MICHAEL MOORCOCK – ELRIC (L’intégrale) – Pocket / Fantasy
Un gros bouquin de 600 pages qui propose l’intégrale, comme son nom l’indique, des aventures d’Elric dit aussi le Nécromancien, un prince blond albinos diaphane atteint d’une maladie du sang et qui doit s’abreuver de certain élixir pour subsister.
Un gros bouquin qui compte trois histoires : Elric des dragons, La forteresse de la perle et, pour finir, Le navigateur sur les mers du destin.
Le prince Elric est un roi sans divertissement, comme aurait pu l’écrire Giono, et il s’ennuie sur le trône de rubis que convoite Yirkoon, son rival, le frère de sa bien-aimée Cimoril. C’est le royaume de Menilboné, dit aussi l’île des Dragons. Elric devra repartir au combat nanti de son épée magique, Stormbringer, et il affrontera mille périls dans des aventures insensées menées dans les jeunes royaumes, aux confins du temps et de l’espace, sur terre ou sur mer.
Il partira dans la quête de la perle, cette perle censée lui ramener à la vie Cimoril, prisonnière d’un sortilège qui la retient inconsciente. Le prix à payer est élevé et il lui faut nouer un pacte avec le seigneur du chaos, Arioch, pour triompher.
S’en suivent des aventures en mer sur une sorte de nef des fous ou de vaisseau fantôme pour accoster à l’ancien royaume de Menilboné où gît l’homme de jade, celui qui fut condamné à l’éternité après avoir assisté au sommet des dieux. L’homme de jade finira par mourir après que Elric eût tué Avan Astran au fil de son épée. Une vie pour un mort.
Voilà résumés à gros trait, si c’est possible, les aventures de Elric. Des récits fascinants avec des univers parallèles, des temps qui se confondent, des rêves qui peuvent devenir réels, des voleurs de rêve et bien sûr des sortilèges, des actes de sorcellerie, des batailles sanglantes, des monstres, des démons et des merveilles, comme aurait dit Lovecraft.
Des univers beaux et inquiétants que Moorcock n’a pas son pareil pour imaginer et décrire, car il faut une imagination prodigieuse pour créer tant de mondes disparates, chacun ayant ses propres lois, sa faune, sa flore, ses habitants, ses mythes et ses légendes.
Cartésiens et rationalistes s’abstenir, car ce que nous propose Moorcock va bien au-delà du fantastique et s’apparente à la pure féerie, même si ses histoires sont souvent des métaphores du monde réel, de sa brutalité, de sa violence et de sa folie. Le pouvoir, la gloire, l’argent et le sexe sont toujours recherchés par tous les protagonistes, et c’est une constante.
Moorcock est le père de l’Heroic-Fantasy, un genre particulier inspiré de Tolkien et, comme pour l’auteur du Seigneur des anneaux, des légendes celtes, scandinaves ou germaniques. Il nous intéresse tout particulièrement pour avoir aussi été le parolier de groupes de rock comme Hawkwind en Angleterre ou le Blue Öyster Cult aux États-Unis. On insistera jamais assez sur le style pur et imagé de ces histoires incroyables qui défient l’imaginaire le plus fertile.
On ne va pas comparer, les genres, les traditions et les auteurs, mais quand on voit le nombrilisme et l’univers étriqué de la plupart de nos écrivain-es de ce pays, on pourrait leur demander de lire ce livre et d’autres ouvrages de Michael Moorcock, ne serait-ce que pour leur faire prendre conscience qu’il existe autre chose qu’eux et leurs petits ego chatouilleux. Mais c’est peine perdue.
À presque 85 ans, Moorcock va bientôt rejoindre l’un de ces univers qu’il a dépeint pour nous, pauvres mortels. Mais peut-être est-il immortel, comme la plupart de ses héros, même si l’immortalité c’est long, surtout vers la fin
SIMENON – MAIGRET SE FÂCHE / LA PIPE DE MAIGRET – .Presses de la cité.
On sait depuis longtemps, et on n’ a pas attendu la biographie de Pierre Assouline pour le savoir, que l’œuvre de Simenon vaut beaucoup mieux que lui. Un grippe-sou obsédé sexuel sans empathie et sans compassion qui a toujours défendu bec et ongle son frère, un fasciste traîné en justice pour des affaires criminelles. Mais foin de Simenon, on va parler de Maigret, le commissaire débonnaire et bougon, roi du Quai des orfèvres et parvenu au statut de mythe.
Et pourtant, que d’humanité dans ses romans. On peut sûrement dissocier l’homme et l’œuvre, comme avec Céline ou Depardieu, mais qu’importe. On va s’épargner les dissertations. Tout est question d’atmosphère, comme dans tous les bons Maigret (en existe-t-il d’ailleurs de mauvais?). Il décrit une France qui n’existe plus, un Paris de légende et surtout une province et une campagne où des drames se nouent derrière les volets des maisons qu’on observe depuis les vitres d’un train.
Dans Maigret se fâche, la première histoire, Maigret coule des jours tranquilles en tant que retraité à Meung sur Loire, dans le Loiret et une vieille dame autoritaire vient lui faire rependre du service. Maigret reprend donc la route vers un petit village de l’Essonne (la Haute-Seine à l’époque) où il rencontre un ancien camarade de lycée qu’on appelait « le percepteur » à cause de la profession de son père.
S’ensuit une intrigue compliquée sur fond de nœud de vipère et de drame familial où « le percepteur » joue le premier rôle. Un parvenu qui s’est introduit dans une riche famille pour pousser le fils au jeu et l’endetter. Il se suicidera après des carambouilles financières quand « le percepteur » épousera la fille de la maison après avoir fait venir son frère, un être falot et insipide, pour marier la cadette enceinte de ses œuvres.
La fille du frère et de la cadette s’est suicidée à son tour et celui qu’elle croit son cousin et qui est en fait son frère est séquestré dans un abri pour éviter qu’il en fasse de même ou crie la vérité. Mais le bon gros Maigret, qui déteste viscéralement ce monde de faux-semblant des parvenus flambeurs (on ne disait pas encore « bling-bling ») a reniflé les dessous de l’affaire et fera sortir la vérité toute nue de ce puits infect. Maigret se fâche contre l’hypocrisie, la bassesse d’âme et l’absence de scrupules d’une bourgeoisie de province qui rappelle celle d’un Claude Chabrol.
Il y a une scène émouvante où Maigret va aux renseignements Quai des orfèvres et retrouve ses collègues – Janvier, Lucas et Tarrence – qui le considèrent toujours comme le patron. Ils vont s’envoyer quelques chopes au bistrot Place Dauphine et déjeunent ensemble. Une choucroute, probablement.
La seconde histoire est plus courte. La pipe de Maigret lui a été dérobée à son bureau et il s’en trouve fort agacé. Une vieille dame accompagnée de son fils y étaient venus pour se plaindre de bruits nocturnes et de ce qu’elle soupçonne être des effractions, sans que rien ne soit volé. Le fils tempère les craintes de sa mère mais il disparaît peu de temps après cette entrevue.
Là aussi, l’enquête se dirige vers un petit truand fraîchement sorti de prison après avoir tué l ‘un de ses complices dans le vol d’une bijouterie à Nice. Leur planque était située dans la maison de la vieille dame et le jeune homme, qui en savait trop, devait mourir. Sauf que Maigret est arrivé et a confondu l’assassin dans une guinguette de Chelles où il séquestrait le jeune homme, celui qui avait mené sa propre enquête sur les bijoux avec la pipe de Maigret au bec, puisque c’était lui le voleur.
Maigret lui propose d’autres pipes pour le consoler d’avoir échappé à la mort, mais celui-ci décline, arguant que ce ne serait pas vraiment « la pipe de Maigret ».
Une histoire courte, une nouvelle, tout aussi bien menée que la précédente, avec une économie de mots et un style sec au service d’éléments d’atmosphère, de détails qui font vrai et de personnages cocasses.
La pipe, les demis du café de la Place Dauphine, le bœuf-carottes de Madame Maigret, le Paris de l’après-guerre, des fumées de tabac gris et une gueule d’atmosphère, à couper au couteau. Ô nostalgie !
TCHEKHOV – CE FOU DE PLATONOV / LE SAUVAGE – Gallimard / Le livre de poche.
Avec Maupassant et peut-être Raymond Carver, Tchekhov a toujours été mon nouvelliste favori. Mais il est bien plus célèbre pour ses pièces et ce gros livre en propose deux, l’une parmi les plus connues (La cerisaie, La mouette, Oncle Vania, Les trois soeurs…), l’autre qui l’est moins.
Ce fou de Platonov : Anna Petrovna, riche veuve d’un général, invite ses connaissances en villégiature tous les ans dans sa maison de campagne. Parmi les nombreux invités figure Platonov, personnage principal de la pièce. C’est un intellectuel désabusé et cynique, devenu professeur en province, qui est aussi un séducteur poursuivi par les ardeurs de trois femmes : Anna la riche propriétaire, Sofia, une ancienne maîtresse qui le poursuit de ses assiduités, et son épouse légitime Sacha qui se désespère de ses incartades et, à chaque retour honteux au foyer, lui fait fête et imagine repartir sur des bases nouvelles.
On suit les pérégrinations et les conversations de toute une bourgeoisie de l’époque tsariste avec, en arrière-plan, quelques moujiks méprisés et qui existent à peine dans le regard de leurs maîtres. On a donc, en plus de la description réussie d’une certaine société, les états d’âme d’un homme conscient de son égoïsme et de sa vanité qui cède à toutes les sollicitations des femmes lui tournant autour.
Tout cela finit mal, et Platonov, après avoir papillonné et recueilli les faveurs des femmes, s’enfonce dans le désespoir. La morale de Tchekhov est claire qui veut qu’on ne peut prétendre au bonheur sans honnêteté et sans fidélité à ses valeurs. Son Platonov a d’ailleurs beaucoup de traits communs avec l’Oblomov de Gontcharov et souligne la vacuité de la bourgeoisie de ces temps, son goût des plaisirs et des distractions sans aucune conscience sociale, sans aucune compassion, sans aucune humanité.
Et puis le vent tourne, la propriétaire est ruinée à la suite d’une coalition de ses créanciers, Sacha tente de se suicider et Platonov est tué par Sofia au bout de l’ultime scène. La farce en apparence légère bascule dans le tragique.
La pièce date de 1880 et annonce à sa façon les bouleversements historiques à venir à travers ces personnages frivoles qui dansent sur un volcan et finiront dans les poubelles de l’histoire.
Le sauvage (cette pièce qui deviendra Oncle Vania) : On attend des invités pour un anniversaire, notamment le professeur Serebriakov, un fat, et sa femme Éléna Andreevna. Ils tardent à arriver, mais les premières scènes servent à présenter les personnages. Puis l’action se déplace dans la propriété du professeur qui maudit sa vieillesse et se plaint de crises de goutte devant son épouse, plus jeune que lui, et excédée par ses gémissements.
On appelle le Sauvage, ou Khrouthchev, un médecin qui est aussi un amoureux de la forêt et de la nature, un écologiste avant la lettre. Khroutchev est lui amoureux de Sonia, la fille que Éléna a eu en première noce.
Comme dans Platonov, Tchekhov décrit un microcosme où les gens adorent parler, font profession d’amitié et d’amour avant de se haïr. La pièce bascule aussi dans la tragédie quand Voinitzki se suicide après que Serebriakov lui eût parlé de vendre sa propriété et de partir en Finlande, le laissant sans toit. Éléna quitte Serebriakov qu’elle tient pour responsable du suicide. Elle reviendra et, à la dernière scène, c’est Fédor Ivanovitch, un jeune noceur personnage dostoïevskien, qui est choisi par Sonia.
Le sauvage peut retourner à ses forêts et Tchekhov met en parallèle le désordre d’une micro-société de petits propriétaires perdus dans des intrigues mesquines avec la nature saccagée et malmenée. La pièce date de 1989. Un visionnaire, et un dramaturge brillant tant il sait faire vivre ses personnages et a cette capacité à décrire une société qui s’étiole dans les mondanités, les commérages et l’alcoolisme.
Pas la pièce la plus connue de Tchekhov et c’est dommage. Lire du théâtre n’est pas toujours passionnant mais c’est Tchekhov avec ses citations de Lermontov, de Gogol ou de Pouchkine. Ça se lit comme un roman russe, avec la fumée du samovar et le goût de la vodka. Merci camarade Tchekhov.
BAUDELAIRE – CONSEILS AUX JEUNES LITTÉRATEURS / DE L’ESSENCE DU RIRE – Éditions Sillage.
Deux courts textes de Baudelaire parus dans des journaux de l’époque, l’un en 1851, l’autre un peu plus tard en 1855. L’époque où Baudelaire vend sa plume dans les gazettes avec des chroniques où point déjà son humour grinçant. Baudelaire en dandy journaliste.
Conseils aux jeunes littérateurs n’a pas grand-chose à voir avec la Lettre à un jeune poète de Rilke. C’est plutôt, sur un mode sarcastique, des considérations sur la malchance, les débuts, les alliances, les relations, l’inspiration, le rôle des femmes et les conditions matérielles du métier d’écrivain. Tout ce qu’il y a de plus sérieux, mais on devine le sourire narquois de l’auteur derrière ces recommandations de simple bon sens.
Plus drôle encore est cette charge ironique contre le parti de la vertu (Les drames et les romans honnêtes), et l’école artistique dite du bon sens en lutte contre un romantisme dévastateur, selon eux, dans une absence totale de mesure et une certaine complaisance pour le mal. Satanique, disent-ils. Baudelaire s’en donne à cœur joie contre les représentants de cette école en dénonçant toute intervention de la morale et de la vertu dans l’œuvre artistique. Enlevé !
Ce sont de courts textes, d’une vingtaine de pages. Des articles de journaux. Pas comme De l’essence du rire, qui se présente comme un essai philosophique sur le rire. Le rire qui, selon Baudelaire, est d’essence réellement satanique et est proscrit par les religions (Dieu a-t-il jamais ri?). Le rire vient de la supériorité de l’homme ou du sentiment qu’il en a, et Baudelaire de convoquer Rabelais, Molière, Hoffman et ses contes et de distinguer les différents rires (grotesque, rire significatif, rire relatif, rire absolu, pantomime…) et tous les rires analysés selon le génie propre de leurs pays respectifs. Le rire comme prise de conscience du malheur des hommes, de leur malédiction, comme le traiteront plus tard Lautréamont ou Breton dans son Anthologie de l’humour noir (qui cite d’ailleurs Baudelaire, un Baudelaire sadique auteur du Mauvais vitrier dans Le spleen de Paris). La vie en beau !
Pas spécialement drôle, mais très instructif et éclairant, plus pertinent en tout cas que Le rire de Bergson qui m’a toujours fait bâiller. « Du mécanique plaqué sur de l’humain ». Bof.
Cette version de ce texte date de 1857, l’année de la publication des Fleurs du mal, un autre genre de
rigolade.
DANIEL LESUEUR – COUVRE-FEU AU PAYS DES LUMIÈRES – Auto-édition
Daniel Lesueur, ancien journaliste rock passé au livre et à l’édition – entre autres – est mon « relecteur » et mon éditeur depuis une bonne dizaine d’années et je ne serai donc pas objectif dans cette chronique. 18 livres au compteur pour moi, et des échanges parfois vifs mais toujours dans le respect mutuel.
Une petite critique de forme : le format du livre, mal aisé à lire ailleurs que dans son canapé, et la pagination chargée qui fait un peu « casse-croûte », mais on finit par s’y faire.
J’avais déjà lu une première mouture de ce livre, sous un titre différent, que j’ai relu avec grand plaisir.
De quoi s’agit-il ? Un tableau, une fresque, qui compile des centaines d’extraits de livres, de coupures de presse et de données statistiques sur l’état de la France au moins depuis la première guerre mondiale. On le voit, le propos est ambitieux et Lesueur se fait à la fois historien, sociologue, moraliste et philosophe. On connaissait le déclinisme, soit cette tendance au « c’était mieux avant » incarnée notamment par un Nicolas Baverez et une certaine droite derrière lui, mais l’auteur, si l’on peut le rapprocher de cette école, n’a pas ce côté réactionnaire qu’on trouve sous ces latitudes. Non, c’est là le livre honnête d’un humaniste qui ne se résout pas au déclin – on ne va pas dire au déclin de la France, ce livre n’a rien de cocardier ou de nationaliste – mais plutôt à l’abaissement des valeurs humaines d’entraide, de coopération, de générosité et de bonté (un mot qui choque tant il est démodé).
On a d’abord une vision historique, depuis le début du XX° siècle jusqu’à nos plus récents jours, de l’évolution du pays. De 14-18 à la Macronie en passant par les années 30, la seconde guerre mondiale, Pétain, De Gaulle, la IV° République, Pompidou, Giscard, Mitterrand… Ces rappels historiques sont croisés avec diverses thématiques : agriculture, santé, économie, éducation, famille, jeunesse, argent,, religion, politique, modes de vie, communication… Les constats sont très souvent justes, même si on n’est pas toujours d’accord avec l’auteur quant aux racines ou aux causes.
Un livre bien construit. Le propos général est de dénoncer cette course à la modernité qui, en brûlant tous les vaisseaux de l’humanité, toutes ses valeurs et ses enseignements, avilit et corrompt. L’auteur s’attaque à l’argent roi, au règne de la facilité, de la débrouille individuelle, de l’égotisme et du cynisme. On n’a pas la place pour disséquer chaque chapitre, mais on voit bien l’idée et elle est défendue avec talent et conviction, en polémiste.
Lesueur n’est pas pour rien un spécialiste du rock et de la chanson (du cinéma aussi). Sur le rock, il en connaît dix fois plus que moi qui passe pourtant dans mon entourage pour un érudit. Des chanteurs et des chansons parcourent l’ouvrage, et cela lui donne une note nostalgique bienvenue.
On peut regretter l’abondance des citations et critiquer le choix de certains auteurs tels Alexis Carrel, père de l’eugénisme et précurseur du nazisme, Jean Montaldo, ex plume de Minute ou François De Closets, éternel pourfendeur du service public, de l’état social et des fonctionnaires. Mais on trouve aussi des journalistes du Monde Diplomatique, Debord, Chomsky… À charge et à décharge, disons que le propos n’est pas politiquement situé, se revendiquant d’un humanisme plutôt apolitique.
On peut aussi tiquer lorsque l’auteur parle d’écologie en laissant entendre que des formations politiques comme LFI ou Les Écologistes ont abandonné l’écologie originelle d’un René Dumont ou de ses premiers théoriciens (Gorz, Ellul, Illich…). L’écosocialisme a été théorisé par cette gauche comme l’écoféminisme et d’autres courants plus modernes. Mais tout cela n’est pas bien grave.
Pour le militant d’Attac que je suis, c’est tout le discours économique et social sur les inégalités, la mondialisation, l’économie casino ou les multinationales qui font mouche. Pas nouveau certes, mais bien dit et bien senti.
Il est dommage que ce livre n’ait pu trouver d’éditeur, mais Lesueur n’appartient pas au gratin universitaire et n’est pas du nombre des intellectuels médiatiques. Il écrit en honnête homme, au sens que lui donnait La Bruyère ; quelqu’un qui s’indigne et pousse un coup de gueule devant l’ahurissante dérive à laquelle nous assistons.
D’aucuns pourront dire qu’il n’y a rien de nouveau sous le soleil et que tout cela a déjà été dit mille fois, sauf qu’une telle mise en perspective et une telle masse d’informations compilée laisse songeur. Un manuel de savoir-vivre, à l’usage des vieilles générations.
Ah Didier ! Avec Maigret, tu me prends par les sentiments ! Je les lis et relis depuis des décennies. Une atmosphère inimitable, le Paris éternel, les petits « jaunes », le boeuf en daube, la brasserie Dauphine… Et Maigret, fils de régisseur, issu du petit peuple qui coffre les riches et les notables… Sans compter ma fascination particulière pour Mme Maigret, que Simenon qualifie de « mémère » mais qui est bien plus fine qu’on ne le pense et dont le personnage va s’étoffer au fur et à mesure de l’accumulation des ouvrages consacrés aux enquêtes de son mari !
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Merci Didier pour ces introductions à des ouvrages que je ne connaissais pas ou que je n’ai pas encore lus. Un remerciement particulier pour cette présentation au livre de Daniel Lesueur à qui je souhaite de trouver ce qu’il recherche.
Je n’ai jamais aimé Les Maigret, ni Simenon d’ailleurs que j’ai toujours trouvés d’une indécrottable misogynie.