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DÉMOCRATES /RÉPUBLICAINS : MATCH NUL 7 À 7

Démocrates vs Républicains, vers la guerre civile ? Dessin piqué sur Internet.

On ne souhaite pas la victoire de Républicains de plus en plus réactionnaires derrière un Trump qui s’affiche en père Ubu américain. Même si les démocrates, ardents défenseurs d’Israël et toujours favorables à Wall Street, ne font pas rêver quand bien même Kamala Harris a remplacé Joe Biden. Trump, lui aussi grand soutien de Netanyahou, réglerait la question de l’Ukraine en un coup de fil, pour le plus grand plaisir de Poutine, sans parler de sa haine des migrants et de son inclination pour les armes et la violence. Ci-dessous, une histoire des élections présidentielles aux U.S.A depuis l’après-guerre, avec 7 victoires des ânes et autant des éléphants.

On va commencer avec Harry S. Truman, intronisé en avril 1945 alors que son prédécesseur, Franklin Delanoe Roosevelt reconduit pour un quatrième mandat, eût décédé après une grave maladie en janvier. Pour l’histoire, rappelons quand même que Roosevelt aura fait trois mandats (à l’époque c’était possible), l’homme du New Deal et de la relance keynésianiste restant au pouvoir de 1932 à 1944.

Truman était le vice-président et c’est à ce titre qu’il a accédé au pouvoir. Il sera réélu en 1948 devant le Républicain Thomas Dewey qui partait pourtant favori. De Truman, on retiendra surtout les bombardements atomiques de Hiroshima – Nagasaki en août 1945 les débuts de la guerre de Corée et les prémisses de la guerre froide, même s’il essaiera de continuer la politique sociale de Roosevelt dans le cadre du plan Marshall surtout destiné à laisser l’Europe occidentale à l’abri des menées communistes.

Dwight Eisenhower, militaire républicain héros de la seconde guerre mondiale, l’emporte contre le démocrate Adlai Stevenson en 1952. Eisenhower cherche à renforcer l’emprise des États-Unis sur l’Europe et entretient la guerre froide contre l’ours soviétique. Pire, il a toutes les complaisances pour le sénateur du Wisconsin Joe Mc Carthy, président de la commission des affaires antiaméricaines qui fera les ravages que l’on sait dans les milieux des intellectuels et des progressistes, à Hollywood et ailleurs. Ike est réélu en 1956 contre le même Stevenson affaibli par la candidature d’un démocrate raciste du vieux sud. Quatre ans de plus d’une Amérique paranoïaque anticommuniste qui s’engage sur la voie de la production et du consumérisme de masse.

Après deux mandats, Eisenhower laisse à Richard Nixon, son suppléant, le soin de faire triompher les éléphants en 1960 mais les choses ne se passent pas comme prévu. John F. Kennedy, le fils de Joe Kennedy, un avocat et politicard mafieux de Boston, l’emporte et il nomme son frère Bob à la justice. Comme conseiller économique du gouvernement Kennedy, on trouve un certain James Tobin, économiste keynésien qui restera célèbre pour sa fameuse idée de taxe sur les transactions financières internationales, laquelle donnera naissance à l’association altermondialiste Attac.

Le programme est clair : droits civiques pour les Noirs américains et nouvelle frontière avec la conquête de l’espace. Kennedy sera assassiné à Dallas le 22 novembre 1963 et c’est un démocrate texan du nom de Lyndon B. Johnson qui lui succède. Ce sera une autre chanson, même si Johnson concrétise le Civil Rights Act, mais il envoie aussi les premiers appelés au Vietnam en 1964 alors que Kennedy s’y était toujours opposé. Il bat Barry Goldwater, sénateur ultra-réactionnaire de l’Arizona, mais Johnson apparaîtra vite comme l’homme du Vietnam, et les contestataires pourront s’écrier « hey hey Lyndon B, how many kids have you killed today ? ».

La contestation monte dans tout le pays contre la guerre du Vietnam et l’impérialisme américain. Hippies, yippies, black et white panthers se battent farouchement contre l’empire et une contre-culture s’oppose au discours officiel de l’Amérique WASP.

Cela n’empêche pas Nixon de l’emporter en 1969 contre Humphrey pour les démocrates et un candidat dissident raciste, George Wallace. C’est Bob Kennedy, assassiné en juin, qui devait représenter les démocrates et leur convention de Chicago, en août, avait été marquée par des heurts violents d’activistes avec la police et la garde nationale.

Nixon avait promis de mettre fin à la guerre du Vietnam, mais elle va s’intensifier. Avec Kissinger comme ministre des affaires étrangères, il va imposer des dictatures en Asie et en Amérique latine via la CIA. À l’intérieur du pays, ce sera la répression dure des mouvements politiques et sociaux. Nixon aura favorisé le rapprochement avec la Chine par la diplomatie du ping-pong et il est réélu en 1972 contre Mc Govern, un démocrate progressiste plébiscité par toute l’intelligentsia. À noter que Shirley Shisholm fut la première noire américaine candidate à une primaire démocrate. Le Watergate, en juillet 1974, mettra un terme à l’un des gouvernements les plus réactionnaires de l’histoire.

C’est Gerald Ford qui assurera l’intérim. Un fils de famille crétin dont les bourdes et les maladresses feront les choux gras de la presse internationale. Intermède comique.

Ford est battu par Jimmy Carter, que ses détracteurs appellent familièrement le marchand de cacahuètes de Georgie. N’empêche, Carter mettra en œuvre plusieurs programmes sociaux dans la santé et l’éducation et il se comportera souvent en véritable humaniste, desserrant le carcan impérialiste U.S. La prise d’otage de l’ambassade américaine à Téhéran, en 1979, lui sera malheureusement fatale, laissant la place aux années Reagan.

Le retour de l’impérialisme en Amérique centrale principalement, la ruine de l’état qui est le problème, pas la solution (Reagan dixit), le libéralisme favorable aux marchés, le consensus de Washington (fin des dépenses publiques, libéralisation du commerce et des services, privatisation, déréglementation…). Le vieux cow-boy mettra à genoux la gauche américaine qui sera représentée par l’ex-journaliste Walter Mondale en 1984, battu à plates coutures. Reagan et Thatcher feront triompher le libéralisme dans le monde, s’inspirant des théories des Chicago boys et de Milton Friedman, l’économiste favori de Pinochet.

Une politique antisociale qui fait néanmoins prospérer l’Amérique, ou du moins sa classe aisée, et Bush père, vainqueur du démocrate Dukakis en 1988, n’aura qu’à la prolonger avec une diplomatie aussi agressive. Papa Bush sera rattrapé par la guerre du Golfe et battu à la surprise générale par Clinton, un démocrate de l’Arkansas qui rassure d’emblée les marchés. Pas de gros bouleversements avec lui.

L’homme au cigare humidifié ne va pas s’illustrer par une politique sociale, n’’en finissant pas de donner des gages à Wall Street ou de signer les premiers accords de libre échange. Il est réélu en 1996 contre Bob Dole et, même s’il contient les visées impérialistes de son pays (chat échaudé), il s’inscrit dans le sillage du libéralisme : « the economy stupid ! », son cri du cœur contre Bush lors d’un fameux duel télévisé. À noter qu’à partir de 1996, l’écologiste Ralph Nader se présentera régulièrement, faisant perdre des voix aux démocrates.

On doit encore être en train de recompter les bulletins en Floride pour l’élection controversée de George W. Bush Junior, le rejeton de cette riche famille de géants du pétrole texan. Il bat finalement le démocrate écolo Al Gore et n’a qu’une idée en tête : venger son père. On connaît la suite, le 11 septembre, l’Afghanistan et l’Irak. Bush fera quand même deux mandats avec une élection tout aussi controversée en 2004 qui le voit triompher de John Kerry. Bush junior sera la préfiguration d’un Trump, aussi bête et aussi méchant avec des républicains de plus en plus radicalisés (voir Sarah Palin). Le reste appartient plus à l’actualité qu’à l’histoire et on ne va pas s’y attarder.

La crise financière internationale de 2008 aidant, Obama défait le républicain Mc Cain, militaire torturé au Vietnam. Le premier noir américain président. Obama va beaucoup promettre, notamment la mise en place du Medicare, une sécurité sociale à leur sauce, mais un sénat majoritairement républicain va contrarier ses projets. Le travailleur social de Chicago va beaucoup décevoir, surtout dans son second mandat (il bat Matt Romney en 2012) où il signe des deux mains tous les accords de libre échange.

Malgré une belle campagne de Bernie Sanders, vrai candidat de gauche, c’est Hillary Clinton qui est intronisée pour rassurer Wall Street et les marchés. Elle se fait battre par un homme d’affaire vedette de la télé-réalité qui parle de protectionnisme, de nationalisme et de chasse aux immigrés. Sa première mesure sera de construire un mur à la frontière mexicaine. Make America great again !

Sleepy (le surnom que lui donne Trump) Joe Biden sifflera la fin de la récréation en dépit d’une obstruction de Trump et de ses partisans qui prendront d’assaut le Capitole en janvier 2021. Malgré l’opposition d’un sénateur démocrate – Joe Machin – qui vote contre son camp, quelques mesures sociales et la promotion des syndicats, dans l’automobile notamment, mais un soutien indéfectible à Israël et une politique étrangère contestable avant quelques bourdes et lapsus qui lui seront fatals. C’est donc Kamala Harris qui lui souffle la candidature et il n’y aura pas de second mandat Biden. Elle a les faveurs du pronostic mais Trump, plus féroce que jamais, n’a pas désarmé et le suspense reste entier pour le 5 novembre.

Tout dépendra des six ou sept « swing states » qui peuvent basculer du mauvais côté. Alors, « cross your fingers ! », comme on dit là-bas, sinon pour croire au meilleur, au moins pour éviter le pire. Pour le reste, il y a très longtemps que l’Amérique ne fait plus rêver personne.

7 octobre 2024

Comments:

Excellente rétrospective Didier, même si je ne partage pas l’opinion de ta dernière phrase car, en effet, si « l’Amérique ne faisait plus rêver personne », nous n’aurions pas plus de 11 millions d’immigrants qui sont rentrés illégalement sur le territoire ces dernières années, et je peux t’assurer que la queue est toujours aussi longue pour ceux qui viennent du monde entier – y compris de France – pour demander la permission de venir s’installer ici de façon légale.

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