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RETOUR À REIMS 7

Keito Nakamura, la perle nippone du Stade de Reims (photo Wikipedia).

Rappel des épisodes précédents : la descente abracadabrantesque en Ligue 2 après 7 ans passés en Ligue 1 et un mercato d’été qui a vu partir la plupart des joueurs de l’équipe reléguée. Un nouvel entraîneur, le Belge Karel Geraerdts, et un recrutement low-cost pour sortir le plus rapidement possible d’une division où (cliché) « tout le monde peut battre tout le monde ». Avec le gardien des Espoirs Jaouen, des piliers expérimentés comme Teuma ou Pallois, quelques jeunes prometteurs et surtout Keito Nakamura, l’un des rares à être restés, ; le challenge est jouable, même si, à mi-chemin, c’est loin d’être gagné. Retour sur une saison (en cours) où tout espoir de remonter n’est pas perdu, à condition de renforcer une défense qui prend trop souvent l’eau.

Le président Caillot l’a dit et répété : « les statistiques nous donnaient 1 % de chances de descendre avant les dernières journées ». Eh oui, ces fameuses statistiques qui sont mises à toutes les sauces dans le monde du football. On appelle ça maintenant des Data et on sait combien de kilomètres chacun a parcouru, combien de ballons gagnés ou perdus, combien de passes, combien de tirs, de centres, de passes décisives… C’est le football moderne où tout est pesé, chiffré, rationalisé. On a tellement dit que les défaites et les victoires se jouaient sur des détails qu’il faut se donner toutes les chances de conjurer le sort. En tout cas, les statistiques ont menti sur le maintien du Stade de Reims en Ligue 1. Après deux victoires, à Lens et contre Toulouse, on croyait nos Rémois sauvés, mais il y a eu cette série de défaites dans les derniers matchs (volés contre Strasbourg avec un Clément Turpin, l’arbitre international, d’une incompétence crasse puis défaits à Nice avant une défaite à la maison face à Saint-Étienne et une ultime défaite à Lille). Pendant ce temps, Le Havre refaisait son retard après des victoires contre des clubs démobilisés du ventre mou du classement. Lors de la dernière journée, les Rémois étaient sauvés à dix minutes de la fin, après avoir encaissé un penalty (sévère) à Lille, les Havrais marquaient eux aussi sur penalty à Strasbourg, dans les arrêts de jeu, et remportaient le match. Une Panenka remarquable qui condamnait les Rémois à la deuxième division ou à la Ligue 2 comme on dit depuis.

Restaient les barrages avec un nul encourageant à Metz pour le match aller. Une finale de coupe de France perdue 3-0 contre le PSG entre les deux tirs de barrage et, pour finir, une défaite au match retour aux prolongations contre les mêmes messins pourtant menés à encore 5 minutes de la fin. La malédiction des rouges et blancs et la frange la plus radicale des supporters – les Ultrems – qui cassait les sièges et insultait le staff pour décider d’une grève du terrain pour la saison prochaine.

Le président Caillot avait dit et répété qu’il faudrait se lever de bonne heure (et payer cher, très cher) pour débaucher des joueurs qu’il allait conserver jalousement, y compris contre leur gré. Là aussi, paroles en l’air et promesses de Gascon : le gardien Diouf, qui venait de scolariser ses enfants à Reims, partait à Nice ; Buta repartait à Francfort, M’Bow, De Smet et Sanghi étaient transférés au Paris F.C, Ito à l’Antwerp, Diakité au Cercle Bruges, Kipré à Ipswich, Khadra au Havre, Atangana et Koné en Arabie Saoudite. Plus tard, Siebatcheu quittait le navire pour rejoindre un club de division 2 portugaise et, pire, le jeune Diakhon s’en allait au F.C Bruges. 13 de chute ! On ne parle même pas du jeune brésilien Moscardo, retourné au Brésil, ni de Agbadou ou de Munetsi, partis à l’inter-saison à Wolverhampton. Et encore, on s’attendait à ce que Nakamura nous fausse compagnie pour Villareal ou le Besiktas d’Istanbul, lesquels ne mettaient pas assez pour s’offrir les services de la perle nippone qui finalement, et à contre cœur, restait au club.

Côté arrivées, rien de terrible. D’abord Nicolas Pallois (ex Bordeaux et Nantes) qui arrivait en fin de carrière, à 38 ans. Un dernier tour de piste. Quelques transferts entrants de joueurs qui ne joueront quasiment pas : Demoncy, d’Annecy au milieu, Bourlet de Lille en défense qui repartira d’où il est venu après 0 minute de temps de jeu et Léauthey d’Amiens qui retournera en Picardie après quelques matchs ratés.

On en remettait une deuxième couche avec le recrutement de l’espoir belge Leoni (ex Charleroi et Anderlecht) au milieu et Bassette, un autre espoir belge passé par Malines et Coventry. Salama, prêté au Torino, revenait au club ainsi que le jeune Bojang, prêté, lui, aux Young Boys Berne. Teddy Teuma, en froid avec l’entraîneur Samba Diawara, affirmait son intention de rester depuis que son ami Karel Geraerdts qui l’avait entraîné à l’Union Saint-Gilloise avait été nommé au poste d’entraîneur. On ne parle pas des éternels blessés, l’attaquant et international danois Mo Daramy et Yaya Fofana, milieu de terrain tout feu tout flamme qui nous avait laissé beaucoup d’espoirs, hélas déçus.

Pour tout dire, on ne s’attendait pas à une saison mirobolante. Au premier match, le Kényan Okumu sortait sur civière et n’a toujours pas rejoué. Pas mal de blessures en ce début de saison, notamment du vétéran Pallois ou de Teddy Teuma, nos meilleurs vieux. On commence par un nul à Amiens.

Alors que Saint-Étienne, Troyes, le Red Star et Pau s’échappaient du peloton, Reims alternait défaites et victoires sans vraiment convaincre. Courtes victoires contre Le Mans et Guingamp, courtes défaites à Saint-Étienne et face à Dunkerque. Nouvelle défaite à Pau et un faux-pas chez eux, contre Grenoble, un nul heureux contre Troyes et d’autres contre Annecy et Rodez. Reims se cale en milieu de tableau et on ne croit déjà plus à une remontée en Ligue 1.

Ils gagnent à Nancy avant d’écraser Boulogne et Clermont. L’espoir renaît avec enfin une belle série fin novembre et début décembre : victoire à Bastia avant de battre Montpellier puis Laval. Et un nul à Saint-Ouen, au Stade Bauer, contre le Red Star. 29 points au total et une cinquième place inespérée, loin du leader Troyes et du dauphin Red Star, si les Audoniens obtiennent match gagné contre les Bastiais après un jet de fumigène sur un joueur. Le match ne sera sûrement pas rejoué.

En coupe, deux larges victoires à Charleville et à Torcy avant un 1/32° de finale face à l’I.C Croix, autant dire à côté de chez moi et je ne manquerai pas d’y être (0-4, j’y étais). Rappelons quand même le parcours étonnant des Rémois la saison passée, finalistes malheureux après avoir sorti l’A.S Monaco.

Le championnat reprendra ses droits avec la réception de Annecy le 3 janvier et on espère encore, sinon une montée directe, au moins une place en barrage avec, si possible, un peu plus de chance que l’année dernière. Mais est-ce vraiment de la chance ?

Reims est toujours fragile psychologiquement, avec une alternance de phases euphoriques et de phases dépressives. Le fait de marquer en premier est souvent décisif et synonyme de victoire mais, à l’inverse, l’équipe se désunit dès que l’adversaire mène au score, attaquant la fleur au fusil et se prenant des buts en contre.

Le gardien, Jaouen, est une valeur sûre, portier des Espoirs. En défense, un Sékoné limité et peu convaincant dans ses montées offensives et une charnière centrale poreuse avec un Pallois qui multiplie les toiles. Heureusement, l’autre Koné (Abdul) fait une saison remarquable et, à gauche, Akiémé a du répondant, aussi bien dans son rôle défensif que dans la relance. Restent des remplaçants comme N’ Talou ou Busi, peu utilisés et pas toujours fiables.

Au milieu, si Teuma est le métronome, malheureusement souvent blessé, des petits jeunes sont en train de monter en puissance. C’est le cas de Tia, désormais titulaire, et de Zabi, un joueur dont les qualités se révèlent au fil du temps. G’Bané et le Belge Léoni se partagent la place de milieu défensif, même si Léoni tient la corde, sans être transcendant. Un poste qui fait problème.

C’est encore l’attaque qui est la plus séduisante avec des jeunes pousses comme Bojang, Diara ou Hafiz Ibrahim, des joueurs plus expérimentés comme Daramy, hélas souvent absent, ou le grand Keito Nakamura qui multiplie les dribbles et les feintes sur son aile gauche et dont les frappes font souvent mouche, même s’il réussit plus facilement des actions difficiles que d’autres qu’on peut croire plus faciles. En jargon footballistique, disons qu’il vendange, même s’il récolte beaucoup.

Et puis les éternels remplaçants : Patrick l’Irlandais, Bassette le Belge ou Demoncy, souvent décevants si l’on en juge par leurs courtes apparitions, mais ils vont dire qu’ils manquent de temps de jeu.

Plus inquiétant, des ultras qui se font remarquer par des agressions et des violences. Assez inhabituel à Reims, qui se revendique en club citoyen adepte du fair-play. Tout se perd !

15 décembre 2025 .

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