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EFFACER L’HISTORIQUE

Film de Benoît Delépine et Gustave Kervern.

Photo SUD OUEST.

Avec, entre autres, Blanche Gardin, Denis Podalylès, Corinne Masiéro.

On n’est pas un inconditionnel de Groland, émission en voie de disparition de Canal +, sans prêter une attention particulière aux films du tandem Delépine – Kervern.

Ça remonte à loin. Et les deux zouaves ont parfois usé les patiences en alternant le pire et le meilleur. De films moyennement réussis (pour rester gentil), les premiers, comme Aaltra ou Avida jusqu’à ces petits chefs-d’œuvre croquignolets que sont Louise Michel, Saint-Amour ou l’étonnant Mammuth, sans conteste le meilleur avec un Depardieu sublime. C’est parfois raté (Le Grand Soir avec Brigitte Fontaine et Albert Dupontel ou Near Death Experience avec Houellebecq), mais jamais mièvre.

On a ici le père, Bertrand (Denis Podalydès), la fille Marie (Blanche Gardin) et une amie, Christine (Corinne Masiéro). Plus une ribambelle d’acteurs – fétiches des duettistes comme Poolvoerde, Bouli Lanners, Berroyer ou Houellebecq encore.

Résumons si possible : le trio vit dans des petits pavillons en zone périurbaine, toutes et tous anciens gilets jaunes et nostalgiques du temps des rond-points. Le père vit seul et se débat avec le harcèlement que subit sa plus jeune fille, lequel se matérialise par une vidéo tournant sur le Net ; l’autre fille d’un autre lit, Marie, a été larguée par son mari parti avec leur fils et elle tire le diable par la queue entre ses crédits et ses annonces au Bon Coin. Elle sera aussi soumise au chantage d’un étudiant, un coup d’un soir qu’elle a suivi bourrée et qui a filmé sans vergogne leurs ébats. Christine, elle, est en quête d’étoile pour son commerce de VTC et elle loue son salon (déménagé devant chez elle) à qui veut bien s’y installer pour un moment. Bertrand est aussi dragué par une opératrice d’un centre d’appel situé à l’île Maurice. Une opératrice qui s’avérera être un robot, tout simplement.

Les trois personnages principaux uniront leurs efforts pour conjurer le démon GAFAM et ses multiples avatars, allant jusqu’à San Francisco ou en Irlande (ou plutôt à l’île Maurice) pour terrasser la bête et tenter de récupérer plus que leur intimité, leur vie. Les rebondissements sont nombreux et on ne va pas spoiler le film plus longtemps.

On l’aura compris, c’est, à travers une suite de situations loufoques, une lourde charge (pas trop appuyée cependant) contre les maux de nos sociétés connectées. Pêle-mêle, les dérives des réseaux sociaux, le télémarketing, les crédits à la consommation, le harcèlement par Internet interposé, l’auto entrepreneuriat, les délocalisations, la mondialisation libérale, … En deux mots, l’aliénation contemporaine et son cortège de laissés pour compte, harcelés, opprimés et autres victimes de la fracture numérique. Dans les dernières images, on communique avec des ficelles et des pots de yaourt et on retrouve, ébloui, une humanité perdue. La fraternité des rond-points et des luttes contre le cauchemar climatisé dont parlait Henry Miller.

Le premier quart d’heure est ennuyeux, le temps que les choses se mettent en place, mais ça décolle assez vite. C’est plus une suite de sketches, moins provocateurs et trash que dans Groland, qu’un film structuré et c’est un peu son défaut. Pas un grand film donc, mais on ne va pas bouder les quelques éclats de rire bienvenus avec des personnages insolites et des situations cocasses. Si Podalydès et Masiéro sont égaux à eux-mêmes, Blanche Gardin est épatante en mère courage en butte à toute la vacherie du monde qui vient la submerger à la moindre de ses défaillances, au moindre de ses excès. Les personnages secondaires sont tous épatants, la palme revenant à un Bouli Lanners désopilant en super-hacker, dieu et secours des internautes.

Mais on retiendra surtout, comme toujours avec les deux lascars, un message social explicite contre l’aliénation sous toutes ses formes et pour le retour d’une authentique société fraternelle. Sans phrases et en pissant de rire. Des seigneurs !

Comments:

Moi je n’ai pas trouvé le démarrage ennuyeux, c’est une balade en pays de combines et de plans foireux, quand on a que la débrouille pour s’en sortir, forcément ! et des acteurs magnifiques …
mla

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