Le jeu de mot sur le titre est rigoureusement incompréhensible pour qui ne sait pas que le club s’appelait historiquement Valenciennes – Anzin, du nom de la cité minière d’à côté dont Zola se serait inspiré pour son Germinal. On disait à l’époque V.A et le « A » de l’actuel VA FC, s’il est devenu une abréviation de Valenciennes n’en cultive pas moins la nostalgie des vieux supporters du temps du Stade Nungesser. Dores et déjà relégué en National, le rival ch’ti de Lille et de Lens a failli, dans la même saison, se qualifier pour la finale de la Coupe de France. L’en a empêché un arbitrage des plus fantaisistes qui repose la question de la VAR et de ses graves lacunes.
C’était cette fois Madame Frappart qui était au sifflet. Une arbitre femme, pas moins compétente que ses collègues masculins sur fond de marasme dans l’arbitrage aggravé par les recours à la VAR qui, au lieu d’aider le corps arbitral, a tendance à arbitrer en leur lieu et place.
En fin de première mi-temps, le Valenciennois Knockaert fait une passe décisive à Ducouré qui marque dans un silence de mort (on est à Lyon). L’arbitre, après consultation de la VAR, refuse le but et on se demande toujours pourquoi. Une légère faute sur un défenseur lyonnais. Soit. À la reprise, les Lyonnais bénéficient d’un penalty plus que contestable, que transforme Lacazette. L’O.L l’emporte in fine 3-0, mais on peut se demander si le but refusé et le penalty généreux n’ont pas coupé les jambes aux Nordistes qui, sans cela, auraient pu faire jeu égal et, qui sait, sur un malentendu… En tout cas, comme disent les commentateurs, cela n’aurait pas été le même match.
Valenciennes sorti en demi-finale et relégable à coup sûr en National à l’issue d’une saison calamiteuse. Triste bilan, mais déjà, la saison dernière, VAFC avait été repêché in extremis après le dépôt de bilan du F.C Sochaux. Bis repetita, sauf que V.A est cette fois bon dernier à presque 10 points de l’ante-pénultième, comme disent les latinistes, et que les carottes sont cuites. Pas de miracle à attendre.
Les derniers exploits en Coupe de France remontaient à l’avant-guerre. Une demi-finale perdue contre Strasbourg et une finale contre Angers, dans les années 1930. La vedette de l’équipe était un canonnier néerlandais nommé Van Rijn. le Hollandais volant. Valenciennes avait déjà ses couleurs, rouge avec un chevron blanc et short blanc. L’un des plus vieux clubs français, soit-dit en passant. Les Valenciennois de l’époque ont du mal à rivaliser avec les clubs de la métropole lilloise (l’Olympique Lillois, le SC Fives et l’Excelsior ou le Racing Stade de Roubaix) tenus à bout de bras par les patrons du textile. Dans le département à côté, c’est Lens qui fait la loi, soutenu par les houillères. Valenciennes fait figure de parent pauvre, condamné au mieux à la deuxième division.
Les choses commencent à changer au début des années 1960, avec une génération de joueurs surdoués. L’U.SV.A (le « A » pour Anzin ») accède à la première division en 1963 avec les Piumi, Bonnel, Masnaghetti et autres Joseph (Monsieur un but par match). On peut citer aussi le gardien Magiera, les homonymes Joly et Jolis en arrières d’aile, Provelli, Guinot, Guillon, Serafin, Gaidoz et, en 1964, le renfort de Paul Sauvage, ex-Rémois refusant de descendre avec son club. Un an plus tard, c’est la venue de Jean-Claude Bras, ex Red Star et futur dirigeant du syndicat des joueurs professionnels, l’UNFP. Le club est entraîné par Robert Domergue, coach brillant qui cédera sa place à Jean-Pierre Destrumelle.
Ce Valenciennes-là sera plusieurs fois sur le podium de la première vision, troisième en 1966, derrière le F.C Nantes et les Girondins de Bordeaux. La même année, Piumi et Bonnel font partie de l’équipe de France pour la World Cup anglaise.
Au tournant des années 1960 – 1970, Valenciennes est le seul club du Nord encore en Division 1. Lille et Lens ont été relégués aux étages inférieurs. V.A n’en profite pas, ayant perdu Bonnel (parti pour l’O.M de Marcel Leclerc), Piumi (à Monaco) et toute cette génération d’exception qui a raccroché les crampons. Heureusement, la relève arrive, souvent venue des communes voisines (Aulnoye ou Maubeuge) ; avec d’abord Didier Six, le gardien international Dominique Dropsy plus Pascal et Bruno Zaremba, Bruno Metsu, Pesin, Tihy, Laurey… Plus tard le Camerounais Roger Milla et Daniel Leclercq, le druide. C’est le renouveau tant attendu qui ramène V.A au premier plan.
Borloo prend la présidence du club qui remonte en 1991, mal classé mais maintenu, jusqu’à l’affaire O.M – V.A. Eydelie, ancien joueur de Valenciennes, aurait appelé plusieurs joueurs – dont l’Argentin Burruchaga et Christophe Robert – pour leur demander de lever le pied à la veille de la finale de Coupe d’Europe Milan A.C – Marseille. Bernès, agent de joueur et directeur sportif de l’O.M, aurait versé du cash planqué dans le jardin de Robert. Le défenseur Glassman a confirmé des faits que Tapie nie, selon son habitude, mais l’enquête révèle qu’il y a eu corruption. En attendant les conclusions de l’enquête, l’O.M est maintenu mais Valenciennes descend aux enfers, relégué sportivement et administrativement. Borloo, avocat d’affaire d’un certain Bernard Tapie, laisse tomber l’affaire mais Valenciennes échappe au pire et peut repartir en deuxième division. L’USVA, en faillite, se transforme en V.A F.C.
C’est à nouveau 10 ans de purgatoire avec descentes aux étages inférieurs – National puis CFA – mais le club remonte la pente avec un trio d’attaque percutant composé de Dufresne, Heitzman et Savidan, buteur qui jouera en équipe de France. En 2004, le vieux stade Nungesser a fait place au stade du Hainaut, juste un agrandissement, et Borloo revient pour une remontée en première division après accession directe du National à la Ligue 2 et de Ligue 2 à Ligue 1, en deux ans. Quatre à quatre.
Les premiers temps sont difficiles, mais Valenciennes se maintient après des débuts souvent catastrophiques compensés par des fins de saison à toute allure. Penneteau est dans les buts, Ducourtioux est venu de Sedan en défense et l’ex Nantais Pujol est à la pointe de l’attaque. Plus Rudy Mater qui évoluera plus de 10 ans dans le club.
Au début des années 2010, on parle de Valenciennes comme d’un petit Barça, ou le Barça du Nord avec un milieu de terrain où brillent Roudet, Ben Khalfallah et Danic, avec Saez en milieu défensif exécuteur des basses œuvres. En attaque, on a toujours Pujol avec le Camerounais Aboubakar et le Sénégalais N’Guette.
Valenciennes surprend et s’en vient souvent taquiner les grosses écuries. Sur les maillots, le chevron a quasiment disparu, devenu une simple ligne blanche et les Rouges proposent un football élégant et technique apprécié des supporters.
Cela ne dure pas et Valenciennes est relégué à l’issue de la saison calamiteuse 2013 – 2014 et manque redescendre l’année d’après où il pointe à la 16° place. Les autres années, Valenciennes se classe dans le ventre mou du classement de Ligue 2, jouant les trouble-fête sans jamais parvenir à se hisser dans le peloton de tête. Le gardien Chevalier, sociétaire du LOSC, vient renforcer le club qui se trouve à nouveau endetté et les supporters ne viennent plus en masse au stade du Hainaut.
La saison 2022-2023, on l’a vu, est catastrophique et il s’en faut de peu pour que Valenciennes ne soit relégué en National. Le club bénéficie de la décision du gendarme financier qui expédie le F.C Sochaux en National 2, et autorise Valenciennes à la dernière minute à repartir en National.
Ce n’est que partie remise car, sous la houlette de Ahmet Kantari, les Valenciennois, malgré quelques joueurs intéressants dont l’ex Rémois Jung, terminent lanterne rouge avec 10 points de retard sur l’avant-dernier et strictement aucune chance de se sauver. Cela pourrait s’accompagner d’une rétrogradation administrative et d’une descente en National 2, ce qui ramènerait le club à ses heures sombres. Mais le pire n’est jamais sûr, dit-on.
Ce que personne ne souhaite car, avec peu de moyens et un courage exemplaire, Valenciennes a prouvé qu’il était un club irremplaçable pour le football professionnel français. Alors, adieu V.A ? C’est oublié que le phénix est rené tant de fois de ses cendres. À Dieu vât. V.ât, plutôt.
Dernière minute : Valenciennes évoluera bien en National la saison prochaine, mais le Red Star remonte en Ligue 2. On se console comme on peut.
6 avril 2024