Après la clôture du marché des transferts et à l’entame d’une septième saison en Ligue 1 après la remontée de 2018, où en est le Stade de Reims ? Un recrutement petit budget dû à la baisse drastique des droits télé, de nombreuses sorties et un nouvel entraîneur, le Croate Luka Elsner venu du Havre après Amiens et plusieurs clubs belges. Rien de bien nouveau sous la pluie rémoise, à part un jeune prodige du nom de Yaya Fofana, jeune pousse du centre de formation. Reims devra compter de plus en plus sur sa classe biberon, mais la concurrence est rude et il n’est pas certain que cela suffise.
L’été aura été couvert par une tournée au Japon où les performances n’ont pas vraiment été au rendez-vous. Deux joueurs japonais dans l’effectif – Ito et Nakamura – ont justifié ce périple et les rouges et blancs sont maintenant connus des amateurs de football nippons. Soit.
Les premiers départs ont fait saigner l’oreille du supporter : Abdelhamid à Saint-Étienne (on le savait depuis longtemps mais cela n’enlève rien à l’indélicatesse du staff concernant ce taulier de défense et ex-capitaine), Foket à Anderlecht, Richardson à la Fiorentina plus Matusiwa déjà parti pour Rennes la saison dernière. Sans parler des joueurs prêtés (Letono, Koudou, Adeline, Keita, Bojang…) et des « retours de prêt » qui se passent mal, comme celui de Kamory Doumbia, lequel reste finalement à Brest. Salama, lui, est revenu de Caen, pas forcément une bonne nouvelle. Sans parler des transferts évités de justesse, les deux clubs n’ayant pas trouvé d’accord financier pour De Smet, proche de Côme.
Bref, une balance plutôt déficitaire sur le plan des transferts avec pas grand-chose à se mettre sous la dent côté recrues : Kibré, défenseur rugueux formé au PSG et venu de West Bromwich, Buta, arrière latéral angolo-portugais qui évoluait à l’Eintracht de Francfort et Moscardo, un Brésilien formé aux Corinthians de Sao Paulo (l’équipe du bon Docteur Socrates), lequel faisait banquette au PSG. Plutôt maigre, on en conviendra, mais il y a les jeunes, ces « formés au club » piaffant d’impatience sur le banc ou aux vestiaires en rêvant de leur premier match chez les pros. Qui sont-ils ?
D’abord les deux Koné, Abdou en défense et Amadou au milieu ; Sangui en défense ; Atangana et Fofana en milieux de terrain et Diakhon en attaque, entre autres ; entre tous ces jeunes joueurs recrutés ces dernières années qui font leur classe en National 2. Olivier Lacour, le patron de l’active cellule de recrutement, a dit à la presse que tous ces jeunes joueurs avaient fait l’objet d’offres importantes de la part des plus grands clubs français. Pour certains, on se demande bien pourquoi.
Va pour Atangana, international U20 qui a fait parler de lui en sélection, va pour Fofana qui se révèle cette saison comme une pépite capable des buts les plus spectaculaires et des passes décisives les plus adroites. On n’est pas persuadés pour les autres, mais laissons-leur le temps de grandir… Quant à Yaya Fofana, on le voit déjà en équipe de France, encore que cette équipe de France a beaucoup baissé ces derniers temps, à voir l’Euro et le récent fiasco italien avec des M’Bappé et Griezman méconnaissables. Mais c’est une autre histoire.
L’effectif est donc sensiblement le même que celui de la saison dernière, à savoir Diouf dans les buts (avec ses ratés assez fréquents) ; défense quasiment inchangée avec Agbadou et Okumu en défense centrale, Akiémé et De Smet sur les ailes en plus des renforts précités ; en milieu défensif, le Maltais Teddy Teuma, joueur d’expérience pas maladroit devant le but et Atangana, malheureusement souvent blessé : en milieu offensif, le jeune Fofana qu’il n’est plus besoin de présenter, le Zimbabwéen Marshall Munetsi, toujours intéressant dans le jeu et Reda Khadra (un Allemand comme son nom ne l’indique pas), joueur doué mais inconstant, capable du meilleur comme du pire ; en attaque, les deux Japonais samouraïs sur les ailes, et notamment Junyo Ito toujours dangereux, l’international Ivoirien Diakité au centre et, à l’infirmerie, le pauvre Daramy qui ne sera pas opérationnel avant octobre, plus Diakhon, le feu follet parfois efficace mais le plus souvent brouillon et Salama, zéro but au compteur et toujours incapable de peser sur les défenses. Voilà pour la revue d’effectif et les forces en présence. Voyons maintenant ce que tout cela peut donner sur le pré, après sept matchs au compteur.
C’était d’abord une réception du Lille OSC à Delaune. On savait l’obstacle réputé traître, mais à ce point là… Douzième minute, Abdou Koné tacle maladroitement la cheville du losciste Angel Gomes. Expulsion et longs moments d’angoisse sur le terrain où on craint le pire pour l’attaquant lillois. De jeunes défenseurs qui ne retiennent pas leurs coups et ne sont pas conscients de la dangerosité de certains de leurs gestes. Plus de peur que de mal, mais deux buts loscistes marqués dans les arrêts de jeu de la première mi-temps puis dans ceux de la seconde par l’inévitable Jonathan David, bourreau des Rémois à plusieurs reprises.
On envisageait le pire, mais le pire n’était pas sûr à Marseille, avec les renforts de l’O.M, l’équipe qui a le plus délié sa bourse à l’intersaison avec la venue des Greenwood, Hojsberg, Ralli, Brassier, Murillo, Carboni et autres Maupay. Du lourd, et même pas mal !
L’O.M ouvre logiquement le score par Harit et la première mi-temps est nettement à leur avantage. À la reprise, après une remontée de bretelle de Elsner, le Stade de Reims est métamorphosé. C’est d’abord Akiémé qui tire à l’aveugle dans un cafouillage consécutif à un corner, et ça rentre. Puis c’est Fofana qui déborde sur l’aile et s’offre un petit slalom, régal de technique, avec trois Marseillais passés en revue et un tir astucieux en coin qui trompe Ralli, pas des plus inspirés sur ce coup-là. Marseille reviendra au score grâce à Mason Greenwood, mais ne parviendra pas à gagner même si la pression est forte dans les dernières minutes. Un point au Vélodrome, on aurait signé pour ça avant le match.
Puis il y aura la réception de Rennes où les choses commencent mal. L’international norvégien Ossigar catapulte de la tête un ballon sur un corner tiré par Blas. Atangana, sur la ligne, se rate et envoie le ballon dans les filets d’un Diouf battu. Le but sera quand même attribué au Norvégien. Juste avant la mi-temps, un fabuleux Fofana parvient à centrer au cordeau malgré ce qui ressemble à une perte de balle et la présence de l’omniprésent Ossegar. Ballon en or sur la tête de Junya Ito qui n’a plus qu’à marquer. En début de seconde mi-temps et après un but tout fait manqué côté rennais, c’est Diakité qui hérite d’un ballon en or à la suite d’un une-deux Buta – Ito. L’ivoirien n’a qu’à s’incliner adroitement pour marquer devant un Mandanda interloqué qu’on a connu plus leste. 2-1 score final, et une première victoire qui ne souffre aucune contestation.
Après une courte trêve internationale, c’est le F.C Nantes qui reçoit Reims à La Beaujoire avant d’aller affronter le PSG et ses stars. Des canaris remis en confiance après deux saisons ratées et quasiment aucun mouvement à l’intersaison, c’est dire qu’on ne les attendait pas à si belle fête. Un véritable hold-up ! Après une première mi-temps équilibrée où Augusto Douglas marque pour Nantes et où Munetsi égalise, la seconde mi-temps est outrageusement dominée par les Nantais, mais le gardien Diouf fait des miracles et c’est Nakamura qui donne la victoire à Reims dans les arrêts de jeu, d’un tir au ras du poteau de Lafont.
Place au PSG reçu à Delaune. Sans M’ Bappé, mais premier avec quatre matchs gagnés. Quelques joueurs cadres laissés sur le banc après la victoire contre Gerone. Banzaï ! Les samouraïs font parler la poudre : passe lumineuse de Ito à Nakamura et avantage Reims. 80 % de possession de balle pour le PSG et une égalisation méritée de Dembélé mais, après avoir souffert le martyr, c’est dans les arrêts de jeu que Salama mène un ballon de contre jusqu’au but parisien avant une passe à Sangui qui tire dans les tribunes. Reims avait la balle de match et peu d’équipes feront un nul contre le PSG qui enregistre ses meilleurs résultats à l’extérieur.
De quoi être confiant à Angers, lanterne rouge du championnat avec deux malheureux points. Domination à outrance, mais vendanges tardives avec un Munetsi qui manque trois fois l’immanquable. Buts des Japonais Ito et Yakamura (encore) plus Munetsi quand même. Score final 1-3. Reims est quatrième derrière les trois ogres : PSG, Marseille et Monaco.
Puis c’est Montpellier avant la trêve internationale. Munetsi marque de la tête et Nakamura place une belle frappe avant la réduction du score juste avant la mi-temps à la suite d’une mauvaise relance de Diouf. Diakité porte le score à 3-1 en début de seconde période avant que Nordin réduise encore la marque à la dernière minute du temps réglementaire. On se fait peut mais Teuma met tout le monde d’accord sur un penalty indiscutable dans les arrêtes de jeu. Troisième ex æquo avec Marseille.
À Auxerre, défaite 1 – 2. Malgré un penalty arrêté par Diouf (fautif sur le second but icaunais) et un cinquième but au compteur pour Nakamura au bout du temps additionnel, Reims s’incline. Diamandé en début de match puis l’excellent Traoré au retour des vestiaires. Comme les records sont faits pour être battus, les séries sont faites pour s’interrompre.
On croyait avoir une équipe à finir en milieu de tableau, dans le peloton, avec autant de victoires inespérées que de défaites surprenantes, comme chaque saison. Mais Reims serait-il le Stade Brestois de la saison dernière ? Brest qu’ils rencontrent le 26 octobre. Tous les espoirs sont permis, sur un malentendu comme disait l’autre. « Notre cœur est rouge, notre cœur est rouge et blanc » (à chanter sur l’air du « Chiffon Rouge »). Le chant des Ultrems. Tout ça me donne envie de retourner à Delaune.
20 octobre 2024