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RÉMOIS, ÉMOIS ET MOI ! PREMIER BILAN

Hugo Etikité marquant sur penalty, contre Angers (une défaite). Photo Ouest France, avec leur aimable autorisation.

23 points à mi-parcours dans l’escarcelle du Stade de Reims, pour une modeste 14° place. Un bilan en demi-teinte, mais des raisons d’espérer avec de jeunes joueurs prometteurs encadrés par quelques vieux briscards. D’autant que l’infirmerie est toujours restée pleine avec 4 joueurs récemment touchés par le Covid, ce qui n’a pas empêché le Stade d’obtenir le nul à Marseille avec un penalty sévère sifflé pour l’O.M dans les arrêtes de jeu et avant un autre penalty refusé aux Rémois. Ce qu’on appelle un arbitrage à la maison. Retour sur un premier acte qui laisse des regrets mais augure de beaux lendemains.

On ne va pas cacher qu’on en menait pas large en début de saison. D’abord le départ de Boulaye Dia, l’unique buteur du club, à Villareal puis celui de Xavier Chavalerin, l’homme aux trois poumons archétype du milieu défensif porteur d’eau indispensable au collectif. Il y avait aussi eu du menu fretin dont les absences ne se feraient pas exagérément sentir, comme le Belge De Smet, le Suisse Kutesa, l’Autrichien Marevic, le Camerounais Savaka ou le Néerlandais Seerhuis, entre autres joueurs quasiment inutilisés et dispensables. Une internationale du banc de touche. Mais bon, on avait connu pire les autres années, avec des pépites comme Hassan Kamara, Jordan Siebatcheu, Diego Rigonato ou Pablo Chavarria.

Au rang des arrivées, pas de grands noms. Si on enregistrait le retour de prêt (de Dunkerque) de Ilan Kebbal, fin technicien et dribbleur redoutable, pas grand-chose à se mettre sous la dent. Gravillon, ex-Lorientais passé par l’Italie et l’Inter de Milan notamment et Matuziwa, venu de la filière néerlandaise comme avant lui Seerhuis ou le Kosovar Zenelli. Azor Matuziwa a aussi été international espoir aux Pays-Bas, formé par l’Ajax Amsterdam et passé par le F.C Groningue. Un petit pedigree quand même mais rien de transcendant, d’autant que l’arrivée de Matuziwa provoquait le départ de Chavalerin. Tout ça pour ça.

En plus, Zenelli ne se remettait pas de ses blessures de la saison dernière et le nouvel entraîneur, l’Espagnol Oscar Garcia réputé pour avoir fait le tour d’Europe des clubs en apportant plus la controverse que le succès, se permettait de laisser sur la touche deux joueurs déterminants les saisons précédentes : le jeune toulousain Mathieu Cafaro et l’international malien Moussa Doumbia. Deux joueurs au profil technique, aimant les dribbles et le beau geste ; c’est sûrement cela qu’on leur reprochait. Par ailleurs, Garcia s’entourait d’un nouveau staff et donnait congé à tous ceux qui avaient collaboré avec l’excellent David Guion, entraîneur désormais sans club qui vient de refuser le poste proposé par l’AS Saint-Etienne. Pensez, il a eu le mauvais goût d’assortir sa venue de conditions inacceptables comme le recrutement d’un ou deux joueurs pendant la trêve hivernale. En tout cas, avec Garcia, ce n’était plus une succession mais un putsch.

Même si l’ossature demeurait, avec les Abdelhamid, Cassama, Munetsi, Faes, Focket (devenus tous deux presque titulaires chez les Diables rouges) ou Konan, international ivoirien, on n’en craignait pas moins le pire, tant la concurrence était rude et les recrutements intéressants chez les clubs de même niveau (Troyes notamment, promu qui raflait Chavalerin et deux autres anciens rémois, Suk et Dingomé, en plus de Rami, de l’ex Dijonnais Baldé ou du Nîmois Ribart). Et même les clubs qui s’étaient peu renforcés, comme le Clermont Foot – autre promu – tenaient la dragée haute aux grands ou supposés tels dans un début de championnat mouvementé ou, plus que jamais, tout le monde pouvait battre tout le monde, selon la formule.

On avait oublié la jeune garde, la classe biberon, tous ces joueurs entre 18 et 20 ans qui allaient changer la donne. Certains déjà connus, comme El Bilal Touré (retenu au club contre son gré, ce qui n’est jamais bon) ou Nathaël M’Buku, international Espoirs. Mais ce sont d’autres encore qui devaient nous convaincre que le Stade de Reims pouvait encore surprendre : Hugo Ekitiké, déjà entr’aperçu l’an dernier mais véritable remplaçant poste pour poste de Boulaye Dia avec 8 buts au compteur (et un seul sur penalty), Alexis Flips, milieu de terrain chti formé à Lille et véritable poumon dans l’entre-jeu, marathonien passeur à l’image de Chavalerin. D’autres ? Koffi (ex Laval), Bradley Locko, Lopy, M’Bow, Ducouré ou le jeune Martin Adeline, qui vient tout juste de fêter ses 18 ans et a qualifié le club en Coupe. Des jeunes lancés dans le grand bain à la faveur, si on ose dire, des blessures ou maladies des titulaires. À toute chose malheur est bon…

Ça avait commencé par trois nuls successifs : à Nice, à Metz et face à Montpellier. Première défaite contre le PSG de Messi dont c’était la première en France, en mondovision. Après la trêve internationale qui voyait l’équipe de France se qualifier facilement pour le mondial qatari, c’était une victoire inespérée à Rennes (0–2) avant de refaire le coup à domicile, 3– 1 contre Nantes. Ekitiké faisait parler la poudre et on commençait à se dire que cette saison ne serait pas si pourrie qu’on voulait bien se l’imaginer.

Mais Reims retournait à ses errements avec un piètre 0-0 face à Lorient et un autre nul à Brest, alors lanterne rouge. Loin de se vider, l’infirmerie accueillait Marshall Munetsi, le meilleur élément de ce début de championnat et Moreto Cassama avant Thomas Focket et déjà quelques suspendus. Un problème numérique d’effectif qui, on l’a dit, faisait entrer les jeunes, mais aussi de vieux chevaux de retour comme le Kosovar Valon Berisha ou le Grec Anastasio Donis (un attaquant mais pas encore le moindre but en deux saisons et demi!).

Des absences qui commençaient à peser avec une défaite à Lille, une autre à domicile contre les voisins troyens (avec un but du renégat Chavalerin) et une troisième, plus sévère, contre Lens. Ça ne rigolait plus. D’autant moins qu’à Bordeaux, les Rémois menaient 2 à 0 et se faisaient renverser par deux buts de Briand en fin de match, dont un penalty sévère dans les arrêts de jeu. 3-2 score final.

Les arrêts de jeu justement, ces 5 ou 6 minutes supplémentaires qui peuvent faire d’un match en apparence facile un véritable cauchemar. À Strasbourg, Reims mène et l’arbitre fait jouer (on se demande encore pourquoi) 10 minutes d’arrêt de jeu durant lesquelles les locaux égalisent (1-1).

Après un nul méritoire face à Monaco (encore 0-0), ces fameux arrêts de jeu qui ont fait perdre au moins 3 points à Reims sur les derniers matchs vont enfin leur être bénéfiques. Contre Clermont, victoire impérative et Konan ose une frappe sèche dans le temps additionnel. 1 -0.

À Lyon, c’est quasiment miraculeux. Wout Faes marque de la tête et Toko Ekambi égalise pour Lyon. On croit que c’est plié et on s’attend même à une victoire lyonnaise. Les arrêts de jeu encore, et un but inespéré de Hugo Ekitiké juste avant le coup de sifflet final. Aulas tombe de l’armoire ; les supporters des Gones fulminent et crient au hold-up.

On peut croire qu’Angers ne pèsera pas lourd devant une équipe volontaire à laquelle l’exploit n’est pas étranger. On se trompe et on vérifie le fait depuis longtemps avéré que les Rémois sont imprévisibles et déjouent régulièrement tous pronostics. Défaite 1-2 après l’expulsion avant la mi-temps de Berisha. Le reste, une victoire 2-0 contre Saint-Etienne, nouvel épisode d’une saison calamiteuse pour les verts, avec un penalty réussi de Touré, son seul but cette saison, et cet épilogue provisoire à l’Orange Stadium.

L’O.M domine outrageusement avec 70 % de possession de balle, mais une domination stérile. Il ne se passe rien en première mi-temps, à part deux arrêts réflexe de Rajkovic, le gardien, sur deux tirs appuyés de Ünder puis de Payet et, côté rémois, une tête dans le petit filet par un Abdelhamid qu’on a connu plus adroit. Au retour des vestiaires, Ekitéké reprend du plat du pied un centre de Ghislain Konan et Reims mène. La suite est scandaleuse. Après l’expulsion de Dieng sur un tacle dangereux, l’arbitre demande la VAR pour une main incontestable dans la surface. Le penalty, pourtant évident, est refusé. On s’achemine tout doucement vers une victoire rémoise, mais l’arbitre va au-delà des 5 minutes de temps additionnel prévues et accorde un penalty à Dimitri Payet à la lutte avec Gravillon dans la surface sur un ballon dangereux donné par Guendouzi. Que croyez-vous qu’il arriva ? Penalty pour Marseille (90 + 7) transformé par le même Payet, Abdelhamid proteste et écope d’un carton jaune quand Gravillon, déjà averti, est exclu comme tout le banc rémois. Pour le classement d’automne, Marseille laisse la deuxième place à Nice au goal-average et Reims s’en retourne écœuré, même si on peut gager que les Rémois auraient signé avant le match pour un tel résultat. Les arrêts de jeu, encore…

En coupe, après la victoire contre la Sainte-Anne (un quartier de Reims) les Rémois affronteront les amateurs vosgiens de l’ES Thaon (National 3), et, sans leur faire injure, les 1/8° de finale sont largement à leur portée. Côté championnat, une qualification pour une coupe européenne, comme en 2020, est inenvisageable à ce stade et une éventuelle relégation semble exclue. Dans le ventre mou, encore ? (1)

Sûrement, mais cette saison qu’on espère de transition aura prouvé que le Stade de Reims, en club formateur, possède un réservoir de joueurs compétitifs que beaucoup de grands (ou pseudo grands) clubs français leur envieraient. Et des jeunes pousses formées au club, pas achetées des millions d’Euros ! C’est là l’avenir du Stade et on ose espérer que chaque génération saura faire oublier la précédente. Comme au bon vieux temps où, sous la houlette d’Albert Batteux, les Kopa, Fontaine et Piantoni disputaient des finales de Coupe d’Europe à Paris ou à Stuttgart. Il n’est pas interdit de rêver.

Et allez Reims !

(1) : victoire sur le fil 1 – 0 et 1/8° de finale contre Bastia le 29 janvier.

23 décembre 2021

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