Où l’on reparle du Stade de Reims. Je sais que ce blog est peu lu, à en juger par les rares retours. Je sais aussi que la rubrique football est la moins lue. Je sais encore que les articles sur le Stade de Reims au sein de cette rubrique doivent l’être encore moins. Tant pis, je persiste et signe. On est supporters où on ne l’est pas. Les débuts calamiteux des rémois n’invitent pourtant pas à épiloguer. Mais bon, avant la trêve internationale (matchs de l’équipe de France en Coupe des Confédérations), un petit point d’étape sur les rouges et blancs ; leur dernier match, leur classement, la question de l’arbitrage, leur début de championnat, leur mercato et leur avenir probable. En Ligue 2 ? Probablement.
Nouvelle défaite à domicile contre l’A.S Monaco (après Clermont, ça s’améliore…). On croyait que les Monégasques arriveraient fatigués de leur match de jeudi soir en Coupe Europa, battus par les Hongrois du Ferencvaros. Deux jours de récupération, ça paraissait jouable, d’autant que Monaco n’est pas aussi princier qu’il y a quelques années, quand il talonnait régulièrement le PSG et obtenait même un titre de champion en 2017 (avec M’ Bappé, faut dire).
Début de match semblable aux autres, les Rémois vendangent quelques occasions et les visiteurs s’enhardissent et placent de contres avant de dominer le jeu. Léger avantage aux points pour les Rémois, mais rien de tranchant en cette première mi-temps. Deuxième acte : Golovin ouvre la marque d’une tête plongeante dès la reprise et les Rémois sont, selon le cliché en usage, cueillis à froid. À la 60° minute, Balogun, pour Reims, marque en reprenant un tir puissant repoussé par le gardien. On croit à l’égalisation mais le but est refusé pour un hors-jeu qu’on qualifiera de sévère, pour ne pas dire imaginaire. Quelques minutes plus tard, c’est le Rémois Bradley Loko qui se fait sortir pour un tacle appuyé. Rien de bien méchant, mais ça fait quand même le 5° Rémois sorti du terrain un peu après la mi-temps. Une malédiction ? On reparlera de l’arbitrage plus tard.
À 10, les Rémois tentent le tout pour le tout et laissent forcément des espaces, et les monégasques en profitent. Deux buts en cinq minutes, entre la 87° minute et le coup de sifflet final. L’entraîneur Oscar Garcia a encore failli être sorti lorsque l’arbitre n’a pas sorti le rouge à la suite d’une faute flagrante sur le gardien rémois Diouf.
Bilan, Reims occupe la 17° place, après 7 journées. 1 victoire, 3 nuls et 4 défaites. 6 points pour un total de 24 possible. Bravo les gars, ça commence bien !
L’arbitrage ? Parlons-en. 5 joueurs expulsés disions-nous . Un entraîneur deux fois sanctionné et interdit de banc de touche. Un président banni temporairement par la Ligue (jusqu’à la fin de l’année) après une critique au vitriol contre les arbitres français incompétents et malhonnêtes qui favoriseraient dans tous les cas les grosses équipes au détriment des petites. Caillot, c’est son nom, n’a pas mis les formes et le résultat de sa diatribe, c’est que les arbitres, selon Garcia et le staff, ont le Stade de Reims dans le nez et ne lui passent rien.
On en arrive à une spirale infernale où, au plus les Rémois critiquent l’arbitrage, au plus les arbitres sont sévères et au plus on les critique… Jusqu’à en arriver à des situations où les joueurs n’osent plus se lâcher, où le banc est tétanisé et où les défaites s’accumulent avec des buts refusés, des penalties non sifflés (ou généreux pour l’adversaire) et des cartons en pagaille.
Mais l’arbitrage a bon dos et on verra plus loin que l’équipe présente de sacrées failles et que le mercato n’a pas été très profitable. Qui plus est, les Rémois sont fragiles psychologiquement et craquent facilement, témoin ce 2 – 4 contre Clermont alors qu’ils menaient 2 – 0 à la mi-temps. Il n’aura fallu qu’une expulsion en début de seconde mi-temps et d’un penalty dans la foulée pour que tout change.
Avant Clermont, c’était une large défaite à Marseille (4 – 1) ; une équipe contre laquelle ils obtiennent généralement de bons résultats (surtout à l’extérieur). Après Clermont, un nul laborieux à Strasbourg, un autre nul face à Lyon (et l’expulsion de Garcia), une victoire à Angers (à 10 encore, c’est Will Still qui remplace Garcia sur le banc), un troisième nul contre le R.C Lens (cette fois, c’est Lens qui termine à 10), et deux défaites, à Toulouse et, on l’a vu, contre Monaco .
Sans parler de début de saison calamiteux ou catastrophique, on peut déjà à ce stade s’inquiéter, d’autant que l’équipe ne montre pas vraiment de signes d’amélioration et que, cette année, on procède à 4 relégations pour porter la Ligue 1 à 18 clubs. Des entâmes désastreuses, le Stade en a déjà connu, mais jamais avec autant de sanctions et de faits de jeu contraires. Garcia, toujours lui, dit dans une interview à l’Équipe (19 septembre) que son équipe est maudite et que le corps arbitral dans son ensemble a quelque chose à lui faire payer. Quoi ? Sans doute les propos incendiaires de Caillot, mais on n’ose imaginer que des gens censés faire respecter « la loi et l’ordre » sur le terrain puissent se venger avec autant de mesquinerie et de bassesse. Voire.
Et le mercato ? La cloche va sonner le vendredi 30 septembre à minuit et les choses peuvent encore bouger, mais le plus gros est fait. Les plus grosses conneries, devrait-on dire. À commencer par laisser partir Rajkovic (à Majorque), l’un des meilleurs gardiens de Ligue 1, pour le remplacer par le goal de l’équipe nationale autrichienne et de l’Austria de Vienne. Des références a priori, d’autant que l’Autriche est l’une des meilleures équipes d’Europe de la période. Sauf que Patrick Pentz a beau être sûr et plutôt efficace sur sa ligne, ses sorties sont parfois hasardeuses et il anticipe mal. Pire, là où Rajkovic pouvait sauver des situations désespérées grâce à une manchette ou un coup de pied réflexe, lui ne fait pas d’étincelles, pas d’actions de classe et ne rassure pas ses défenseurs.
Une défense à 3 où trône encore Yunis Abdelhamid, sauf que le vieux commence à vieillir, quoi de plus naturel ? Que ses interventions et ses relances sont moins assurées et, surtout, que ses montées offensives et ses coups de tête meurtriers se font plus rares. Gravillon, à côté de lui, a toujours été un joueur moyen et Agbadou, venu cette année de Eupen (toujours la filière belge), n’a pas encore convaincu. Bussi, un Belge venu à l’intersaison l’année dernière de Parme, n’a rien d’exceptionnel non plus et les petits jeunes, Diakité ou Bradley Locko ont encore à s’aguerrir. Reims clame assez à son de trompe sa capacité à former de jeunes joueurs et à les pousser vers des clubs plus huppés, moyennant des gains substantiels. Mais cette année, le cru semble moyen. En outre, Konan est parti aux Émirats et Wout Faes s’est carapaté en dernière minute à Leicester. Et Focket est blessé quand son compatriote De Smet joue avec la Nationale 2. God verdomme !
Au milieu, pas beaucoup mieux. Matusiwa est toujours blessé, l’international suédois Cajuste ne parvient pas à convaincre, les jeunes Lopy et Flips sont laborieux et, heureusement, il reste Munetsi, le Zimbabwéen ex star du football Sud-Africain qui fait régulièrement son match. Heureusement aussi, on a l’international kosovar Arber Zeneli en milieu offensif, mais ce technicien hors-pair ne tient pas la distance sur un match. Kamary Doumbia (ne pas confondre avec Moussa) a fait une fin de saison superbe l’an dernier mais ne semble plus dans les mêmes dispositions et, là aussi, les jeunes Adeline ou Koeberle ont encore beaucoup à apprendre.
Côté transferts, ça aura été l’hécatombe pour le milieu : Cassama à l’Omnia Nicosie, Berisha aussi à Chypre, à l’Apoel, Moussa Doumbia à Sochaux et le jeune Kebbal au Paris F .C. C’était opération porte ouverte, et tous ceux qui n’étaient pas des titulaires indiscutables ont demandé leur billet de sortie.
Pas beaucoup mieux non plus en attaque avec El Bilal Touré, déjà désireux de partir l’an dernier, qui s’en va à Almeria quand Etikité est parti au PSG (plus gros transfert de la saison) où il n’a pas joué une minute à ce jour. Donis et Hornby sont repartis sans avoir inscrit le moindre but en championnat (en 3 ans d’exercice pour Donis), comme d’ailleurs Van Bergen et Seerhuis qui, eux, sont restés . À part ça, deux recrues de choix et certainement les seules satisfactions de ce début de saison : l’Américano-nigerian (il est né à Washington) Balogun avec déjà 5 buts au compteur, et le Japonais Ito (ex Gand). Deux joueurs inspirés pour une attaque qui semble être le compartiment de jeu le moins critiquable. M’Buku, l’éternel espoir (moult fois sélectionné en U19 et Espoirs) souhaitait partir mais est finalement resté à contre cœur. Deux autres recrues, le Norvégien Holm, inconnu au bataillon et l’ex Havrais Guitane, passé par le Portugal. Deux joueurs qui font banquette.
Si on compte bien, ça fait une douzaine de départs pour 6 arrivées, dont 4 en attaque. On peut parler de déséquilibre.
Leur avenir ? Dans l’immédiat un match contre le rival Troyes avant de recevoir le PSG puis d’aller à Lorient, l’équipe qui monte. On leur souhaite bien du plaisir ! Pour le moyen terme, on peut malheureusement pronostiquer une relégation si les choses ne s’améliorent pas et si entraîneurs et dirigeants continuent à crier à mort l’arbitre. Mais le pire n’est jamais sûr. Pour le long terme, attendu qu’à très long terme on est tous morts, une remontée au bout de deux ou trois ans de Ligue 2 puis quatre ou cinq ans en Ligue 1 avant redescente et éternel retour du même, comme aurait dit Nietzsche. C’est malheureusement le lot des équipes moyennes qui n’ont pas la possibilité de réaliser de gros recrutements et qui sont obligées de vendre leurs meilleurs joueurs chaque année. En gros, c’est le lot de tous à part les 7 ou 8 grosses cylindrées. Mais il y a parfois des trouble-fêtes comme le R.C Lens, rené de ses cendres après plusieurs saisons en enfer.
Alors pourquoi pas Reims ? À la condition d’un retour d’affection de la part du corps arbitral, et d’un ou deux renforts sérieux en défense et au milieu. N’oublions pas que Reims a terminé 6° l’année du confinement après un championnat arrêté net pour cause de pandémie. Avec un parcours raté en Coupe Europa. S’il faut une catastrophe pour en arriver là, pourquoi pas la troisième guerre mondiale ?
Ou, à très très long terme, l’impossibilité de se prolonger pour un sport qui inspire trop de passions et de haines. Les arbitres en ont marre et rendent leurs maillots noirs, les supporters sont massivement réprimés et des débordements constants commencent à endeuiller les stades. On joue des matchs à huis-clos avant de tout arrêter pour cause de déficits colossaux. Et on en revient à une pratique saine et raisonnée du football, avec des clubs amateurs où la compétition revêt une importance secondaire. Un doux rêve ? Sûrement, mais quand la réalité du foot devient cauchemardesque…
19 septembre 2022