Reims aura été la capitale du monde, l’espace d’un week-end et le temps de recevoir le Paris Saint-Germain de Lionel Messi dont c’était le premier match. Messi arrivé de Barcelone pour 41 millions d’Euros annuels (pour un contrat de deux ans prolongeable d’un an). À Reims, on se sépare de quelques joueurs chevronnés pour lancer des petits jeunes dans le grand bain. Une recette éprouvée pour des clubs à petit budget, mais pas sans risques d’accidents lorsque les jeunes pousses demeurent d’éternels espoirs.
3 nuls, une défaite (contre le Paris Saint-Germain quand même et une égalisation refusée pour un hors-jeu signalé par la VAR qui voit des hors-jeux partout) et une belle victoire ce week-end à Rennes, qui fait figure d’outsider sérieux cette saison, même après le départ de Camavinga au Real Madrid.
Un premier match nul (0 -0) à Nice, d’autant plus méritoire qu’on connaît les ambitions niçoises avec un Galtier qui rêve d’un nouveau titre, après la divine surprise lilloise de la saison dernière. C’est ensuite Montpellier à domicile et un 3 – 3 logique, même si on peut déplorer côté rémois des erreurs de défense inhabituelles et même si on oublie pas que Ilan Kebbal a heurté le poteau dans le temps additionnel. Puis c’est Metz avec un 1 but partout cette fois, et encore un but refusé au même Kebbal qui semblait parfaitement valable. Accordé dans le feu de l’action, la VAR voit ensuite une position de hors-jeu. D’un quart de pied, on va dire.
C’est ensuite la venue du Paris Saint-Germain et les deux buts de M’ Bappé. Un doublé plein de maîtrise et de réalisme, mais un but de Munetsi refusé injustement et un penalty qu’un arbitre moins hésitant aurait sifflé sans tergiverser. Mais bon, c’est le Paris Saint-Germain saison 2021 – 2022, la meilleure équipe qu’ils n’ont jamais eue avec un trio d’attaque Messi – Neymar – M’Bappé. Peut-être pas encore la dream team, mais l’attaque de rêve assurément.
À Rennes, une victoire inespérée avec deux buts inscrits par la classe biberon : un premier but de Hugo Ekitiké (admirez le palindrome), un Rémois de naissance arrivé au club à 11 ans ; un second du jeune N’Dri Philippe Koffi, un Ivoirien venu de Laval. Tous deux âgés de 19 ans. Comme un autre ivoirien, El Bilal Touré, déjà remarqué pour quelques jolis buts les deux saisons dernières et retenu alors qu’il souhaitait partir. Si Lorient a son Moffi, un buteur fou nigérian venu de Belgique, le Stade a son Koffi, peut-être en passe d’être aussi efficace.
Il y a une époque où on parlait de la filière ivoirienne de Jean-Marc Guillou, la fameuse académie, qui consistait à aller chercher des jeunes joueurs en Afrique et à les faire jouer dans des clubs européens, belges le plus souvent puisque des clubs de Jupiler Ligue, notamment le KSK Beveren servaient de terminus à ces perles noires. On ne sait pas si le Stade a son Monsieur Afrique, mais les jeunes recrues d’origine africaines frappent à la porte du stade Auguste Delaune.
Côté transferts, on enregistre de nombreux départs, certains éternels remplaçants pour, dit-on, obtenir ce fameux « temps de jeu » devenu une denrée rare : le Néerlandais Kaj Seerhuis (auteur d’un but en deux saisons, et encore, en Coupe de la Ligue) à Heracles (Pays-Bas) ; le Suisse Derek Kutesa, à Zulte Waregem (Belgique) ; l’Autrichien Dario Maresic, à l’ASK Linz (Autriche), et Xavier Chavalerin, monsieur « trois poumons », titulaire indiscutable lui, qui va pourtant jouer pour les voisins de Troyes. C’est un transfert définitif, hélas.
On a ensuite les joueurs prêtés, des jeunes de National 2 qui ont joué un match ou deux à l’étage supérieur. C’est le cas de Logan Costa (à Toulouse), de Drammeh (à Vejle, Danemark), de De Smedt, recruté par Wilrijk, promu en Jupiter Ligue ou encore des gardiens Lemaître (Quevilly Rouen, transfert définitif) et N’ Diaye (Boulogne). Dommage que le club se sépare de l’excellent Brahimi, prêté l’année dernière à Orléans comme N’Kada cette saison. Sauf que Brahimi va jouer chez le rival angevin, ce qui fait un peu ballot.
Mais c’est bien sûr le transfert de Boulaye Dia à Villareal qui fait mal, même si on savait depuis un an que le Sénégalais serial buteur était en fin de contrat, libre de choisir un club à la mesure de son immense talent. C’est chose faite, et l’Olympique de Marseille est passé à côté.
Au rang des arrivées, un retour de prêt, celui de Ilan Kebbal dont on a déjà parlé. Il jouait à Dunkerque, en ligue 2, la saison dernière et il est de retour. Un milieu de terrain offensif très fin, très technique et à l’aise avec le ballon, ce qu’il a déjà prouvé lors des premiers matchs. Il a décroché sans trop forcer une place méritée de titulaire et ce sera bien le joueur à suivre cette saison.
Autres retours de prêt, l’Écossais Fraser Hornby, prêté l’année dernière à Aberdeen ; le Grec Anastasios Donis, prêté au VVV (Grèce) ; Sambour Sissoko (retour de Quevilly Rouen) et le Turc Metehan Güçlü, (retour de Valenciennes).
Les vraies arrivées ne sont pas légion. En défense, Andreaw Gravillon, un défenseur central venu de Lorient mais qui a passé la majeure partie de sa carrière en Italie, à l’Inter de Milan notamment. En milieu de terrain, Azor Matusiwa, un Néerlandais venu de Groningen dont on dit le plus grand bien. Rafik Guitane, un jeune joueur de Rennes prêté au Maritimo, club portugais toujours bien classé en championnat. Là aussi, un espoir du football français réputé pour la classe et le style qu’il avait déjà démontré avec Le Havre AC. Et le gardien vétéran Penneteau (41 ans), blanchi sous les harnais de Bastia ou Valenciennes et aguerri chez les zèbres de Charleroi. Papy goal.
Enfin, transfert de dernière minute, Mitchell Van Bergen, un jeune néerlandais de Herenveen, un club qui avait déjà cédé au Stade le kosovar Arber Zenelli, excellent joueur malheureusement trop souvent blessé. Encore cette saison…
En parlant de Kosovars, on a aussi Berisha, un milieu défensif qui brille le plus souvent par son absence. C’était pourtant le transfert le plus onéreux de la saison dernière. Autrement, on a toujours le Serbe Rajkovic dans les buts, un gage de sécurité. Le patron, Yonnis Abdelhamid, en défense centrale, solide dans sa zone et auteur de nombreux buts de la tête sur corners. Le Belge Wout Faes, peu sûr de lui en début de saison dernière, mais qui s’est affirmé de plus en plus comme un deuxième patron de défense. En arrières latéraux, Thomas Foket, international belge, est toujours là et, de l’autre côté, Ghislain Konan, un autre ivoirien, assure sur l’aile gauche. Il lui arrive aussi de marquer.
Au milieu, la garde noire avec Munetsi et Cassama, véritables poumons de l’équipe et buteurs occasionnels. On a déjà parlé de Kebbal en milieu offensif, mais on peut aussi compter sur l’international espoir M’ Buku et sur le jeune Cafaro, capable de matchs d’exception comme de parties transparentes. On oublie pas Moussa Doumbia, le Malien, excellent lors de sa première saison mais moins vif après sa blessure et un arrêt de plusieurs mois. Doumbia se bat pour regagner une place de titulaire. Qu’il reçoive ici tous nos encouragements.
On peut parler aussi des jeunes Flicks ou Lopi, apparus pour la première fois la saison dernière et qui rêvent de remettre les crampons sur la pelouse de Delaune, mais la concurrence est forte et, sur un effectif d’une trentaine de joueurs, seuls 11 sont alignés chaque week-end. Les autres cirent le banc ou évoluent dans la réserve de National 2. Ou sont prêtés…
On a déjà évoqué l’attaque et ses jeunes pousses : El Bilal Touré, Ekitiké, Koffi, mais on peut aussi retenir les joueurs d’expérience comme Hornby ou Donis, malheureusement complètement inefficaces depuis leurs débuts au club. Peut-être cette saison sera-t-elle la bonne ? Plus ce fameux Van Bergen, buteur hollandais souvent signalé hors-jeu mais dont la hargne et l’opiniâtreté impressionnent. Le profil type d’un renard de surface.
Un changement d’entraîneur également, puisque, on l’a dit, l’excellent David Guion (qui n’a toujours pas trouvé de club) a été remercié par le président Caillaud. C’est donc l’Espagnol Oscar Garcia Junyent qui officie sur le banc, ancien joueur du Barça et de l’Espanol de Barcelone, et ancien entraîneur d’une tripotée de clubs européens sans jamais avoir brillé plus que de raison, que ce soit en Espagne, au Celta Vigo, en Autriche, au R.B Salzbourg, ou en France à l’A.S Saint-Étienne où il aura passé une demi-saison. Bilan globalement médiocre.
Voilà, reste à croiser les doigts tout le long de la saison et surtout la semaine prochaine, pour la réception du F.C Lorient, leur bête noire, ou du moins l’une de leurs bêtes noires (ils en ont beaucoup). Au moins, les préliminaires de la Coupe Europa ne viendront pas troubler leurs débuts, comme l’année dernière et leurs 2 points en 7 matchs. Ils en sont déjà à 6 après 5 matchs.
Malheureusement, on pourra pas les voir à Reims où les abonnés sont toujours prioritaires. Mais il reste Lille (le 22 septembre) et Lens. Des matchs gagnables, même si les deux clubs nordistes ont le vent en poupe.
Allez, on va leur pronostiquer une modeste 13° place, un peu mieux que l’année dernière. Pas trop de menace de relégation, il y a pire, mais pas non plus d’espoir de décrocher une place d’honneur. Condamnés donc à végéter dans le ventre mou du classement. Malgré quelques éclairs au fil des matchs. C’est un peu ça le problème. Mais restons positifs. Tous ensemble avec moi : « Allez Reims ! », « Qui n’est pas Rémois ne saute pas ! » ou « Allez les Rouges !» (ad libitum).
12 septembre 2021