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L’OLYMPIQUE LYONNAIS : GRAND CLUB MALADE

Le grand Lyon, circa 1963 – 1964. C’est Nestor Combin qui a le ballon. Photo trouvée sur un site de supporters de l’O.L, qui doivent être bien malheureux.

À Lyon, les performances ne concernent plus que l’équipe féminine de D1 Arkema. Les gones de Lyon (very bad gones) sont lanterne rouge de Ligue 1 avec 7 points au bout de 13 matchs et une seule victoire. Comment en est-on arrivés là ? Il n’y a pas si longtemps, Lyon dominait le championnat de France et était craint par toute l’Europe. Alors ? Retraite d’Aulas (grand partisan du modèle capitaliste footballistique), investissements hasardeux, transferts calamiteux, déclin des derniers grands joueurs. Un peu de tout ça, avec aussi des supporters ultras proches de l’extrême-droite.

Lyon est malheureusement devenue, outre la capitale des Gaules, la capitale de l’extrême-droite, avec ses universités et ses lieux culturels où les nazillons ont pignon sur rue. Le supportérisme à Lyon s’en ressent, depuis le vieux stade de Gerland jusqu’à l’actuel Groupama Stadium construit au temps de la splendeur du club et qui est devenu un gouffre financier. Aulas avait cru pouvoir faire face sur une stratégie consistant à recruter des joueurs à haut potentiel dans des petits clubs locaux avant de les revendre au prix fort aux grands clubs européens. C’est ce qui s’est passé avec les Benzema, Ben Arfa, Fekir, Tolisso ou Lacazette, mais le filon n’a pas été renouvelé et on voit mal avec l’équipe actuelle quels jeunes joueurs pourraient entrer dans ce schéma.

Aulas n’est plus là mais on se dit qu’il ne s’est pas vraiment mis en retrait et c’est John Textor, un milliardaire américain ayant fait fortune dans la vidéo à la demande et ex président de Botafogo, de Crystal Palace et du RWD Molenbeck qui préside aux sombres destinées du club et, s’il affirme qu’il fera tout pour maintenir l’O.L en Ligue 1, quitte à casser la tirelire durant la trêve hivernale, on sent tout ce qu’il peut y avoir de forfanterie dans ses propos. Gageons qu’il n’hésitera pas, en cas de relégation plus que probable, à mettre la clé sous le paillasson et à éteindre les lumières.

Les matchs se ressemblent à Lyon ou à l’extérieur, avec une défense fébrile où ne sont jamais alignés les Croates Lovren (ex Liverpool) ou Caleta-Car (ex O.M). Un bon gardien, Lopez, et un milieu de terrain où semblent se traîner aussi bien les vieux comme Tolisso (retour du Bayern) que les jeunes « espoirs » Cherki ou Caqueret. En attaque, c’est presque pire avec un Kadawere fantomatique, un Jeffinho inexistant et un Lacazette (revenu, lui, d’Arsenal) incapable de rééditer ses exploits passés. L’équipe marque peu et prend beaucoup de buts à tel point qu’un simple match nul contre une équipe modeste est saluée par le public comme un triomphe. Triste.

L’O.L n’a pas toujours été ce club médiocre au bord de la crise de nerfs, et autant se replonger dans le passé d’une grande écurie du championnat de France, ex grand d’Europe. Ironie du sport, comme disait Blondin, c’est Aulas qui était à la manœuvre pour la funeste « super league » qui n’aurait invité que l’élite dans une compétition où les clubs plus modestes n’auraient pas été conviés. On n’ose deviner ce qui aurait pu advenir du Lyon actuel dans un tel dispositif. La honte !

Au commencement était le LOU, Lyon Olympique Universitaire, plutôt un club de rugby doté d’une section football. C’est en 1950 que naît l’Olympique Lyonnais avec le football qui prend son autonomie. Pour la petite histoire, le LOU contestera juridiquement cette prise d’indépendance et le club reconstituera sa section football.

La phase d’amateurisme ne dure pas longtemps et l’O.L accède à la première division en 1951 avant de redescendre l’année suivante. Le club est largement financé par la municipalité d’Édouard Herriot et quelques joueurs prometteurs (Djorkaeff, Di Nallo, Hatchi, Rambert) sont recrutés pour une remontée à l’échelon supérieur.

C’est en 1963 que l’O.L dispute une finale de coupe, contre l’A.S Monaco avec une équipe où brillent Nestor Combin et Marcel Aubour. Ils disputent la Coupe des vainqueurs de coupe l’année suivante et sortent le S.V Hambourg en quarts de finale avant de tomber devant le Sporting Lisbonne en demis, au goal-average. Rebelote l’année suivante, où l’O.L gagne la coupe contre Bordeaux et rate son parcours européen après une défaite contre le F.C Porto. Mais Lyon n’est pas qu’une équipe de coupe, et l’équipe termine ses championnats aux places d’honneur.

L’O.L remportera encore la coupe en 1967, contre Sochaux, avec une nouvelle génération de joueurs dont Bernard Lacombe, Serge Chiesa, André Guy, Mohammed Lekkak, Yves Chauveau puis Raymond Domenech, plus le Yougoslave Mihajlovic ou le Tchèque Popluhar. Mais Lyon décline et les résultats en championnats ne sont pas brillants, même après une nouvelle finale en coupe – leur compétition favorite – en 1971 (battus cette fois par Rennes). Ils prendront leur revanche deux ans plus tard contre Nantes. C’est l’arbre qui cache la forêt, car les années 1970 sont celles d’un premier déclin et Lyon doit vendre ses meilleurs joueurs, dont Lacombe (Bordeaux) et Domenech (Strasbourg). C’est l’éternel rival Saint-Étienne qui prend la lumière des projecteurs, et Lyon s’achemine vers la deuxième division, en attendant Aulas.

Six longues années en deuxième division avant l’arrivée du jeune entrepreneur lyonnais adoubé par Tapie. Domenech revient comme entraîneur après le limogeage de Robert Nouzaret, un ancien du club, et Lyon remonte en 1989, deux ans après son arrivée.

Le reste appartient à un passé pas très lointain. En 1995, Lyon revient au sommet en se classant troisième avec une nouvelle génération où Garde, Roche et Maurice côtoient les internationaux brésiliens Marcelo et Anderson. Les résultats en C3 sont convaincants mais le club, en difficulté financière pour cause de transferts somptuaires, est obligé de s’associer au groupe Pathé de Jérôme Seydoux.

Viendront ensuite les années 2000, où les années O.L pour le football français. Un Lyon de plus en plus à l’heure brésilienne, avec Juninho, Fred, Cris, Caçapa, plus la génération des Benzema, Maoulida et Ben Arfa. Et des recrues de choix comme Toulalan ou Dhorasoo, sous la férule d’Aimé Jacquet, de Paul Le Guen ou de Jacques Santini, avant Gérard Houiller et Alain Perrin. Bilan, 6 titres de champion, une nouvelle coupe de France, une coupe de la Ligue et une coupe Intertoto au niveau européen.

Mais l’embellie ne dure pas et Lyon retourne dans ses travers financiers malgré un centre de formation performant. Un dernier titre en 2013, plus une nouvelle coupe de France, contre les amateurs de Quevilly, mais des contre-performances en coupes d’Europe et un nouveau déclin avant le règne sans partage du Paris S.G sous pavillon qatari, ne laissant à l’A.S Monaco ou au LOSC que des miettes.

On vous la fait courte, Lyon est toujours à l’affût, avec les Lacazette, Tolisso, plus Mendy ou Depay. C’est la valse des entraîneurs : Rudy Garcia, Hubert Fournier, Bruno Genesio, Peter Bosz, avec une victoire surprise contre Manchester City en Coupe d’Europe. Jusqu’à l’arrivée de Textor et la retraite d’Aulas.

Jusqu’au désastre actuel. La Ligue 2 l’an prochain ? Gones with the wind…

2 décembre 2023

PS : Lyon a gagné ses trois derniers matchs et a quitté la zone dangereuse. Ce n’est pas encore cette année qu’ils descendront, mais les Gones ont tremblé…

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