On parle bien sûr des Coupes d’Europe avec des poules interminables de 12 clubs avant des play-off pour les phases finales. On aurait pu parler aussi de la prochaine coupe du monde de 2026 aux États-Unis (et un peu au Canada et au Mexique) avec rien moins que 48 équipes au départ de la compétition. Pareil pour la Coupe du Monde des clubs. Le but, on l’aura compris, est de multiplier les matchs pour accroître les ventes de billets, les droits télé et les droits dérivés en marketing et autres. On est en train de soutirer les derniers œufs d’or d’une poule à l’agonie. Des joueurs mercenaires à trois matchs par semaine, souvent blessés ou en méforme chronique. Et le sport dans tout ça ? Les commentateurs vont encore surjouer l’enthousiasme et la passion, mais plus personne n’est dupe. Allez, on va quand même parler un peu de football…
Il est peu dire que Kylian M’Bappé a vu sa valeur marchande rudement endommagée après une fin de saison catastrophique au Paris Saint-Germain, des débuts hésitants au Real, un procès avec son ancien club pour des histoires de gros sous et, not but not least, une accusation de harcèlement sexuel en Suède dont il est sorti blanchi.
Qu’est-ce qui a pu faire qu’un joueur aussi talentueux devienne un attaquant comme les autres en si peu de temps ? Il était remarquable par son explosivité, ses prises de vitesse et la précision de ses tirs. Il est maintenant souvent en retard, lent et surclassé par ses coéquipiers, au moins au Real. M’Bappé a 26 ans et on ne peut pas dire qu’il est déjà usé, même si son transfert s’est mal passé et que les événements extra-sportifs ont pu jouer. Mais de quoi souffre-t-il ? Sa non-sélection en équipe de France n’est guère qu’une résultante de sa méforme chronique, à l’image d’un Euro raté et d’une fin de saison calamiteuse au PSG. On ne va pas se lancer dans la psychologie à la petite semaine, mais il y a certainement l’usure avec une succession de matchs en club et en équipe nationale, la routine qui s’installe et l’envie, la gnaque qui s’enfuit. Plus les blessures dont on finit toujours par se relever, mais dans quel état ?
Notre sosie d’Henri Salvador jeune n’a plus la foi. Il a trop donné, a trop régalé un public qui l’adulait avant de dénigrer pour ses contre-performances. Comme un enfant gâté, M’Bappé semble bouder et ne pas comprendre cette désaffection dont il souffre.
Le PSG n’est pas plus vaillant. Les hommes de Luis Enriqué sont quasiment éliminés dès le premier tour de la Champion’s League, ce qui ne leur était jamais arrivé. Jusque-là, le club était sorti’ en phases finales mais jamais à ce stade de la compétition. Pourtant, les salaires sur le terrain feraient baver d’envie bien des pays du sud global avec un PIB quasi-équivalent. Mais quand cela ne veut pas…
Lucas Fernandez accumule les contre-performances, Marquinhos vieillit, Ruiz est aussi bon avec la Roja espagnole qu’il est médiocre avec Paris, Kolo-Muani est laissé sur le banc et Kimpembé absent depuis lurette. L’histoire du PSG en Coupe d’Europe tient presque de la plaisanterie sur le mode « caramba, encore raté ! » avec des performances trop aléatoires et des défaites concédées contre des équipes largement inférieures, mais plus motivées. C’est dans la tête que ça se passe, et le collectif est trop fragile psychologiquement, souvent déstabilisé au moindre revers. On se souvient de la fameuse remontada barcelonaise, exemple type d’une équipe en manque de confiance prête à s’effondrer devant la pression adverse.
En championnat, le PSG mène toujours le bal, mais là aussi certains résultats inquiètent avec des matchs nuls contre des équipes modestes comme Auxerre ou Nantes. Les Parisiens seront sûrement vainqueurs de l’édition en cours, capables de corriger leurs rivaux Monaco ou Marseille, mais pour combien de temps encore ?
L’AS Monaco justement, avec son attaque canon et de jeunes joueurs talentueux comme Akliouche, Minamino, Ben Seghir ou Zacharias. Dommage que la défense soit si friable, mais les Monégasques sont agréables à voir jouer et leurs résultats en coupe d’Europe plaident pour eux avec des victoires contre des gros comme Barcelone. Malgré des revers face à Benfica puis Arsenal, Monaco pourrait accéder à la phase finale.
Le LOSC est encore plus certain de participer à la phase finale avec des victoires incroyables contre le Real Madrid ou l’Athletico. Les Lillois de Genesio n’ont pourtant pas l’effectif des deux clubs précités. Mais le Kosovar Zhegrova, Angel Gomes ou le buteur canadien David intéressent les grands d’Europe. Plus quelques vieux briscards comme Benjamin André, Cabella ou le Belge Meunier et surtout des petits jeunes comme Bouddaoui, entré en jeu le jour de son 17° anniversaire contre le Real.
Le plus stupéfiant est encore ce modeste Stade Brestois, troisième du championnat l’an dernier et qui ne s’est pas vraiment renforcé, au contraire. Les Bretons vont de victoires en victoires, parfois des cartons contre le R.B Salzbourg avec un effectif limité mais des joueurs qui explosent à l’image des Fernandes, Lees Melou ou Magnetti. Leur stade n’étant pas homologué, les Brestois jouent à domicile à Guingamp et n’ont pas fini d’étonner. Une équipe qui était en bas de tableau au début de la saison passée, régénérée par leur nouvel entraîneur Éric Roy, même si les résultats en championnat sont mitigés, mais quelle équipe !
En coupe Europa, même régime avec encore plus de clubs et des Français qui ne brillent pas spécialement. Lens avait fait un petit tour avant de retourner au bon vieux championnat de France. Les hommes de Will Still n’ont même pas accroché la consolante, cette Coupe Conférence qui ne semble avoir pour but que de faire découvrir les compétitions européennes à des clubs à petits budgets, ou à offrir une porte de sortie honorable aux grands clubs prématurément éliminés des autres compétitions. Qui se souviendra un jour du palmarès de cette compétition largement dispensable, si ce n’est pour multiplier les matchs et, partant, les droits TV (voir plus haut). Les Lensois ont été éliminés dès l’entame par les Grecs du Panathinaikos. Tonnerre de Zeus !
Sinon, l’OGC Nice se sera à nouveau illustré par son incapacité chronique à exister sur le plan européen, malgré un effectif plutôt séduisant pour le championnat de France. Les Aiglons ont été battus par les Rangers de Glasgow, la Lazio Rome ou la Real Sociedad, même pas capables de dominer des clubs modestes comme les Belges de l’Union Saint-Gilloise.
Heureusement, il y a l’Olympique Lyonnais pour sauver l’honneur avec un parcours plus qu’honorable et des victoires contre l’Entracht de Francfort, Olympiakos ou encore les Glasgow Rangers. Reste à battre les Turcs de Fenerbahce en janvier et ce sera tout bon. Mais l’O.L va devoir dégraisser un effectif riche sous la menace d’une relégation d’office en Ligue 2. Qui va partir parmi un effectif pléthorique : Tagliafico ? Miles-Nailand ? Matic ? Tolisso ? Benrahma ? Cherki ? Lacazette ? Fofana ? Veretout ? Mikaukadzé ? On voit déjà à citer tous ces noms la qualité d’une équipe qui était pourtant encore à la dérive lors de la première partie de la saison dernière. Déjà, Anthony Lopes, ex-gardien de l’équipe nationale du Portugal et passé quatrième gardien, a fait ses bagages pour Nantes. Who’s next ? L’essentiel sera de garder Cherki et la pépite de la saison, Malik Fofana.
On terminera avec les grosses déceptions de la saison, toujours au plan européen. Le Real et son effectif somptueux qui ne brille pas en Champion’s League et est même devancé par l’Athletico en championnat. Ou pire, le Manchester City de Pep Gardiola en passe de se faire éliminer en Champion’s League et qui pointe à la sixième place en championnat, se consolant en voyant les rivaux du Manchester United en bas de tableau.
Guère mieux pour la Juventus et le Milan A.C en Italie, respectivement sixième et huitième et pas sûrs du tout d’une qualification en phase finale de coupe d’Europe. Idem pour le Borussia Dortmund en Allemagne, déjà distancé par le Bayern et Leverkusen.
À l’inverse, quelques bonnes surprises avec les Anglais du Liverpool F.C (mais en est-ce vraiment une?), le retour de Nottingham Forest et les performances étonnantes des Italiens de l’Atalanta Bergame. Deux équipes qui pourraient bien remporter une coupe d’Europe. Une chose est sûre, la fameuse coupe « aux grandes oreilles » ne se donnera pas à ses vainqueurs habituels. Faut-il s’en plaindre ? Sauf qu’avec sa nouvelle formule façon Super Ligue (un projet qui avait été abandonné devant le tollé général), la coupe aux grandes oreilles a perdu beaucoup de ses charmes. Pareil pour la prochaine coupe du monde. Heureusement qu’il reste le championnat de France (rires).
30 décembre 2024