RETOUR À REIMS (3) ET AUTRES BILANS
Il y avait longtemps qu’on n’avait pas parlé du Stade de Reims. Un début de saison calamiteux et une fin de saison lamentable. Entre les deux, 19 matchs sans défaite, record du club battu et record en Ligue 1 approché. Les gars de Will Still ont fini la compétition fatigués et sans l’aiguillon de la motivation (pas de descente en vue et pas d’espoir d’une coupe d’Europe). On fera mieux la prochaine fois, comme on dit, avec un effectif remanié. On oublie pas non plus les bilans et palmarès, Ligue 1, Ligue 2 et National, de cette saison entrecoupée par le Mondial qatari. Rétrospective.
Ça avait plutôt mal commencé. Les hommes d’Oscar Garcia (qui cédera sa place à l’Anglo-belge Will Still) font pâle figure en ce début de championnat. Défaite logique à Marseille où on remarque un attaquant prometteur – Folarin Balogun – et revers chez eux contre Clermont. Reims menait 2 à 0 à la mi-temps mais, à la suite d’une phase générale de décompensation dont ils ont toujours eu le secret, les Auvergnats l’emportent 4 – 2. La honte.
La suite n’est pas bien meilleure, avec un nul heureux à Strasbourg, un nul chez eux contre Lens (ils ont bien failli l’emporter), une victoire à Angers et un nul contesté contre Lyon. C’est l’époque où chaque match voit sortir, sur carton rouge, un ou deux joueurs du Stade et rares sont les Rémois à garder un casier vierge. La suite est encore plus désespérante, avec encore une défaite à domicile contre Monaco (0 -3) et une défaite à Toulouse. Fin septembre, Reims compte 6 points et est relégable. Il est grand temps d’agir. Nul à Troyes et encore un expulsé.
Garcia se retire, pas tant pour ses contre-performances que pour accompagner la fin de vie de sa fille malade. Triste. C’est Will Still qui prend sa place. Il n’a pas ses diplômes ? Tant pis, le club paiera les amendes. Le rouquin qui a traîné ses guêtres dans plusieurs clubs belges, dont le Royal Antwerp et le Standard de Liège, impose ses règles. Pas le chamboule-tout, mais la fin de la défense à 3 et un milieu de terrain plus tourné vers l’offensive. Foket, blessé jusque-là, revient comme arrière latéral ainsi que son pote De Smet (deux Belges). Munetsi s’avance en milieu offensif (il marquera et fera marquer) quand Ito et Balogun forment le duo de pointe.
Gravillon passe à la trappe et il partira à l’inter-saison et quelques autres joueurs feront les frais de la remise en ordre. Le Kosovar Zeneli ne joue plus que des bouts de match et Kamery Doumbia se fait rare. En revanche, on voit de plus en plus le Suédois Cajuste et le jeune ch’ti Flips.
On l’a dit, 19 matchs sans défaite en championnat (une défaite en Coupe de France à Toulouse qui allait remporter le trophée). 19 matchs entre début octobre 2022 et fin mars 2023, soit près de 6 mois auxquels il faut bien sûr déduire le mois du mondial qatari, mais quand même ! Même au temps du grand Reims, on n’avait pas vu ça. Champagne !
Balogun finira troisième meilleur buteur avec 21 buts en fin de saison. Il est déjà convoité par les plus grands clubs européens après avoir été sélectionné dans l’équipe nationale américaine. Le Japonais Ito est aussi courtisé, mais il aurait l’intention de rester dans la Marne. Les autres ? On ne sait pas trop. Abdelhamid semble avoir atteint la limite d’âge, Seerhuis s’en va et Munetsi a re signé. Beaucoup de joueurs avaient été prêté à l’intersaison après l’arrivée de Still.
Mais revenons sur ces 19 matchs invaincus, cette parenthèse enchantée avec deux nuls contre le PSG et Nice ; une victoire à Monaco et à domicile et à l’extérieur contre Ajaccio ou Nantes. Des victoires à domicile contre Troyes, Lorient, Rennes, Toulouse. Un nul et une victoire contre Lille et Auxerre, un nul à Montpellier ; deux nuls contre Brest.
Et puis les Marseillais qui ont joué les briseurs de rêve en s’imposant à Reims au cours d’un match que les locaux se devaient logiquement de l’emporter. Mais ça aura été le déclic et, après ce revers, les Rémois tomberont à Rennes, à Clermont, à Lens et à Lyon. Pire, ils seront défaits chez eux par Strasbourg ou Montpellier lors de la dernière journée, ne devant se contenter que de laborieux nuls à domicile contre Brest ou Angers (déjà relégables depuis longtemps). Les Rémois prennent souvent des buts d’entrée de jeu et courent après le résultat. La magie Still n’opère plus et ses schémas tactiques comme ses précieuses directives restent lettres mortes. Il a beau s’égosiller et vociférer, ça n’imprime plus.
On finit par s’interroger sur la qualité de l’effectif. Si la plupart des joueurs semblent compétitifs, que dire de ces attaquants (Van Bergen, Maolida, Seerhuis) qui n’ont jamais marqué en Ligue 1. De Smet peine sur son flanc gauche et Agbadou prend des cartons à chaque match. On sent les limites d’un club qui n’a plus d’objectifs.
Espoir pour l’avenir, le jeune Keita en défense, international Espoirs, et des espoirs de recrutement avec Diakité (ex R.B Salzbourg) ou un joueur africain du Macabi Tel Aviv. Balagun, rendu à Arsenal, partira en Série A italienne et Matuziwa a son bon de sortie. Il faudra ouvrir plus grand le portefeuille pour avoir une équipe capable de se maintenir, voire un peu plus, ce plus européen qu’attendent désespérément les supporters, pourtant échaudés par l’expérience de 2020. Autrement, le club a présenté les nouveaux maillots pour la prochaine saison : rouge sang de bœuf et manches blanches, qu’on se rassure, seule la coupe et le nom des sponsors changent.
Le reste en bref. Le PSG remporte le championnat et bat le record avec 11 titres, après une défaite à domicile contre Clermont. Pas de quoi pavoiser. Lens, après une saison exceptionnelle, le rejoindra en Champions League. Lens aura été la véritable attraction de ce championnat avec des révélations (Openda) et des confirmations (Sotoca, Fofana, Frankowski…). Ils sont capables de faire mieux que les Parisiens en C1.
On aura les Marseillais et les Rennais en Coupe Europa. Des Marseillais qui ont mal négocié la dernière ligne droite et des Rennais qui se seront montrés trop inconstants pour mériter mieux. Lille ira en Coupe Conférence, et on se dit qu’ils auraient pu faire mieux. Les grands cocus de l’histoire : l’A.S Monaco et ses vedettes en disgrâce (Ben Yedder n’était même plus aligné sur la fin), l’O.G.C Nice de Didier Digard (limogé) et l’Olympique Lyonnais après les adieux d’Aulas.
Mention spéciale pour des clubs comme Clermont et Lorient qui ont prouvé que des effectifs à moindre coût pouvaient inquiéter les richissimes ténors. On le savait déjà.
Auxerre, Troyes, Ajaccio et Angers descendront en Ligue 2, et on respire de voir Strasbourg ou Nantes (des pensionnaires de la Ligue 1) se sauver in extremis. Du souci à se faire pour la saison prochaine, quand même.
Montpellier s’en tire bien avec son joueur vedette, Wahi, Brest grâce à son entraîneur, Yvan Roy, et Toulouse devra se contenter de sa coupe. On a cité tout le monde.
En Ligue 2, on attend le verdict du feuilleton judiciaire entamé par le match Bordeaux – Rodez. Explication : l’attaquant ruthénois auteur du but est ceinturé par un supporter bordelais surexcité. Il en rajoute, ne se relève pas, et on croit à une commotion cérébrale. Le match est arrêté. Les Girondins veulent le rejouer, avec la perspective de gagner par au moins 5 buts d’écart pour dépasser le F.C Metz, deuxième derrière Le Havre A.C. La Ligue parle, elle, de sanctionner les Girondins avec des pénalités de point, d’autant que Rodez descendrait en cas de match rejoué et gagné par Bordeaux. Sinon, ce serait Annecy qui chuterait en National et les dirigeants du club savoyard sont déjà prêts à attaquer en justice. Un feuilleton à épisodes et à rebondissements.
Descendent en National, un club historique du football français comme Nîmes (avec Niort et Dijon) et Concarneau et Dunkerque accèdent à la Ligue 2, brûlant la politesse au Red Star qui y a cru jusqu’au bout. La prochaine fois ? Sedan est relégué administrativement (entendre financièrement), mais le club a fait appel et, ô surprise, l’A.S Nancy Lorraine descendra à l’étage inférieur, en National 2, d’où ont réussi à s’extraire l’A.S Cannes et le F.C Rouen (à ne pas confondre avec les rivaux de Quevilly-Rouen). Les diables rouges, les vrais. La Ligue 2 va passer à 18 clubs elle aussi., l’année prochaine.
En Coupe de France, on l’a dit, les Toulousains avaient cartonné contre un F.C Nantes méconnaissable et plus de Coupe de la Ligue. Gros problème pour les Toulousains qui, ayant le même financeur que le Milan A.C (un fonds de pension américain, comme de juste) seraient empêchés de participer à la Coupe Europa. Le règlement l’interdit. Sic transit footballus.
On ne va pas reparler des coupes européennes avec la laborieuse victoire de Manchester City aux dépends de l’Inter. Haaland n’a pas touché une bille. Pour les coupes Europa et Conférence, on en a déjà parlé avec les clubs italiens. Les transferts – possibles et confirmés – la fois prochaine, avec un Karim Benzema qui aura ouvert le bal. Pour une fois qu’un Français est en tête…
13 juin 2023