thérèse eût été restée Bellino. Cruel aveu.

À Constantinople, un dignitaire lui propose d’épouser sa fille Zéline, mais à la condition qu’il se convertisse à l’Islam. Il lui en fait la promesse pour ne pas le désobliger mais prend la poudre d’escampette après une dernière orgie aux bains turcs. On le retrouve à Corfou où il sert au service des galères d’un riche armateur. Le gouverneur lui propose de le recruter comme lieutenant et il se rend vite compte que c’est son épouse, Madame F. qui a orienté ce choix. Il tombe amoureux d’elle mais elle se refuse à lui, se disant incapable de tromper son mari. Après force baisers, caresses et minauderies, il finit par se lasser et va se contenter auprès d’une catin qui lui refile la vérole. Madame F. est enfin disposée à subir ses assauts, mais c’est trop tard. Ne voulant pas la contaminer il repart pour Venise.

Un long récit met en scène une Française, Henriette, surprise au lit avec un militaire hongrois à Cesena. La Sainte inquisition fait forcer la porte de leur chambre car elle soupçonne un accouplement hors des liens du mariage. Casanova s’insurge contre cette atteinte aux droits et la belle, le Hongrois et lui partent pour Parme, sous domination espagnole. Évidemment, il tombe amoureux d’Henriette et le Hongrois s’efface devant cet amour partagé car à chaque fois Casanova aime, il est aimé de retour. Incidemment, il s’aperçoit par son nom que la belle Henriette est très certainement l’une de ses cousines. Qu’est-ce que ça peut faire du moment qu’on s’aime, comme dit la chanson.

Autre histoire, c’est autant de nouvelles, en fait. Une de ses amies lui demande expressément de réunir le maximum de linges pour une sœur qui, au couvent, souffre d’hémorragies après une fausse couche. Casanova s’y rend et, comme on pouvait s’y attendre, la couventine en question en tombe amoureuse.

S’ensuit une évasion rocambolesque où, à l’aide d’un moine, il échappe à ses gardiens qui le tiennent reclus dans un édifice entre l’église Saint-Marc et le palais ducal. Une description scrupuleuse, geste par geste, d’un ennui colossal, d’autant qu’on ne sait rien des tenants et aboutissants de ladite évasion.

Et puis c’est Paris, avec l’atroce exécution de Damiens, celui qui a intenté à la vie de Louis XV. Une vieille marquise est prise par derrière par le valet de Casanova – Tireta – alors qu’ils assistent au spectacle. La dame se plaint à Casanova et exige des excuses. Lui se doute qu’elle a dû être complice. Au final, Tireta devient l’amant de la duchesse quand Casanova lutine sa servante dans la pièce à côté, incognito. La dame a découvert la volupté et elle éconduit les prêtres qui jusque-là l’entouraient.

Une histoire qui aurait plu à Voltaire et, justement, le voilà qui apparaît. Il le rencontre à Genève et c’est sa grande admiration. Entre deux compliments, ils parlent littérature italienne : L’Arioste, Plutarque, Le Tasse, Dante… Deux esprits brillants qui semblent se mesurer. Il y aura deux autres rounds où ces hommes d’esprit rivalisent sur des sujets aussi divers que la religion, les superstitions, la politique… Ce qui n’empêche pas Casanova de trousser les trois filles de son logeur.

À Naples, il tombe amoureux de Leonilda, la maîtresse du duc qui l’a invité. Il faut savoir qu’il est invité partout et qu’il est rare qu’il ne couche pas avec les dames des lieux. Il décide d’épouser Leonilda mais, au moment de le présenter à Lutezia, sa mère, il s’aperçoit qu’ils ont été amants à Rome. D’ailleurs, Leonilda est sa fille et, nonobstant, il finit dans un lit avec mère et fille. On a beau s’efforcer de suivre ses aventures galantes, tout cela est très répétitif, voire ennuyeux.

On reprend les mêmes au chapitre suivant, mais à Lucerne. Le duc est mort et mère et fille vivent chez un autre nobliau qui a des vues sur elles. Il entend épouser la fille et la mère retombe dans les bras de Casanova mais, grâce à Anastasia, une servant qui s’entiche de lui, il peut donner le change et continuer ses marivaudages avec sa fille, en tout bien tout honneur.

Casanova se querelle avec un Juif dans un bel élan d’antisémitisme (Voltaire l’était aussi, antisémite) et Maldoquée, le Juif, entend lui démontrer qu’il est quelqu’un de bien et qu’il serait bien reçu chez lui. Il est donc hébergé et s’éprend de la fille de son hôte, Lia. Elle minaude et se dit pucelle mais Casanova lui lit des passages de l’Aretin, auteur libertin, et lui montre des estampes. Il la surprend en train de mettre les figures en pratique avec son jeune amant. Casanova se sent méprisé et , aux abords de la cinquantaine, il sent que son charme joue moins. Mais son voyage est retardé et, retournant chez son hôte, Lia s’offre à lui. On s’en doutait à peine.

À Trieste, c’est une servante qui vient le rejoindre dans son lit, refusant de suivre son maître et les aventures continuent avec Irène, une actrice mais on n’en peut plus. Finalement, Fellini ne se trompait pas de beaucoup en le traitant de con. Un phraseur infatué en tout cas. Don Juan, ou Don Peniblos ?

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ÉRIC VUILLARD – CONGO – Babel / Actes Sud

On replonge dans un Vuillard, après avoir été enthousiasmé par son Une sortie honorable sur l’Indochine. Ici c’est le Congo pour un court roman d’à peine 100 pages. Non fiction et histoire, sa marque de fabrique qui est aussi celle d’un Patrick Deville.

Un petit livre qui commence avec la conférence de Berlin en 1884 et le partage de l’Afrique par les puissances d’Europe occidentale. À la fois l’apogée et l’institutionnalisation du colonialisme.

On fait un focus sur le Congo dont l’explorateur Stanley fixe les limites sous les ordres du roi Léopold de Belgique, acheteur à titre privé de l’immense pays. Puis retour à ce conseil d’administration qui charcute le continent en fonction des intérêts de ses capitalistes et de ses capitaines d’industrie.

On s’attarde sur quelques colons explorateurs particulièrement ignobles : Lemaire l’incendiaire, Fievez le coupeur de mains, Wahis le séide de Leopold… Mais ils ne sont que des rouages d’un système inhumain et cruel. On pense aux héros de Joseph Conrad et à leurs tristes épopées coloniales les conduisant au bord de la folie. Car c’est bien de folie qu’il s’agit, même guidée par des intérêts.

Vuillard met le projecteur sur quelques personnages et il le fait avec la vacherie qu’on lui connaît et cet humour caustique et grinçant qu’il garde même en regard des pires atrocités. Ainsi des jumeaux Goffinet, tristes bourgeois bruxellois qui seront les fondés de pouvoir du roi Popaul, comme on l’appelle dans une parodie de La Brabançonne. La Belgique en prend d’ailleurs plein la gueule. On suit dans les dernières pages le calvaire de Fievez retourné dans son village, malade et alcoolique au dernier degré, cherchant désespérément une impossible rédemption.

Un petit livre sur la colonisation, le libre échange, la spoliation mais surtout une terrible réflexion sur le mal au sens métaphysique. On est quand même stupéfait par cette force du style, ces grâces d’écriture et cette colère infernale, cette rage déferlante. Vuillard n’écrit pas pour passer le temps ou pour faire un succès de librairie. Ses livres sont des hurlements contre un monde déserté par la grâce où le mal semble avoir triomphé sans partage. La lucidité cruelle d’un Léon Bloy ou d’un Bernanos, mais sans même la miséricorde du Christ.

DIDIER DAENINCKX – CANNIBALE – Verdier / Folio

Daeninckx, bof. Quelques bons romans comme le superbe Meurtre pour mémoire sur le 17 octobre 1961 ou encore Lumière noire sur un trafic de migrants sans papiers, mais aussi pas mal de ratés. J’en parle ici car le thème est voisin de celui de Vuillard, le colonialisme, mais Daeninckx n’est pas Vuillard, juste un bon artisan du polar à la française. C’est déjà pas mal. Daeninckx a l’écriture militante et met sa plume au service de causes justes qu’il défend. C’est honorable.

Ici, c’est l’exposition coloniale de 1931 et des kanaks enlevés à leur village pour garnir le pavillon des « cannibales » de Nouvelle-Calédonie. Entre le marigot aux crocodiles et la fosse aux lions, on leur demande, presque nus, d’impressionner le chaland par des cris et des grimaces menaçantes. Les foules apprécient l’exotisme et les frissons à bon marché.

Les crocodiles meurent tous et il s’agit de les remplacer. Un zoo de Francfort veut bien prêter les siens, mais à condition qu’on leur livre une poignée de kanaks, considérés comme autant d’animaux exotiques. Minoé, la fille du chef, et une dizaine de kanaks sont emmenés de force dans un bus censé les amener Gare de l’est via un dortoir de l’armée du salut à La Chapelle. Gocéné et Badimoin s’échappent du zoo humain et partent à leur recherche dans un Paris où tout leur est étranger : le métro, les avenues, les trains, les gares, les voitures, les gens…

On ne va pas détailler les péripéties mais qu’on sache que tout cela finit mal. Badimoin est abattu par la police et Gocéné n’est sauvé que par l’intervention énergique d’un ouvrier banlieusard qui paiera son geste de deux ans de prison. Mais Caroz, l’ouvrier, n’oubliera pas Gocéné et, à la retraite et une fois son épouse décédée, il ira s’installer en Kanakie.

Le récit est raconté par Gocéné à de jeunes indépendantistes qui tiennent un barrage contre la gendarmerie et les forces coloniales et cette histoire de zoo humain trouve des échos contemporains dans la répression contre le peuple kanak révolté, dans les années 1980 et de nos jours. La camionnette de Gocéné a été arrêtée par les jeunes avec Caroz en passager, et Gocéné a pu raconter son histoire, comme pour la transmettre de génération en génération. On le laissera passer.

Il y a cette scène où les deux kanaks, traqués par la police, trouvent refuge dans le gourbi d’un balayeur sénégalais, ex tirailleur gazé en 14-18, et c’est bouleversant d’humanité. C’est aussi ça Daeninckx, pas le talent d’un Vuillard ou d’un Deville, mais un souci constant des classes populaires, des chômeurs, des immigrés, des opprimés. Une compassion active pour tous les martyrs du capitalisme, pour toutes les victimes de la bêtise et de la haine. Ne serait-ce que pour ça…

« S’ils s’obstinent, ces cannibales, à faire de nous des héros / Qu’ils sachent que nous retournerons nos balles, contre nos propres généraux ». (L’Internationale).

ANTOINE CHOPLIN – LA NUIT TOMBÉE – La fosse aux ours

Un auteur que je ne connaissais pas, publié chez un petit éditeur lyonnais. C’est un ami qui me l’avait recommandé.

Une histoire incroyable, celle de Gouri qui circule en Ukraine en moto avec une remorque attachée derrière. Il a une idée fixe, rejoindre Pipriat, le village qu’il a du évacuer après Tchernobyl officiellement pour y retrouver des vestiges de son père mort et de sa fille. En chemin il s’arrête dans la famille et son oncle Iavkov, la peau devenue diaphane à cause des radiations, lui raconte comment il a été réquisitionné pour retourner la terre et faire évacuer les villages après la catastrophe. Il a fallu aussi tuer des chiens et des chats contaminés, même ceux de Piotr, un gamin attardé recueilli par le couple que Iavkov forme avec Vera, une mère courage restée optimiste malgré tout.

Gouri avait été engagé comme écrivain public à Kiev pour les demandes de dédommagements et d’indemnisations. Il a pu quitter le village le lendemain du drame et il y revient comme pour expier.

Les voisins sont invités pour l’occasion au dîner et on se raconte des souvenirs en lisant des poèmes que Gouri a écrit dans le temps, au son de l’accordéon. Une veillée qui renforce Gouri dans sa volonté de retourner là-bas, dans la zone interdite, au pays maudit. Kouzma, un voisin, veut l’accompagner et il prend place derrière la moto. L’équipée se poursuit et on prend un pont en échappant aux gardes et aux vigiles pour arriver à Pripriat et retrouver la maison familiale afin d’y glaner quelques souvenirs.

La porte notamment, cette porte où il avait fait des marques à chaque anniversaire de sa fille, qu’on devine morte, pour relever sa taille. Cette porte qu’il embarque, amarrée à la remorque, comme ultime souvenir des temps heureux, des temps d’avant la catastrophe.

Kouzma le quitte en s’engouffrant dans une forêt et Gouri revient chez Vera et Iavkov avant son retour à Kiev. Il trouve Iavkov mourant et il l’aide à écrire une lettre pour dire à sa femme son amour, ou disons son profond attachement, lui qui n’a pas les mots.

Un court roman émouvant avec ses petits riens et ses notations justes. Un roman de la mémoire, de la dignité et de la vie. Même une catastrophe nucléaire qui a anéanti toute une région inhabitée n’empêche pas les souvenirs, la nostalgie, le goût de ce qui a existé et des lieux où on a grandi. Des kilomètres à moto pour retrouver des bribes de vie passée. Une sorte de Quichotte ukrainien. Beau et intègre.

Tristesse… De Choplin.

Janvier 2025

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