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UN PETIT TOUR ET PUIS S’EN VONT.

On avait fait des gorges chaudes sur le retour du Stade de Reims sur la scène européenne, 57 ans après. Même les dirigeants du Réal Madrid s’étaient fendus d’un petit mot d’encouragement au club, en souvenir des grandes heures. Las, les rémois de cette année n’ont pas les atouts de la saison dernière, et tout cela se termine tristement quelque part en Hongrie. Tandis qu’en championnat de Ligue 1, on se dit que Reims n’est pas mal parti pour la relégation en Ligue 2. Bref, fallait pas s’emballer.

« C’est une évidence, on est dans le dur en ce moment. Certainement le plus difficile depuis trois ans. » C’est David Guion, l’entraîneur, qui parle à l’Équipe (25 septembre 2020) en livrant ses impressions d’après-match. Un match perdu lamentablement contre les hongrois du MOL Fehervar, ex Videoton, cette équipe corporative surprise qui, dans les années 80, avait quand même joué une finale de coupe de l’UEFA contre le Réal Madrid. Mais le football hongrois n’est plus ce qu’il était et, sans remonter aux illustres Puskas et Kocsis, on a le souvenir d’une équipe nationale qui, dans les années 60 et 70, alignait des pointures du nom de Albert, Béné, Tichy, Farkas et autres Rakosi. Mais de l’eau a coulé sous les ponts du Danube. Les hongrois ont gagné aux penalties, après un triste 0-0 et le gardien rémois, le serbe Rajkovic, si habile en France à les arrêter, n’a rien pu faire cette fois face à des hongrois plus précis que l’adversaire, lequel a mis, dans un bel ensemble, les deux premiers tirs à côté.

Dommage, car les stadistes avaient quand même sorti les suisses du Servette Genève (0-1) au tour précédent à l’issue d’un match sans éclat où le kosovar Berisha (ex Lazio Rome), la seule recrue intéressante de l’année, avait marqué d’entrée de jeu. Le Servette qui, comme Reims, avait été déclaré en faillite quelques années plus tôt et a dû pareillement cravacher pour remonter un à un les échelons et retrouver le professionnalisme. Les grands clubs ne meurent jamais, dit-on. Voire.

L’aventure se termine donc ici, alors qu’en cas de victoire les rémois auraient été opposés à d’autres rouges et blancs, ceux du Standard de Liège, cette fois en match aller et retour. Le vainqueur pouvait enfin, à la suite de ces barrages tenant du marathon, se qualifier dans l’une des 8 poules dont les deux premiers accèdent aux 1/8° de finale. Vous suivez ? Autant dire que ce n’était pas gagné. N’empêche qu’avec la charnière centrale en béton de l’an dernier et l’habileté technique de joueurs comme Rémi Oudin (parti à Bordeaux) ou d’Hassen Kamara (parti à Nice), on peut gager que la qualification n’aurait pas posé trop de problèmes.

La charnière centrale justement. Celle qui réunissait Yunis Abdelhamid (international marocain), alias « le taulier » et Axel Di Sasi, jeune joueur talentueux recruté par l’AS Monaco. Si Abdelhamid est resté (mais testé positif au Covid en début de saison), l’autre est loin d’avoir été remplacé, que ce soit par Wout Faes avec ses allures de David Luiz, ou par Marshall Munetsi, le zimbabwéen qui s’est illustré dans le championnat Sud-africain. Pas plus que par l’international autrichien Maresic. Des cartons comme s’il en pleuvait et une expulsion en moyenne à chaque match. Des défenseurs qui semblent hors de condition physique, toujours en retard sur l’action et n’ayant d’autre ressource que de commettre des fautes, souvent grossières. C’est médrano ! Les belges Thomas Foket (ex international) ou Thibault De Smet déçoivent ; le premier maladroit et brouillon, le second même pas utilisé. Quant à l’ivoirien Konan, lui non plus n’a plus l’inspiration d’antan. De fer, la défense s’est transmuée en chewing-gum.

Un point en quatre matches, un nul heureux glané en principauté. Et trois défaites, sans parler de celles attendues contre le PSG et le Stade Rennais. Au milieu, ça ne s’arrange pas non plus. À part Berusha, on l’a dit. Son compatriote kosovar Aber Zeneli relève de blessure et ne confirme pas ce qu’il avait montré à ses débuts. Le malien fin dribbleur Doumbia est toujours blessé, Cafaro bégaye son football et Cassamo comme Kutesa semblent à cours d’inspiration. Sans idées. Sans parler de Dingomé, fantomatique depuis le début. Heureusement qu’il reste Xavier Chavalerin, capitaine courageux mais souvent trop seul.

On pensait avoir l’embarras du choix en attaque, avec Boulaye Dia, resté en Champagne en attendant une offre, le jeune El Bilal Touré, le néerlandais Sierhuis (passé par l’Ajax Amsterdam), le grec Donis (ex Nice et Stuttgart) ou l’écossais Fraser Hornby (ex Everton). Une légion étrangère, surtout à elle-même. Mais l’attaque est souvent muette, réduite à une unité (Dia ou Touré), inefficace et inoffensive, malgré les rentrées en cours de match où les recrues s’illustrent par leur maladresse. Joueurs en devenir ou éternels espoirs ? C’est la question.

On n’est pas de ces supporters versatiles qui boudent leur club de cœur à la moindre contre performance, mais la fidélité et la ferveur obligent à dire qu’il y a matière à s’inquiéter. Avant de vendre, il faut recruter. Reste donc le mercato et sa date fatidique du 30 septembre, où la cellule de recrutement dirigée par Olivier Lacour s’agite encore pour un ou deux transferts de dernière minute. Mais si c’est pour nous amener des joueurs du même tonneau…

Le président Caillot reste discret mais on sent qu’il ne va pas tarder à donner le fameux coup de pied dans la fourmilière, sans attendre les exhortations de son entraîneur à laisser du temps au temps, comprendre que les jeunes doivent grandir et progresser. C’est devenu l’antienne. Mais le temps est ce qui manque le plus au football professionnel, quand les défaites s’accumulent, que le public déserte, que les recettes sont à la baisse et qu’il est difficile de freiner les dégringolades. Time is money (billetterie, droits télé et sponsoring).

Alors, la ligue 2 encore ? Pourquoi pas, si c’est pour nous faire une saison comme celle de 2017 – 2018 avec un onze inspiré, de la cohésion et de beaux gestes techniques à chaque match ; plus le réalisme et l’efficacité. Tout ce qui fait défaut aujourd’hui. Mais le pire n’est jamais sûr et on attend une remontada et, pourquoi pas, une place d’honneur qui leur permettrait d’entrer à nouveau en lice pour une coupe d’Europe. Quand tous les voyants sont au rouge (et blanc?), on peut encore s’accrocher à l’espoir, pour ne pas parler de rêve. Mais ils nous ont tant fait rêver… Même si de moins en moins.

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