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F.C NANTES : LE VENT EN COUPE !

Un canari nantais, la belle bête ! photo L’équipe (avec leur aimable autorisation).

Ils avaient déjà gagné la coupe l’an passé (contre Nice) et seront largement favoris, le 29 avril, contre Toulouse. Le F.C Nantes – soit les Canaris nantais après les aiglons niçois dans ce blog – est devenu une équipe de coupe, après avoir été une superbe équipe de championnat, éternel dauphin des Stéphanois ou des Monégasques dans les années 1960 et 1970, avant de prendre son envol dans les années 1980 et 1990. Les Auriverdé (jaunes et verts) français auront souvent réussi à imposer leur football technique et élégant. Mais c’était avant, et Nantes est devenu une équipe comme les autres, se battant en bas de tableau pour éviter la relégation. Reste la coupe, une épreuve où les Canaris ont toujours excellé. Rappel.

On parlait du « beau jeu à la Nantaise », soit un football tout en technique en mouvement, à une touche de balle, avec des déplacements autour du porteur du ballon jamais sans solutions. Un football léché, spectaculaire et chatoyant, avec des combinaisons, des une-deux, du jeu en triangle et des actions fluides et belles qui faisaient l’admiration des esthètes. Mais c’était avant.

C’est lors de la saison 1962-1963 que le F.C Nantes décroche son billet pour la première division. Jusque-là, le club n’avait jamais fait d’étincelles, pensionnaire de la division 2 après quelques saisons à l’échelon inférieur. L’homme de la montée, c’est José Arribas, réputé parmi les plus grands entraîneurs de l’époque, entre Batteux, Leduc et Snella. Une épée ! Les Canaris sont tout en haut du perchoir, et ils vont y rester longtemps.

Les Nantais d’’alors ont pour noms Éon (gardien) ; Bout, Jort, Le Chenadec, De Michèle et l’ex Lensois Robert Budzynski (il sera plus tard leur entraîneur) en défense ; Henri Michel et Jean-Claude Suaudeau pour un milieu de terrain des plus huppés (eux aussi deviendront entraîneurs du F.C Nantes) ; en attaque, les deux Philippe, Gondet et Blanchet plus Jacky Simon (tous trois internationaux) et déjà une filière étrangère avec l’Argentin Ramos. Cette équipe perdra la finale de la coupe de France en 1966, mais elle remportera le championnat cette même année (ainsi que le trophée des champions contre le Strasbourg de Gilbert Gress), au nez et à la barbe des Verts et des Monégasques qui ratent leur saison. Les Nantais d’Arribas l’avaient déjà emporté au terme de la saison 1965. En 1966, les Girondins de Bordeaux sont deuxièmes et ce sont les modestes valenciennois de Robert Dommergue, emmenés par Joseph Bonnel qui grimpent sur le podium.

Le F.C Nantes prouvera les années d’après qu’il est devenu une valeur sûre du football français, abonné aux places d’honneur, souvent derrière Saint-Étienne, Bordeaux ou un Marseille ressuscité par Marcel Leclercq. Ils reviennent en finale de coupe en 1970, cette fois sévèrement battus (5 – 0) par un Saint-Étienne qui domine le foot hexagonal de la tête et des épaules. Les Verts s’élèveront jusqu’aux cimes du football européen quand Nantes n’aura que des déboires dans les différentes coupes d’Europe. C’est là que se situent leurs limites.

Des finales de coupe de France, il y en aura d’autres, comme celle perdue à nouveau contre l’Olympique Lyonnais en 1973 avec toujours Michel, Blanchet et De Michèle, et des petits nouveaux prometteurs comme Gilles Rampillon, Michel Pech ou le gardien Bertrand-Demanes. Plus des talents étrangers que Nantes aura toujours su faire venir, comme l’Argentin Hugo Bargas, libéro infranchissable, ou l’Allemand Erich Maas, ailier gauche aux déboulés irrésistibles. Comme en 1966, Nantes se consolera avec un nouveau titre de champion, et ils récidiveront en 1977 pour finir deuxième derrière Monaco l’année d’après. Le club est sponsorisé par Europe 1, comme l’est d’ailleurs le Racing Club de Lens.

Nantes décroche enfin la timbale, cette fameuse coupe qui les fuit, en 1979 contre l’A.J Auxerre de Guy Roux qui allait accéder cette année en première division. Beaucoup de jeunes en devenir dans cette équipe, qui donneront leur pleine mesure dans les années 1980, à commencer par Maxime Bossis, mais aussi Tusseau, Pécout, Baronchelli ou Loïc Amisse. Côté étrangers, Victor Trossero ou Oscar Muller, toujours beaucoup de nez chez les recruteurs. Sur le banc, Jean Vincent a remplacé Arribas et ce sera le début de la valse des entraîneurs avec Robert Budzynski, Henri Michel puis Jean-Claude Suaudeau qui tiendra plus longtemps. Les Nantais sont passés du vieux stade Marcel Saupin au stade de la Beaujoire, leur nouveau terrain de jeu.

Avec Suaudeau, c’est le F.C Nantes des années 1980 dans toute sa splendeur. Bossis est au zénith avec la charnière centrale Adonkor – Der Zakarian. Un jeune surdoué du nom de José Touré au milieu et un buteur yougoslave du nom d’Halilhodzic. Plus une légion étrangère avec l’Argentin Burruchaga ou le Belge Vercauteren. Une équipe de rêve qui remporte le championnat en 1980 et 1983, l’année qui les voit disputer une autre finale perdue en coupe, contre le PSG avec un but d’anthologie de Touré sur un enchaînement technique remarquable qu’on doit encore montrer dans les écoles de football (comme disait Thierry Roland). Bibard, Ayache, Rio… Les Nantais sont réputés pour leur défense solide, mais ils ont aussi des arguments à faire valoir en attaque, avec un Suaudeau qui connaît le club à merveille et sait tirer le maximum de son effectif. Le club est au zénith et les entraîneurs vont à nouveau se succéder avec chaque année des effectifs moins cotés qui feront rentrer Nantes dans le rang, la capitale du foot français se déplaçant de Bordeaux à Marseille puis de Lyon à Paris.

Il faudra attendre l’année 1995 pour que les Nantais décrochent un nouveau titre de champion, avec des jeunes pousses en attaque comme Pedros, Loko ou Ouedec et des internationaux qui feront leurs débuts professionnels à Nantes avant de passer par Marseille, dernière étape française de leur carrière internationale. Ce sera le cas de Deschamps ou de Desailly, avant Karembeu entre autres. Le club a des difficultés financières et ne parvient plus à retenir ses éléments les plus brillants quand le budget recrutements est à la baisse. Nantes devient une pépinière pour la formation, mais au profit des grosses écuries du championnat qui les ont distancés. Il y aura une dernière victoire en championnat en 2001, sous la houlette de Reynald Denoueix avec Landreau dans les buts, l’Argentin Fabbri en défense et de bons joueurs comme Carrière, Monterrubio ou Da Rocha. C’est la même équipe qui avait battu en finale de coupe les amateurs de Calais, en 2000 et aussi Sedan l’année d’avant. Troisième coupe de France, après 8 championnats. Pas mal.

Nantes est devenu une équipe de coupe et, par la suite, les années Kita (Waldemar de son prénom) vont être calamiteuses pour le club. Il arrive l’année où le club est relégué en deuxième division. Les entraîneurs se suivent (Gourvennec, Gourcuff, Furlan, Der Zakarian entre autres), tous avec des résultats aussi médiocres et les Canaris ont recruté l’ineffable Pascal Praud pour sa communication. Riche idée. Un malheur n’arrive jamais seul.

C’est en tout cas la période noire du F.C Nantes, pas tout à fait terminée si on en juge par leurs résultats actuels en championnat. Après une série de saisons ratées où Nantes échappe de peu à la relégation, les Canaris finissent par passer à la trappe en 2007 donc, après 44 saisons en Ligue 1. Il était le seul club de Division 1, mis à part le Paris Saint-Germain (depuis 1972 seulement), à n’avoir pas connu les affres de la deuxième division, devenue la Ligue 2. Les supporters de la Brigade Loire n’en finissent plus de conspuer le pauvre Kita qui ne sait plus trop s’il doit rester ou partir. Des incidents ont lieu à chaque fin de match et le public veut sa peau. Il restera quand même, contre vents et marées, mais quelque chose est cassé entre les dirigeants et les supporters.

Une saison, ou plutôt plusieurs, en enfer avec une remontée qui ne sera effective que pour la saison 2013 – 2014. Et encore, ils ont terminé troisième en Ligue 2. Une remontée à l’arrache. Nantes ne brille plus, limitant son ambition à demeurer dans le ventre mou du tableau et le fameux jeu à la nantaise est devenu un très vague souvenir des temps glorieux. Des effectifs guère reluisants et un jeu de plus en plus défensif complètement à l’opposé des fondamentaux du club.

Puis c’est l’ère Kambouaré, ancien joueur lui aussi. Le néo-calédonien imprime un jeu plus séduisant, avec des joueurs comme Ludovic Blas, Moses Simon ou Randal Kolo Muani qui partira à l’Eintracht de Francfort. L’équipe reprend un peu de couleurs, même si les parcours en championnat sont toujours aussi laborieux.

En coupe, c’est différent et Nantes l’emporte pour la quatrième fois en 2022 face à l’OGC Nice, grâce à un penalty transformé par Blas en fin de rencontre. En Coupe Europa, Nantes va faire un nul à Turin contre la Juve, mais se fait étriller au match retour. Les coupes d’Europe n’ont jamais été leur fort.

Rebelote cette année, où les Canaris ont éliminé Lyon en demi-finales pour tomber en finale sur le T.FéCé, le Toulouse Football Club, putaing cong ! Une équipe largement à leur portée mais les Canaris remporteront une victoire à la Pyrrhus s’ils descendent à nouveau à l’étage inférieur, ce qui pourrait bien leur arriver. On ne le souhaite pas bien sûr, tant Nantes s’est affirmé tout au long de son existence comme une valeur précieuse du football français.

Alors, une cinquième coupe de France ? Peut-être, sûrement même. Mais ça ne rachètera pas un parcours plus que médiocre en championnat. Les Canaris sont cuits ? Pas encore, mais ils ne volent plus très haut non plus. Les grands clubs ne meurent jamais, dit-on. La question est : Nantes est-il vraiment un grand club ? J’arrête là, car je sens que je vais me faire des ennemis entre Loire et Erdre, une histoire de famille.

20 avril 2023

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