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JAUNE COVID

Dans toute l’histoire du mouvement ouvrier, la couleur jaune a symbolisé le camp des briseurs de grève et autres suppôts du patronat. Depuis novembre 2018 et les manifestations des Gilets jaunes, la couleur jaune tend à devenir celle de la résistance, des résistances à l’oppression, aux inégalités et à la violence du pouvoir.

La plupart des manifestations Gilets jaunes du 12 septembre 2020 se voyaient interdites par les préfectures, au motif du Covid bien sûr, mais surtout des déprédations engendrées par certaines manifestations antérieures. Les journaux télévisés de grande écoute n’en finissent pas d’interviewer des commerçants et petits entrepreneurs qui, à la question de savoir pourquoi leurs affaires ont périclité, invoquent le Covid, mais aussi les Gilets jaunes qui auraient été un véritable fléau social, presque pire que la pandémie. C’est dire. Et de prendre pour exemple certains magasins des Champs-Élysées, le Fouquet’s (lieu symbolique de la bourgeoisie qui veut se montrer) et d’autres méfaits en province. Les barbares envahissent les centre-villes, tremblez bourgeois !

Après le masque contre le Covid, pourquoi pas un masque anti-Gilets jaunes ?, ils peuvent être contagieux, faut croire… La colère peut se propager.

Les Gilets jaunes avaient décidé de s’attaquer aux lieux de pouvoir et aux beaux quartiers, chose qu’on ne leur a jamais pardonnée et, si des violences (dégâts matériels) ont été commises, combien d’éborgnés et de mutilés par une police particulièrement zélée à leur endroit. Il n’est qu’à voir les statistiques sur ces violences tenues par le journaliste David Dufresne. À cet égard, clés d’étranglement, LBD, flash ball, grenades de dèsencerclement et tout cet arsenal mortifère est de plus en plus remis en question. Pas encore interdits, quand même…

Après les manifestations Gilets jaunes, pourquoi pas les manifestations à l’initiative des syndicats ou les rassemblements unitaires pour des causes humanistes ? Ce n’est pas propre à la France et on en veut pour preuve l’interdiction par les autorités belges (plus de gouvernement depuis près d’un an et demi) de la manifestation Santé en lutte du dimanche 13 septembre à Bruxelles pour laquelle Solidaires 59 organisait des départs en bus depuis Lille. Et pourquoi pas interdire la manifestation intersyndicale et interprofessionnelle du 17 septembre ?

Il semble que les experts en virologie ont tendance à remplacer les politiques et que, si on a pu dire que la politique de la France ne se faisait pas « à la corbeille », elle ne doit pas non plus être dictée par les virologues, l’A.R.S et autres experts mandarins de toutes les disciplines médicales.

Si certains complotistes s’égarent en pensant que le Covid aura été une invention de laboratoire pour nous pourrir la vie et attenter à nos libertés, d’autres, dans le mouvement social, ont tendance à penser que, sans nier la virulence et la dangerosité du virus, le Covid vient à point nommé pour un pouvoir ne souffrant plus aucune contestation. En gros (et même en très gros), c’est une opportunité, pour ne pas dire une aubaine, afin de museler les mouvements sociaux et de faire taire tout ce qui s’oppose à la Macronie, à ses pompes et à ses œuvres (qu’il serait trop long de détailler dans cet article).

Alors oui, rappelons encore la catastrophe humanitaire et sanitaire provoquée par la pandémie, en France comme à l’international (voir précédent article Coronaworld et toute la littérature abondante sur la question), sans oublier de préciser la part qu’y auront pris des gouvernements non préparés ayant détruit largement les systèmes de santé ; des chefs d’État qui ont masqué leur impéritie et leur incurie dans des postures autoritaires et par des décisions controversées.

Une chose doit cependant être claire : la contestation des mesures antisociales d’un gouvernement aux abois, sa volonté de retourner au statu quo ante en flattant le Medef et la droite la plus réactionnaire, son refus de toute remise en question, du « plus jamais ça », sa politique du « tout change pour que rien ne change » ; tout cela doit nous inciter à maintenir la pression tous ensemble et à imaginer et mettre en œuvre le monde d’après.

Non, le mouvement social ne se laissera pas museler, ni par la répression policière, ni par le Covid.

Sans être aucunement covido-sceptiques, nous sommes nombreux à penser que les résistances ont tout lieu de s’exprimer dans la rue, dans les rassemblements, dans les manifestations, dans les débats publics et dans les réunions militantes. Plus que jamais !

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