On s’est pris à rêver en début de saison, avec un Stade de Reims qui a flirté avec les premières places (4° en octobre), puis on a déchanté, avec une série de défaites contre les grosses cylindrées du championnat. Eux qui naguère faisaient déjouer les gros et perdaient contre des petits sont maintenant revenus à la normale : forts contre les faibles et faibles contre les forts. 8° à la trêve avec 26 points. 8 victoires, 7 défaites et seulement deux matchs nuls. Un bilan globalement positif mais on était en droit d’attendre plus, après ce départ prometteur.
À vrai dire, on était plutôt méfiant. Un effectif profondément remanié comme on dit dans L‘Équipe avec une dizaine de départs et autant d’arrivées. Parmi les départs celui, inévitable, de Folarin Balogun, l’un des meilleurs buteurs de l’édition précédente avec 21 buts. Rendu à Arsenal, Balogun a finalement été recruté par l’A.S Monaco où il ne fait pas d’étincelles. Autre départ préjudiciable, celui de Kamory Doumbia, prêté à Brest où lui, en revanche, brille avec l’équipe surprise de la saison, celle qu’aurait pu être Reims justement.
Les autres départs n’étaient pas aussi inquiétants, même si Cajuste partait pour le S.S Naples, Keita à Bastia, Lopy à Almeria, Flips à Anderlecht et Zeneli en Turquie. Le reste ? Du menu fretin, des éternels remplaçants ou des joueurs prêtés d’années en années qui finissaient enfin par trouver un point de chute. Mais on espérait beaucoup dans les arrivées et, là où les autres années avaient été relativement calmes, on avait maintenant l’impression que le club avait cassé sa tirelire et qu’il affichait des ambitions nouvelles.
Parmi les arrivants, le retour de Richardson, prêté au Havre, Salama venu d’Angers, Butelle, l’ex-gardien du Red Star et les trouvailles de la section recrutement d’Olivier Lacour sur les conseils de l’entraîneur Will Still. D’Angleterre nous venaient Wilson-Elbrand, remplaçant à Manchester City et Khadra de Brighton. D’Autriche on avait Oumar Diakité (ex Salzbourg) et le Japonais Nakamura (ex Linz). Nakamura qui vient tenir l’aile gauche là où son compatriote Junyo Ito occupait le côté droit de l’attaque. Et puis la traditionnelle filière belge avec Teuma (ex Union Saint-Gilloise), Okumu (La Gantoise) et Ibrahim Diakité de Eupen. À la dernière minute, c’était le Danois Daramy, en provenance de l’Ajax Amsterdam, qui rejoignait l’attaque rémoise. Bonne pioche.
Bref, les arrivées compensaient largement les départs, et les premiers matchs le confirmaient. Une courte défaite à Marseille, avec un second but rémois refusé pour un hors-jeu douteux et deux victoires consécutives contre Clermont à Reims et à l’extérieur à Montpellier avec deux buts du nouveau venu Teddy Teuma, deux frappes lointaines pas loin de la lucarne et la révélation d’un talent plus que prometteur. Teuma avait joué en National avant d’éclore en Belgique, appelé en équipe nationale chypriote. Il récidivait à Metz avec un autre but de Oumar Diakité, le premier arrivé de l’inter-saison.
C’était la première année que le Stade de Reims avait de la profondeur de banc, avec des remplaçants de luxe capables de changer le cours d’un match. Une défaite malencontreuse, et contre le cours du jeu, à domicile face à Brest et, pour se racheter, une victoire inespérée à Lille avec un premier but de Nakamura après celui de Munetsi (1-2). Une autre victoire (2 – 0) contre un Olympique Lyonnais mal en point et, à la trêve internationale, une honorable position de 4°, derrière un PSG pas si dominateur, un Monaco toujours d’attaque (mais moins bon en défense) et un Nice surprenant. Bizarrement, quelques gros morceaux des saisons passées (Marseille, Lens ou Rennes, sans parler de Lyon) sont en deuxième partie de tableau après des revers cuisants et déjà des changements d’entraîneurs.
Mais la reprise est difficile. Reims perd chez lui contre Monaco avec un but de Balogun qui se rappelle au bon souvenir du public local. Après un nul à Toulouse (et 5 tirs sur le poteau ou la barre), les Rémois gagnaient péniblement contre Lorient mais se faisaient battre sévèrement contre le PSG (0-3, trois buts de M’Bappé et un Donnaruma en état de grâce). On reculait au classement, devancés par Brest puis par Lille. Sixième, pas si mal. Abdelhamid recommençait à marquer de la tête sur des coups de pied arrêtés et Ito faisait à chaque sortie parler de lui par sa technique et la finesse de son jeu. Une courte victoire à Nantes et Reims semblait abonné aux places d’honneur. On se disait que les Stadistes y resteraient et on commençait à espérer une quatrième ou cinquième place qualificative pour une Coupe d’Europe, Europa ou Conférence. Pourquoi pas ?
On a vite déchanté. Reims a failli dans la dernière ligne droite avec deux défaites consécutives à Nice et à Lens où un hors-jeu imaginaire annule un premier but de Rémois dominateurs et bien en jambe. Deux occasions pour Lens et deux buts. Et, plus inquiétant, des boulettes de Diouf à Nice où il se troue sur un tir anodin et à Lens où il s’emmêle les pinceaux avec Okumu. Deux défaites qui ne sont pas compensées par deux courtes victoires contre Strasbourg d’abord, puis Le Havre pour la dernière journée. Deux victoires où Reims s’impose péniblement avec une fin de match difficile face aux Alsaciens et grâce à un raté magistral des Normands réduits à 10 dès l’entame.
Bref, un bilan plutôt bon, et gageons que les dirigeants auraient signé pour cette huitième place, mais des regrets et la nette impression que l’équipe a encore des fragilités et des failles, surtout en défense où la charnière centrale n’est pas des plus sûres avec un gardien fébrile et des latéraux pas toujours des plus brillants.
En revanche, on ne craint pas grand-chose pour l’attaque et, à part sur deux matchs, Reims a toujours marqué. Pas de buteur attitré cette année, mais chaque joueur du milieu de terrain ou de l’attaque en passant par la défense, a marqué au moins deux fois. Une mention spéciale pour Teddy Teuma avec 4 buts, pas mal pour un milieu défensif.
Autrement, Will Still a défrayé la chronique en s’entretenant avec des dirigeants de Sunderland, club de Division 2 anglaise. La presse en a fait ses choux gras et L’Équipe voyait déjà l’entraîneur anglo-belge parti sous d’autres cieux. Mais Still a démenti, excipant urbi et orbi de son attachement indéfectible au Stade de Reims. On a déjà entendu ce genre de discours émanant de joueurs et d’entraîneurs que cela n’a pas empêché de partir.
La suite ? On verra déjà ce que Reims va faire à Monaco. Revanche du match aller ou nouvelle défaite attendue ? Après, ce sera la réception de Nantes et ce sera reparti pour un tour. Reims aura beaucoup de mal à passer l’hiver, avec la Coupe d’Afrique des Nations et de nombreux appelés en sélection, sans parler d’une infirmerie toujours bien remplie avec Marshall Munetsi toujours blessé comme Atangana et Ibrahim Diakité.
Certains joueurs n’ont pas trouvé leurs marques. C’est le cas de Khadra, Bojang ou Salama quand d’autres paraissent toujours un peu justes pour la Ligue 1 (De Smet ou Diouf). Abdelhamid vieillit et n’a plus la sûreté d’antan et Focket et Okumu déçoivent. On a aussi des motifs d’espérance, avec les deux Japonais sur les ailes, Daramy dans l’axe et Richardson, l’une des révélations de la saison, au milieu. Sans parler d’Agakpa et de Matuziwa, pas transcendants mais toujours sûrs, et des surprises de la saison, Teddy Teuma et Oumar Diakité, en attendant Wilson-Elbrand, peu utilisé jusqu’ici pour cause de blessure, mais souvent déterminant lors de ses rares entrées.
Alors, un pronostic ? Il serait sage de se dire que Reims ne descendra pas, sauf catastrophe, et que c’est déjà un bon point. Mais l’appétit vient en mangeant, et on a cru un moment que les Rémois pouvaient jouer dans la cour des grands, avant de devoir déchanter. En milieu de tableau comme d’habitude ? Gageons qu’ils finiront juste après les grosses cylindrées, à la septième ou la huitième place, et c’est tout le mal qu’on leur souhaite, en attendant mieux. Le tout sera de garder leur entraîneur, les quelques joueurs intéressants qu’ils ont su recruter et, surtout, de renouveler une défense qui prend l’eau, avec une tour de contrôle qui vieillit.
PS : et on en profite pour saluer une dernière fois les Rémois qui n’ont pas passé l’année : Alain Laurier et Pascal Blanchard, champions de D2 en 1966, et Bernard Ducoing, ex joueur du Red Star de Reims et de Montpellier, finaliste de la Coupe de France (édition 1977) avec le Stade de Reims. Merci les gars !
janvier 2024