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LES (PAS SI) GRANDS D’EUROPE

Amancio, en costume – cravate. Aussi élégant à la ville que sur le terrain. Photo wikipedia

« Il n’y a plus de petites équipes », entend-on régulièrement dans toutes les compétitions d’envergure. La vraie question est de savoir s’il en existe encore de grandes ? Pas sûr. Sans se focaliser sur la déconfiture du Paris Saint-Germain, on constate que beaucoup de soi-disant « grands d’Europe » sont en difficulté dans leurs championnats respectifs : le Bayern, Liverpool, Chelsea, le Barça, l’Athletico, la Juve, et jusqu’à Manchester City. Seule valeur sûre, le Real Madrid de Karim Benzema, toujours aussi fringant. Le Real qui a perdu récemment l’un de ses plus grands joueurs de son histoire : Amancio, celui-là même qui avait remplacé Raymond Kopa chez les Merengue. Petit tour d’Europe des clubs pas champions.

À l’heure où on écrit ces lignes, on ne connaît pas le score de Marseille – PSG*, pas plus qu’on ne sait s’ils seront en mesure de se qualifier en Champion’s league contre le Bayern de Munich. Cela semble peu probable, après une défaite à domicile, mais avec un M’Bappé en forme, tout est possible.

Ce n’est en tout cas pas Messi, déjà partant pour retourner au Barça, qui aura sauvé le PSG de situations de plus en plus compliquées. Pas Neymar non plus, blessé la plupart du temps et bringueur invétéré,si on en croit les gazettes. Quant aux recrues, inscrivez pas de chance : un Vitinha bien pâle et un Renaldo Sanchez qu’on ne voit pas beaucoup. On a quand même le Marocain Hakimi solide en défense, mais Sergio Ramos fait toujours regretter un Kimpembé absent. Ce qui explique les contre-performances du PSG, aussi bien en championnat qu’à l’échelon européen.

Jusque-là, c’était clair : le PSG bouffait tout en France, survolait le championnat et gagnait Coupes de France et de la Ligue. En Champion’s League, le club dominait son groupe de qualification avant de se faire sortir inévitablement en quart ou en demi, voire en huitième. La seule exception avait été cette finale perdue contre le Bayern, justement, en 2000. La faute à Galtier ? Qui ne va sûrement pas faire long feu. La faute à un milieu de terrain pas au niveau, à part l’excellent Verratti ? La faute à l’usure naturelle d’un club habitué à tout gagner depuis trop longtemps ? Tout cela est plus, mais il n’en reste pas moins que Paris brûle et que la guérison semble lointaine. Paris est magique ? Pas cette année, en tout cas.

Des joueurs du PSG, mercenaires de luxe, jouent à la Juventus, dont Paredes, Danilo, Kean ou Di Maria. Pas suffisant pour redonner son lustre à un club qui a pris des points de pénalité pour des transferts litigieux et autres acrobaties financières. Cellini a pris sa retraite, Dybala est parti et Pogba n’a toujours pas retrouvé la forme. Bref, la danseuse de la dynastie Agnelli se traîne en milieu de tableau du Calcio et a été reléguée en Coupe Europa après un parcours catastrophique en Champion’s League. Mais il y a toujours Bonucci et Rabiot, nécessaires mais pas suffisants.

Le Bayern de Munich avait l’habitude de dominer son championnat de la tête et des épaules. Ce n’est plus le cas cette année, derrière le Borussia Dortmund et talonné par des clubs comme le R.B Leipzig ou l’Union Berlin (l’ex RDA se rebiffe). Les héros teutons – Thomas Muller, Neuer, Kimmich – sont fatigués et les Français Upamecano, Coman, Hernandez ou Pavard ne suffisent pas à faire briller un Bayern que jadis rien n’arrêtait. Les rouges de Munich ne sont plus « über alles », pour user d’une formule historique.

Au Bayern, Lewandowski n’a pas été remplacé, malgré le renfort de Sané venu de Liverpool. Il n’a pas non plus restaurer le lustre des Catalans. Même si le Barça domine la Liga avec des joueurs comme Torres, De Jong, Gavi ou Rapinho (et le Français Koundé). On n’oublie pas que le Barça ne s’est même pas qualifié pour les 1/8° de finale de la Champion’s League. Aïe caramba !

Pas beaucoup mieux pour l’Athletico Madrid de Diego Simeone, deux fois finaliste de la compétition européenne la plus prestigieuse ces dernières années. Quatrième de la Liga et pas qualifiés non plus pour les 1/8° de finale. Avec pourtant Griezman, Depay, Witsel ou Morata, sans parler du vétéran Koké, devenu le pilier de la défense. Inutile de mentionner les anciens monégasques Lemar et Kondogbia, fausses valeurs qui ont fait un temps illusion.

Coté anglais, ça ne s’arrange pas vraiment pour les Reds du Liverpool F.C, naguère valeur sûre de Première ligue et régulièrement en finale de la Champions League (vainqueur en 2018 et 2022). Les boys de Jurgen Klopp peinent, même si le club a gardé ses meilleurs joueurs, seul Mané ayant été transféré à l’intersaison. Peut-être la moyenne d’âge (des joueurs vieillissants comme Salah, Fabinho, Firmino ou Thiago Alcantara) ou simplement un problème de gardien. Va savoir…

Pas mieux pour Chelsea, vainqueur de la compétition reine en 2021 et qui est actuellement dans le ventre mou du championnat anglais. Pourtant, là aussi, pas de grands changements et des joueurs de classe internationale avec Fernandez, N’Golo Kanté, Havertz ou Thiago Silva. Pas suffisant semble-t-il et les Blues ont le blues.

Inutile de parler de Tottenham, il n’y a pas si longtemps finaliste de la Champion’s League avec le désormais légendaire Harry Kane, gentleman buteur. Tottenham est rentré dans le rang, malgré le Croate Perisic et surtout le Brésilien Richarlison, l’un des meilleurs joueurs mondiaux actuels. Damned !

Même du côté de Manchester City, c’est plus ça. Pourtant, c’est la dream team, les meilleurs à chaque poste : Stones, Walker, Rodri, Gündegan, De Bruyne, Foden, Grealish, Alvarez et la bête de Norvège, le robocop Erling Haaland. On en passe et des meilleurs. Pourtant, City concède le nul contre Leipzig en Champion’s League et ne sont que deuxièmes en Premier League, une contre-performance pour les habitués à tout gagner (sauf la Coupe d’Europe). Pep Guardiola aurait-il perdu la main ?

En revanche, ça va mieux chez les voisins de Manchester United, bien classés en championnat, vainqueur de la coupe de la ligue et qui devait remporter la Coupe Europa dans un fauteuil, avec l’Argentin Martinez, Varane, Maguire, Shaw, Casimero, Rashford, Lingard et le Portugais Fernandez. Il était temps de repartir et d’abandonner les vieilles gloires, Christiano Ronaldo, Mata ou Cavani. United they stay !

Ça va mieux aussi pour les Gunners d’Arsenal, entraînés par l’Espagnol Mikel Arteta, leader du championnat sans grandes vedettes, même plus les Frenchies qui faisaient la gloire de l’équipe au temps d’Arsène Wenger.

Le S.S Naples du Nigérien Oshimen domine le Calcio de la tête et des épaules, comme au bon temps de Maradona. Naples qui se paie le luxe d’aller gagner à Francfort. Là non plus, pas de grosses vedettes, mais un esprit d’équipe, une cohésion et une combativité à toute épreuve. Le stade San Paolo vit ses heures les plus folles depuis les années 1980 et le scudetto maradonesque.

Et toujours le Real Madrid. Une équipe qui a pourtant perdu Casemiro, Iscio et Bale, parti à la retraite. Pas très pénalisant quand on a Rodrygo, Vinicius Junior, Modric ou Militao, plus les Français Mendy (Ferland), Camavinga, Tchouameni et bien sûr Benzema, l’ancien (et le Belge Hazard qui n’est même plus titulaire, de même que l’Allemand Kroos). Même si le Real est deuxième de la Liga, on peut parier qu’ils ne vont pas en rester là et que la Champion’s league sera encore pour eux. On parie ?

Puisqu’on est à Madrid, saluons une dernière fois une idole du stade Santiago Bernabeu, décédé récemment. J’ai nommé de Amancio Amaro Varela, dit Amancio, qui aura défendu les couleurs (blanches) du club de 1962 à 1976, vainqueur avec son club de 8 titres de champion, trois coupes d’Espagne et une Coupe d’Europe des clubs champions en 1966, et on ne compte pas ses sélections avec la Roja avec qui il a gagné un titre de champion d’Europe en 1964.

Venu du Deportivo La Corogne, Amancio avait remplacé Kopa à l’aile droite du grand Real, celui des Di Stefano, Del Sol, Gento ou Puskas. C’était en 1962 et le jeune galicien avait pris la place du Napoléon du football, sans le faire oublier mais avec panache. On retiendra de Amancio la technique, l’élégance et le fair-play pour un dribbleur impénitent sachant aussi débouler sur l’aile et, à l’occasion, marquer.

Amancio raccrochera les crampons à 37 ans, un record de longévité à l’époque. Il est mort à 83 ans. Pas un record pour le coup mais pas mal quand même. Il vivra toujours dans les cœurs des amoureux de ce football des années 1950 – 1960, l’époque où les schémas tactiques et la condition physique n’avaient pris définitivement le pas sur la technique. Que tout cela paraît loin…

* Finalement, le PSG a été gagné à Marseille 3 – 0. Les supporters marseillais pensaient déjà la victoire acquise mais… M’Bappé est arrivé, sans se presser… (d’autant qu’il ressemble au petit-fil d’Henri Salvador).

26 février 2023

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